La Meute veut s’organiser à Granby

MILITANTISME. Déjà présente à Bedford où un chef veille à ses activités locales, La Meute, ce groupe identitaire qui a, en deux ans d’existence, déjà fait couler beaucoup d’encre en province, cherche désormais à se structurer à Granby.

Le regroupement aujourd’hui composé de quelque 45 000 Québécois «s’inquiétant de la montée de l’islam radical» fait l’objet d’un intérêt encore timide chez nous. Cela pourrait néanmoins changer. Le territoire comprenant les municipalités de Bedford, Cowansville et Granby, qui constitue, aux yeux de l’organisation, le «secteur 6» de la Montérégie, se développe actuellement. C’est ce que confirme au GranbyExpress le chef du clan de la région, Ricky Caya.

Ricky Caya a accepté la demande d’entrevue du GranbyExpress, désirant expliquer en quoi consiste réellement ce «groupe de pression politique».

L’homme de 45 ans de Saint-Jean-sur-Richelieu, qui tient les rênes de la ramification régionale depuis avril dernier, explique qu’au moins une trentaine de personnes militent déjà pour le groupe, calqué sur un modèle de hiérarchie militaire. «Ce sont des membres qui ont pris la peine de se déplacer et que j’ai eu la chance de rencontrer, mais j’en ai peut-être beaucoup plus dans ma base de données. Il faut toutefois comprendre qu’il y a une différence entre les sympathisants et les militants», précise-t-il.

Tandis qu’à Bedford, des activités et réunions sont déjà organisées sur une base mensuelle (certains rendez-vous sont publics, d’autres sont réservés aux membres), un chef est toujours recherché à Granby. Ce titre ne sera néanmoins pas décerné au premier venu, précise M. Caya: «Lorsque les médias ont commencé à nous dépeindre comme un groupe d’extrême droite, ça a eu comme effet néfaste d’attirer des gens qui croyaient en ce genre d’idéologie. Il faut bien choisir les gens à qui on donne la parole et des postes de direction».

Préjugés et étiquettes 

Si La Meute est si prudente et procède à certaines vérifications avant même d’accepter ses nouveaux membres sur sa page Facebook La Meute Secrète, c’est qu’elle souhaite se dissocier de certaines frasques et débordements qui ont attiré l’attention au national. D’ailleurs, les commentaires à caractère haineux n’y sont pas tolérés et plusieurs modérateurs veillent au grain.

Racisme, islamophobie ou extrémisme: voilà quelques-unes des étiquettes accolées à La Meute que M. Caya souhaite faire tomber. Celui-ci qui défend faire partie d’un «groupe de pression politique» explique vouloir faire éclater au grand jour ce en quoi il consiste réellement et les valeurs qu’il souhaite véhiculer. «Ce n’est vraiment pas une question de pays d’origine ou de couleur de peau. C’est une question de ce que t’essaies d’implanter dans notre société et de ton idéologie religieuse. On prône la laïcité, la liberté d’expression, l’égalité homme-femme, toutes des choses qui vont à l’encontre des idéologies islamistes radicales», énumère le chef de clan.

Le mouvement n’est pas contre l’immigration, dit-il: «On est pour une immigration contrôlée, à l’intérieur des barèmes des lois existantes et pour une immigration qui permet aux immigrants de s’intégrer dans nos communautés».

«On n’est pas méchants» 

S’il avoue qu’il a fallu «éduquer», voire exclure certains membres qui tendaient vers des prises de positions plus radicales ou à faire des amalgames fallacieux, il défend que La Meute est constituée de citoyens ordinaires. Des gens aux «bonnes valeurs judéo-chrétiennes», image-t-il. Rien à voir avec le loup au regard menaçant qui accueille les internautes sur la page d’accueil du www.lameute-officiel.org.

«On est là, dans le fond, pour créer un débat social. On n’est pas des gens violents, on n’est pas des extrémistes, on est vraiment pas des gens racistes ni méchants, mais on veut que nos politiciens écoutent le peuple et protègent notre culture et notre patrimoine», explique le militant, membre depuis mars 2016. Celui qui a été parmi les premiers à s’impliquer explique que le groupe surveille de près ce qui se trame sur la scène politique; il s’est, entre autres, fermement opposé au projet de loi sur la neutralité religieuse, adopté par le gouvernement Couillard en octobre dernier.

Selon M. Caya, les sympathisants sont seulement inquiets en raison de la «corruption, de ce qui se passe dans les gouvernements, de l’immigration massive non contrôlée et des frontières non protégées». La série d’attentats terroristes des dernières années a également, à son avis, généré beaucoup de craintes. Il ajoute que les médias se sont forgé une opinion négative à partir des arguments fournis par l’extrême gauche, mais admet qu’un manque d’expérience et de connaissances a mené à certaines maladresses lors premiers balbutiements de La Meute.

La page Facebook Clan 16 de La Meute (Montérégie) réunit 653 personnes. Un formulaire doit d’ailleurs être rempli pour s’y joindre.