Les bienfaits de Pokemon Go sur Francis

JEU VIDÉO. Francis, 9 ans, vit avec l’autisme. Le jeune garçon passionné de jeux vidéo attendait avec impatience la sortie de Pokemon Go. Depuis son arrivée au Québec, l’enfant y joue et sa maman note à quel point le jeu est bénéfique pour lui.

«Je sais que beaucoup de gens parlent contre les jeux vidéo et de Pokemon Go, mais c’est fou tout ce que ça apporte à Francis» affirme sa maman, Marie-Andrée Bricault.

Le jeune garçon de 9 ans a une sœur de 4 ans, Jade, et un grand frère de 11 ans, Gabriel. Francis va à l’école La Moisson d’Or à Saint-Alphonse-de-Granby. Il est dans la classe d’éducation spécialisée individualisée.

Le jeune garçon joue à des jeux vidéo depuis longtemps, relate sa maman. «Il aime beaucoup les jeux vidéo. Il sait tout des jeux. C’est une encyclopédie sur deux pattes. Il savait depuis longtemps que Pokemon Go allait sortir et il l’attendait avec impatience».

Lorsque le jour X est arrivé, Francis est allé chercher le téléphone à sa mère. «Je l’ai vu du coin de l’œil et il s’apprêtait à partir. Je lui ai dit que s’il ne me demandait pas la permission, il n’allait jamais pouvoir jouer».

Pour Marie-Andrée Bricault, il était hors de question que son fils s’isole avec ce jeu. Cette dernière s’efforce de lui faire développer des habiletés sociales. «Je veux qu’il vive dans un monde, le même monde que tout le monde», dit-elle.
 
Le jeu à virtualité augmentée est donc devenu une sortie familiale. «Une fois, on est allé marcher en famille. Francis a joué pendant une vingtaine de minutes à Pokemon Go, il s’est tanné par lui-même et il m’a demandé s’il pouvait jouer avec sa sœur. Ce n’était jamais arrivé et ils ont joué longtemps».

Depuis qu’il joue, Francis a capturé une cinquantaine de Pokemon, ce qui fait de lui un joueur aguerri. «On savait déjà qu’il allait être bon. Il avait regardé des tutoriels sur YouTube et il jouait déjà à des jeux de Pokemon», explique Marie-Andrée Bricault.

La maman indique que lire et compter sont des actions que Francis «sait faire», mais il s’y attarde seulement lorsque le sujet l’intéresse. Le jeu virtuel est donc devenu un outil pour Marie-Andrée lorsqu’elle veut le faire pratiquer à lire et à compter.  

Cela dit, elle ne croit pas pouvoir compter ad vitam aeternam sur le jeu. «Il fonctionne en ce moment et c’est merveilleux, mais un moment donné, il va falloir le changer».
 
Elle ne pense pas non plus que le jeu aura les mêmes effets sur tous les enfants autistes. «Ça aide le mien, on a trouvé une façon de le garder grounder. Mais, les autistes sont tous différents».

L’avis d’une spécialiste
Professeure au département de psychologie à l’UQAM et spécialiste du trouble du spectre de l’autisme, Nathalie Poirier ne s’étonne pas qu’un jeu comme Pokemon Go ait des bienfaits sur un jeune autiste. «Je n’avais aucun doute de ce que le jeu allait apporter aux personnes autistiques. C’était la mode il y a 15 ans et à cette époque, j’ai eu des clients pour qui ça fonctionnait très bien», avance-t-elle.
 
La professeure assure que comme le jeu dénombre de nombreux Pokemon, il stimule la mémoire des personnes autistiques. Elle va jusqu’à rappeler un segment du thème de l’émission qui a été très populaire il y a une quinzaine d’années. «Dans le refrain, ça disait collectionner les tous. C’est là que ça devenait intéressant pour eux parce qu’il avait à tous les connaitre et ils aiment être stimulés sur le plan de la mémoire», indique Mme Poirier qui se dit prête à conseiller le jeu à ses clients.
 
Elle note que le fait qu’il s’agisse d’un jeu à la mode, cela devient plus facile pour l’enfant autiste de socialiser. «Ils partagent le même champ d’intérêt que plusieurs autres enfants. Ça lui fait donc un bon sujet pour parler avec un autre camarade», relate la professeure.

Elle met toutefois en garde de ne pas abuser du jeu. «Comme toute bonne chose, il faut modérer son utilisation. Je suggère aussi que l’enfant soit toujours accompagné».