L’enquête sur l’accident mortel de la 139 rouverte
EXCLUSIF. Rebondissements dans l’enquête portant sur le décès de Jacques Corriveau. Le Bureau du coroner relance l’enquête sur la mort de l’homme survenue sur le boulevard David-Bouchard, le 26 décembre 2012. Une décision qui a été prise à la suite de questionnements soulevés par GranbyExpress.com après la publication d’un premier rapport succinct.
Jacques Corriveau, 63 ans, de Saint-Léonard-d’Aston, a perdu la vie le 26 décembre 2012 après qu’il eut été frappé par une voiture qui venait en sens inverse. La conductrice, une Granbyenne d’une soixantaine d’années qui a subi de graves blessures, aurait voulu éviter un bloc de glace qui s’est détaché d’un poids lourd, mais le morceau de glace a violemment fracassé son pare-brise et a perdu le contrôle de son bolide.
Témoin de l’accident, un Dunhamien a pris en chasse le poids lourd, action qui a permis aux policiers de localiser le camionneur de l’Ontario. Au terme de l’enquête policière menée par le Service de police de Granby, le procureur n’a pas autorisé le dépôt d’accusations criminelles contre le camionneur de 47 ans. Un constat d’infraction en vertu de l’article 327 du Code de la sécurité routière qui stipule que «toute vitesse ou action susceptible de mettre en péril la vie ou la sécurité des personnes ou la propriété est prohibée» a été émis. Le chauffeur a reçu une amende de 1 264 $ assortie de quatre points d’inaptitude. À cette époque, la veuve de la victime, Danielle Rouillard, jugeait la pénalité insuffisante.
Conclusions du coroner
Le 13 novembre dernier, GranbyExpress.com a obtenu une copie du rapport d’investigation de la coroner Krystyna Pecko, signé le 18 octobre 2014. Dans le document qui tient sur une seule page, Dre Pecko ne fait aucunement mention de l’élément déclencheur de l’accident: le bloc de glace. Elle stipule que Jacques Corriveau «a été heurté par une autre voiture qui a perdu le contrôle et a traversé dans la voie inverse, sur la route 139 à Granby». Dre Pecko conclut que M. Corriveau a vécu une mort violente causée «par un polytraumatisme suite à une collision auto-auto».
GranbyExpress.com a effectué des démarches en vertu de la Loi sur l’accès à l’information auprès du Service de police de la Ville de Granby et du Bureau du coroner. Questionné sur l’absence des éléments entourant le bloc de glace dans le rapport initial, Me Louis Breault, responsable de l’accès à l’information au Bureau du coroner et adjoint de la coroner en chef, a indiqué, de prime abord, «que le rôle du coroner n’est pas de trouver un coupable».
Effectivement. Selon la mission du Bureau du coroner, son rôle consiste notamment à prévenir les décès. Dans ce cas-ci, une recommandation en lien avec le déglaçage des remorques pourrait s’adresser aux différentes associations de camionnage, ce que n’a pas réfuté le Bureau du coroner. «On va effectuer des vérifications auprès de la coroner pour un amendement et éventuellement émettre une recommandation. Je vais examiner la question [du bloc de glace] et la soumettre à la coroner en chef [pour rouvrir le dossier]», a indiqué Me Breault, le 26 novembre dernier.
Questions soulevées
GranbyExpress.com a obtenu confirmation, le 21 janvier, que l’enquête a été rouverte. «Après avoir analysé le dossier, il a été convenu que des amendements seront apportés au rapport», assure Geneviève Guilbault, responsable des communications et des relations avec les médias au Bureau du coroner. L’amendement sera fait par la même coroner, soit Dre Krystyna Pecko, qui est coroner à temps partiel depuis janvier 2012.
«Après avoir analysé le dossier, il a été convenu que des amendements seront apportés au rapport», souligne Geneviève Guilbault, responsable des communications et des relations avec les médias au Bureau du coroner
«La durée [du processus] est difficile à estimer pour le moment, mais ça ne devrait pas être très long», poursuit Mme Guilbault.
À la base, n’est-ce pas le devoir du coroner de faire la lumière sur les circonstances des décès afin de préserver la vie humaine? «En effet, le mandat du coroner est, entre autres, de rechercher les causes et circonstances d’un décès. Il arrive que les circonstances soient évoquées de manière plus succincte, le mandat étant stipulé d’une manière telle que son interprétation peut varier d’un coroner à l’autre. Néanmoins, les faits soulevés [par GranbyExpress.com] étaient suffisamment pertinents pour que la coroner juge opportun de modifier son rapport», conclut Geneviève Guilbault. La procédure d’amendement d’un rapport du coroner est en vigueur depuis mai 2014. Depuis, environ 40 amendements ont été produits.
GranbyExpress.com n’a pas été en mesure de s’entretenir avec la veuve de Jacques Corriveau, Danielle Rouillard, pour obtenir ses réactions.