L’homicide perpétré à Granby: un drame évitable

FAITS DIVERS. Des organismes œuvrant en santé mentale déplorent le meurtre de Caroline Choinière, 45 ans, survenue dans la nuit de dimanche à lundi. Le drame aurait pu être évité, soutiennent des intervenants.

Des médias ont rapporté que le suspect du meurtre commis dans un logement de l’avenue du Parc à Granby souffrait de troubles mentaux. Il aurait été récemment hospitalisé pour une psychose. Alex Lacasse-Deaudelin, un homme de 26 ans, a comparu lundi après-midi. Une accusation de meurtre au second degré pèse contre lui.

La directrice générale d’OASIS santé mentale pour Granby et région, Mélanie Tremblay, avance que l’ensemble des drames qui implique une personne atteinte de santé mentale peut être évité.

«Ce drame met en évidence comment les gens autour se sentent impuissants et qu’ils ont peu de recours», indique-t-elle.  

La loi P-38, mesure d’exception adoptée en 1997, est un recours pour les proches de personnes vivant des problèmes de santé mentale. Elle contrevient à la Charte des droits et libertés de la personne.

La loi P-38 s’applique lorsque la personne, dont l’état mental, présente un danger grave et imminent pour elle-même ou pour autrui.

On peut y avoir recours pour une garde préventive, provisoire ou appliquée. Dans le premier cas, ce sont souvent les policiers qui conduisent l’individu à l’hôpital. La garde préventive ne demande pas d’autorisation d’un juge ni d’examen psychiatrique. C’est la notion de danger grave et immédiat qui est évaluée. L’individu est sous une garde pour un maximum de 72 heures.

La loi P-38 comporte des limites, selon la directrice d’OASIS santé mentale. «Un individu qui a des problèmes de santé mentale peut juger qu’il n’est pas malade. Au bout du compte, il peut choisir s’il reçoit sa médication ou non et c’est là qu’on voit les limites de nos lois et que nos médecins sont limités», explique Mélanie Tremblay.

Elle croit que des changements devraient être apportés à la loi afin de la rendre plus facilitante pour les proches.

OASIS santé mentale accompagne l’entourage d’une personne souffrant de troubles mentaux. Pour des raisons de confidentialité, la directrice ne peut confirmer si son organisme est intervenu auprès de l’entourage du suspect. 

La faute sur le système de santé

À l’inverse, le Collectif de défense des droits de la Montérégie qui déplore le drame ne pense pas que de modifier la loi P-38 est une solution.

Selon le regroupement, changer les lois serait un recul des droits fondamentaux de la société.  

Il suggère qu’il faudrait soutenir davantage les personnes en détresse physique plutôt que de vouloir les contrôler. «Il faut plus de services, plus d’alternatives et plus de services spécialisés pour des personnes qui vivent ce genre de problématique. Ils n’ont pas assez accès à des professionnels de façon rapide», affirme la conseillère de Granby du collectif, Nancy Melanson.

La faute revient au système de santé, avance le regroupement. «Le problème est qu’il n’y a pas assez de services en amont. Le drame survient quand une personne est en détresse. Le système a tout en main pour réagir quand une personne est en crise, mais n’a pas tout en main pour réagir en amont», précise Mme Melanson.

Le collectif rapporte que plus de crimes sont commis par des personnes n’ayant pas de problèmes de santé mentale.

Écho dans Brome-Missisquoi   

Camille Béland, de l’organisme Le Phare qui vient en aide aux personnes vivant ou ayant vécu des problématiques de santé mentale ou une détresse émotionnelle dans Brome-Missisquoi, juge déplorable la situation. «Cela démontre qu’il y a des gens qui souffrent. Il serait important de revoir ce qui est offert dans la région pour obtenir de l’aide. Il y a des services pour ces gens», glisse-t-elle.