Les temps d’attente s’allongent pour les familles touchées à Granby
SANTÉ. La liste où s’entassent les noms des petits patients en attente d’un diagnostic de trouble du spectre de l’autisme (TSA) s’allonge à la clinique d’évaluation du Centre hospitalier de Granby. Si l’attente officielle se chiffre désormais à 19 mois, le processus à franchir avant d’y être inscrit, lui, porte le délai total à environ trois ans, nous disent des familles.
À l’heure actuelle, 142 enfants âgés de cinq ans et moins ainsi que 87 âgés de six à dix-huit ans sont en attente. Ils ont déjà franchi la première évaluation d’un professionnel de la santé et détiennent une «hypothèse TSA» qui doit maintenant être confirmée ou infirmée.
Si une équipe composée de plusieurs professionnels s’affaire à l’évaluation au sein de la clinique, seul un psychologue spécialement formé peut officiellement émettre une «conclusion clinique» pour les enfants de zéro à cinq ans. Le hic? La seule psychologue en poste a quitté pour un congé de maternité à la fin mars et n’a toujours pas été remplacée.
À la recherche d’un psychologue
Ce départ temporaire a poussé le Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux (CIUSSS) de l’Estrie à mettre en branle une vaste campagne de recrutement dès octobre 2016 pour combler ce poste unique.
Or, celle-ci n’a toujours pas porté fruit, en dépit d’un affichage interne, d’un autre à l’externe encore en vigueur et de contacts faits auprès d’une vingtaine de cliniques privées visant à dénicher un contractuel. Le CIUSSS, qui cherchait d’abord un psychologue détenant la formation précise, offre désormais de la lui offrir.
La directrice adjointe des programmes jeunesse, Johanne Fleurant, se dit préoccupée par la question, d’autant plus que la liste est appelée à s’étirer davantage à court terme: «Ça fait au moins sept ou huit ans que la clinique existe et c’est la première fois qu’on se retrouve dans une situation comme celle-là».
En attendant une embauche
Des «mesures compensatoires» ont été déployées pour tenter d’alléger l’engorgement à Granby, où sont diagnostiqués les patients de la Haute-Yamaska et de Brome-Missisquoi. L’équipe composée de trois pédopsychiatres a été appelée à la rescousse pour prendre en charge les cas urgents de tous âges ainsi que les enfants de six ans et plus.
Les jeunes anglophones du CLSC La Pommeraie sont quant à eux référés au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS). «Nos actions ont vraiment été de trouver une façon temporaire pour que les cas urgents soient évalués pendant qu’on continue nos recherches pour trouver un psychologue», explique Mme Fleurant.
Le délai entre «l’hypothèse TSA» et l’obtention d’une réelle «conclusion clinique» était déjà supérieur aux cibles ministérielles avant le départ en maternité de ladite psychologue alors qu’il se situait, selon Mme Fleurant, entre 12 à 15 mois. Québec vise que les dossiers en attente soient évalués à l’intérieur d’une période de trois à six mois.
Les familles ne sont pas abandonnées, dit le CIUSSS
Si les familles devront s’armer de patience, la qualité des services, elle, n’est pas compromise, fait valoir le CIUSSS. Johanne Fleurant défend que les familles ont accès à des services spécialisés même si elles figurent sur la liste d’attente.
«Le taux de confirmation varie dans le temps, mais tournait autour, dans les dernières années, de 80 à 85%. On a donc tout intérêt à ne pas attendre qu’une conclusion clinique ou un diagnostic soit émis», explique-t-elle. Ceux-ci sont redirigés vers le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Montérégie-Ouest en fonction de leurs besoins.
Le CIUSSS confirme par ailleurs que le processus de diagnostic est actuellement examiné afin qu’une telle situation ne se reproduise plus. On espère même en arriver, à moyen et long terme, à faire passer l’attente sous la barre des douze mois.