«On espère que le climat va s’améliorer»_Pascal Bonin
CONSTRUCTION. Le maire de Granby, Pascal Bonin, a récemment été mis au courant que l’entrepreneur général Groupe TEQ n’aurait pas payé, depuis quelques semaines, certains de ses sous-traitants qui travaillent sur le chantier du nouveau Centre aquatique. Comprenant le désarroi de certaines des compagnies, le principal intéressé affirme toutefois que «ça ne change rien contractuellement» pour la Ville.
Récemment paru dans La Voix de l’Est, un article indiquait que plusieurs sous-traitants du chantier de construction du Centre aquatique de Granby réclamaient plusieurs centaines de milliers de dollars, et ce, depuis bon nombre de semaines.
Questionné sur la problématique par le Granby Express, le maire Pascal Bonin s’est dit surpris que la situation soit sortie dans les médias. «Habituellement, ces compagnies-là ne se parlent pas par les médias, a indiqué celui qui a travaillé dans le domaine du génie pendant plus d’une dizaine d’années. On voit ça très rarement. Là, c’est un chantier, mais la terre va continuer de tourner. Il va avoir d’autres travaux d’envergure dans la municipalité et partout ailleurs au Québec. Donc, les gens qui s’envoient des missives comme ça par les médias, je ne suis pas nécessairement convaincu que le prochain coup, ils vont avoir le goût de travailler [ensemble]. J’ai de la misère à comprendre le positif de ça plutôt que d’avoir demandé une réunion pour se parler.»
Parce que la Ville de Granby a seulement un lien avec l’entrepreneur général du chantier, c’est donc à lui de régler les différends avec les sous-traitants, commente Pascal Bonin.
«Ça va être à lui de gérer ça, a expliqué le premier magistrat. On va les laisser se parler entre eux. Ce qui se dit, comment ça se passe, ça, je ne le sais pas. On n’est pas dans ces discussions-là. C’est sûr que c’est très étonnant. Habituellement, les gens se parlent; je ne sais pas trop ce qui s’est passé, très honnêtement. Nous, ça ne change rien contractuellement. On est lié à l’entrepreneur général et c’est à lui d’effectuer le contrat selon le devis, les règles en cours. S’il y a des retenues, il y a peut-être de bonnes raisons. Il faut qu’ils se parlent entre eux.»
Du retard dans le chantier
Si le Centre aquatique devait se terminer en fin d’année et que la partie mise en service devait se faire pendant l’hiver 2020, semble-t-il que la nouvelle infrastructure sera en fonction seulement au printemps prochain.
Pour le maire Pascal Bonin, le retard n’a aucun lien avec le dossier des sous-traitants qui n’ont pas été payés au cours des dernières semaines. C’est plutôt certains imprévus et la gestion des différents corps de métiers qui explique, entre autres, la situation.
«Les retards n’ont pas rapport aux sous-traitants, mais beaucoup plus à la grosseur du chantier et à ce qu’on est en train de faire, a-t-il souligné. La céramique qui est posée vient d’Allemagne. Ça prend trois mois pour l’avoir par bateau. On n’a pas été dans les matériaux les plus cheaps, loin de là. C’est d’excellents matériaux [qui proviennent] d’un peu partout sur la planète.»
Est-ce que des pénalités pourraient être données à l’entrepreneur général dans le dossier du Centre aquatique de Granby? «Pour l’instant, on n’en est pas là, a confirmé Pascal Bonin. On est en coopération. On espère que ça va se régler entre les sous-traitants et l’entrepreneur général. On espère que le climat va s’améliorer parce que ça reflète un climat qui n’est pas très agréable. C’est bien évident. Pour moi, c’est pas mal buisness as usual.»
En raison du retard sur le chantier, la Ville de Granby avait déjà prévu prolonger les activités à la Piscine Miner, le temps que tout se mette en place au nouveau Centre aquatique.
L’entrepreneur général ne peut commenter
Rejoint par téléphone, le directeur de construction pour le Groupe TEQ, Damian Haber, n’a pu commenter la situation dénoncée par certains sous-traitants.
«Le contrat de la Ville avec les sous-traitants comprend une clause [dans laquelle] on n’a pas le droit de parler aux médias, incluant notre contrat, a-t-il indiqué. Officiellement, je ne peux rien dire parce qu’on pourrait se faire poursuivre. C’est malheureux, mais disons que ce que j’ai lu (dans La Voix de l’Est), ce n’est pas tout à fait exact. J’ai relancé notre département légal ici et notre département de communications pour voir si on pouvait préparer une réponse, mais je n’ai pas encore eu l’autorisation. Donc, je ne peux pas en dire plus malheureusement.»
De son côté, la Commission de la construction du Québec (CCQ) a commenté, mais de manière plus générale sans cibler précisément. Elle a indiqué que lorsque des travailleurs ne sont pas payés, elle a pour objectif d’aller chercher les sommes dues.
«À la Commission de la construction, ce dont on est en charge, c’est les obligations quant aux salaires qui sont dus aux travailleurs sur le chantier, a noté Mélanie Malenfant, chef des relations publiques à la CCQ. On est là pour appliquer les conventions collectives. Donc, c’est dans ce domaine qu’on a un pouvoir d’intervention.»
Il arrive même que la CCQ doive traiter des plaintes dans le cadre de vérifications. «C’est des choses qui peuvent venir nourrir nos vérifications, a-t-elle commenté. C’est des informations qui, parfois, peuvent venir à nos oreilles et peuvent venir éveiller certains types de vérification pour des sommes qui n’auraient pas été versées. Le travail qu’on doit faire, c’est de s’assurer que les travailleurs sur le chantier soient payés. C’est ça le domaine d’intervention dans lequel on peut aller.»