La fin de la Légion royale canadienne de Granby?
VÉTÉRANS. En quelques années, la filiale 56 de la Légion royale canadienne aurait accumulé plus de 53 000 $ de dettes. L’organisme sous tutelle n’a pas payé ses taxes depuis trois ans et s’apprête à mettre la clé sous la porte.
Une assemblée générale extraordinaire a été convoquée ce mercredi soir, le 19 août à 19h30. L’objectif de cette rencontre est d’informer les membres que la Légion royale canadienne va fermer les portes de l’établissement de la rue Court à Granby le 1er septembre.
Depuis mars dernier, c’est la direction provinciale de la Légion qui a pris le contrôle de la section granbyenne. Le président André Gauthier et son conseil ont été destitués et mis sous tutelle.
Ce sont le commandant de district Sylvain Hamel et le vice-commandant Robert Leblanc qui ont pris la tutelle. «On est déficitaire de 2 000 $ par mois, alors on n’a pas le choix. On ne s’endettera pas plus et on ne donnera pas un mauvais nom à la légion», a commenté M. Hamel.
Il confirme avoir reçu «le mandat de fermer la légion». «On a essayé d’organiser un souper au cochon braisé et un tournoi de golf, mais l’intérêt n’est plus là. C’est dommage parce que les vétérans vont perdre leur lieu de rassemblement», mentionne-t-il.
La section granbyenne aurait perdu 156 membres au cours des dernières années. Depuis trois ans, l’organisme n’a pas payé son compte de taxes municipales. Celui-ci s’élève à 6 279 $ par année. En ajoutant les intérêts et la facture aussi impayée des taxes scolaires, le pactole s’élèverait à environ 27 000 $.
Ce n’est toutefois que la pointe de l’iceberg des ennuis financiers de la section 56. Son immeuble en piteux état exige des travaux majeurs immédiats. Un rapport de la Régie du bâtiment du Québec réclame des correctifs à la cuisine, la toiture est à refaire et deux dégâts d’eau ont laissé des traces au sous-sol.
La perte de la salle du sous-sol engendré à son tour d’autres problèmes puisque les revenus de location n’étaient plus au rendez-vous.
Mauvaise gestion
D’après les deux administrateurs de la tutelle, ce gouffre financier serait attribuable à l’ex-président André Gauthier.
«Il ne parlait à personne, il s’occupait de toute la gestion au complet, mais en fait, il ne s’occupait de rien», tranche Sylvain Hamel.
Pour rembourser la Ville de Granby, la tutelle a convenu de verser 2 500 $ par mois, ce qui explique le déficit d’opération actuel. Les administrateurs souhaitent ensuite procéder à la vente du bâtiment de la rue Court pour rembourser le reste des sommes dues et trouver un nouveau local.
André Gauthier: «c’est de ma faute»
Rencontré la semaine dernière dans les locaux de la Légion royale canadienne à Granby, l’ex-président André Gauthier reconnaît son erreur. Il raconte que des administrateurs et lui-même considéraient que leur association n’avait pas à payer de taxes en tant qu’organisme à but non lucratif.
M. Gauthier affirme avoir entrepris les démarches pour être reconnu en tant qu’OSBL et d’obtenir une exemption de taxes.
«On avait fait une demande il y a trois ans. On attendait des réponses, mais on n’en a jamais eu» plaide-t-il. Entretemps, il a tout simplement arrêté de payer les taxes municipales.
L’ex-président affirme aussi avoir réclamé des rendez-vous avec le maire de Granby pour discuter de son dossier. Il dit n’avoir jamais obtenu de rencontre. Des déclarations que réfute le maire de Granby Pascal Bonin.
«Je rencontre tout le monde et pour être clair, je ne pense pas que Richard Goulet aurait refusé de rencontrer le président de la légion», a répliqué M. Bonin qui n’était pas encore en poste il y a trois ans.
Pascal Bonin va même plus loin, alors qu’il affirme que la Légion n’a jamais entamé de démarches de reconnaissance en tant qu’OSBL exempté de taxes.
André Gauthier, un ex-militaire basé en Ontario, s’est installé à Granby en 1984. Il se dit très attristé du sort qui attend l’association. «La bâtisse est un don de vétérans de la Première Guerre mondiale. Le 3 octobre, on aurait fêté nos 80 ans ici, on avait tout organisé. C’est une des plus vieilles au Canada», déplore-t-il.
Ses appels à l’aide aux deux bureaux de députés seraient aussi demeurés sans réponse. M. Gauthier aurait notamment eu de nombreuses frictions avec le bureau de l’ex-député fédéral Réjean Genest et son entourage.