Le jardinage en déclin?
JARDINAGE. La relève de bénévoles se fait peut-être plus discrète au sein d’organismes de jardinage comme le Comité d’embellissement de la Ville de Granby, mais l’intérêt des jeunes pour ce passe-temps n’a pas diminué pour autant. La pratique a simplement changé depuis les dernières années.
Présidente de la Société d’horticulture de Granby depuis maintenant 30 ans, Lise Deslauriers estime que ce n’est pas seulement les personnes âgées qui jardinent, mais que les jeunes aussi illustrent un intérêt pour ce loisir. En effet, elle remarque que de plus en plus de jardins communautaires prennent place sur le territoire.
«On n’avait pas ça avant, indique celle qui a enseigné au secondaire pendant une trentaine d’années. Ça marche comme je n’ai jamais vu. Si la relève peut sembler être en train de mourir, d’après moi, ce n’est pas le cas. Le jardinage prend maintenant une autre forme.»
Aujourd’hui, encore des gens préparent eux-mêmes leur jardin ou leurs fleurs, mais d’autres font aussi appel à des paysagistes, ce qui se voyait très peu il y a plusieurs années. Pour les personnes qui ont de petits terrains, la mode est maintenant l’agriculture urbaine.
«Même s’ils n’ont pas de grand terrain, les gens peuvent se faire quand même un petit jardin avec de grosses boîtes, fait remarquer Mme Deslauriers. Ce n’est pas accaparant et c’est intéressant.»
À Granby, l’intérêt pour le jardinage ne se fait pas discret. Au contraire. «Je n’en reviens pas; tout le monde vend des fleurs, commente la présidente de la Société d’horticulture. On en a plus que jamais. On en voit de plus en plus aujourd’hui.»
Si le jardinage ne semble pas avoir perdu de sa popularité, pourquoi la relève tarde-t-elle à s’impliquer dans les différents comités de bénévolat?
«Faire du bénévolat quand tu as besoin de trouver un emploi, c’est assez difficile, commente Lise Deslauriers. Ceux qui font du bénévolat sont des personnes qui sont financièrement à l’aise et qui ont un réseautage social. Ça dépend toujours de comment tu as fait ton cheminement dans la vie. Il faut avoir un minimum de bien-être pour pratiquer la vertu. »
La Société d’horticulture de Granby est consciente qu’elle n’a pas une tonne de jeunes au sein de son comité «parce qu’ils sont occupés à autre chose», mais elle compte sur une équipe dont la moyenne d’âge varie entre 40 à 70 ans. «On a une belle assistance, note Mme Deslauriers, qui indique trouver positives les écoles qui développent des projets en horticulture. Ça va très bien.»
Au-delà de la tendance
Le domaine de l’horticulture change énormément. Peu à peu, les fleurs sont remplacées par tout ce qui touche les fruits, les légumes ou le biologique par exemple. Parlez-en au directeur du Centre jardinage Granby, Charles Fortier, qui a vu le tournant se réaliser depuis déjà un certain temps.
«Je pense qu’il y a un avenir, mais un avenir qui est changeant, confie le principal intéressé. Il faut aller au-delà de la tendance. Il faut offrir des produits [nouveaux] aux gens et leur faire essayer pour que tranquillement, ils s’introduisent à ça. Il faut offrir de nouvelles choses qui vont avec la nouvelle génération.»
Les personnes qui passent au Centre jardinage Granby pour réaliser différents projets de jardinage ou de paysagement ne sont pas seulement des personnes âgées. En effet, il y a aussi des passionnés du domaine qui sont à l’aube de la vingtaine.
«On a des jeunes intéressés à plein de choses qui viennent nous poser des questions, affirme M. Fortier, qui apprécie aussi tous les projets d’horticulture qui se font dans les écoles. Il n’y a pas d’âge pour ça.»
Pour maintenir l’intérêt de la jeune clientèle, M. Fortier estime qu’il faut «être assidu et à l’écoute du marché» pour profiter des nouvelles opportunités qui s’offrent dans le milieu.