Prévention du suicide: le point-virgule «pour se rappeler»
SOLIDARITÉ. Le suicide touche tout le monde. Chaque personne a déjà vécu de près ou de loin cette triste réalité. Si certains ont mis un point définitif à leur vie, d’autres ont pris une pause pour mieux avancer. Parce qu’il était sensible à la cause, le studio Tattoo Voodoo de Granby a décidé de réserver sa journée de vendredi au Centre de prévention suicide Haute-Yamaska.
Durant toute la journée, les artistes du studio ont réalisé uniquement des tatouages de point-virgule, et ce, au profit de la cause du suicide. Ainsi, pour chaque signe de ponctuation réalisé, 50 % des revenus avant taxe seront versés au Centre de prévention suicide de la Haute-Yamaska. Même chose pour les perçages de lobes d’oreille.
«On avait déjà fait anciennement [quelque chose] pour la sclérose en plaques, mais la prévention du suicide, je trouve que ça nous touche plus personnellement», a confié la propriétaire du Tattoo Voodoo, Patricia Massé, dont un ami s’est récemment enlevé la vie.
Il s’agissait là d’une première collaboration entre le studio de tatouage et l’organisme en prévention du suicide.
«On m’a approchée à l’automne et on m’a demandé si je voulais embarquer, a expliqué Esther Laframboise, directrice du Centre de prévention suicide Haute-Yamaska. J’ai dit oui, c’est sûr. On fonctionne souvent comme ça. Il y a beaucoup d’initiatives citoyennes. On nous appelle et on regarde comment on peut collaborer.»
Les sommes remises à l’organisme lui permettront de réinvestir dans son offre de services comme pour la formation, la rémunération des intervenants ou bien le service à la ligne, disponible en tout temps.
«Il faut en parler, c’est important»
Pendant qu’il se faisait tatouer un point-virgule, Carl a accepté de partager son histoire, mais aussi de rappeler l’importance de ce symbole pour lui.
«Ma blonde a déjà fait une tentative, a-t-il confié avec émotions. Je l’ai supportée là-dedans. On a fait beaucoup de chemin elle et moi. Ça fait neuf ans qu’on est ensemble. Ça m’a beaucoup touché tous les sentiments qu’elle a ressentis […] C’est une affaire qui me tient beaucoup à cœur.»
«Il y a beaucoup de [gens] qui se suicident, a-t-il fait remarquer. C’est encore un sujet un peu délicat. Il faut en parler, c’est important. Quand on sait qu’il y a un proche qui a des pensées suicidaires, il ne faut pas prendre ça à la légère. Il faut que tu écoutes la personne. C’est important.»
Artiste tatoueuse chez Tattoo Voodoo depuis quelques mois, Léonie a aussi pris un moment pour parler de la journée dédiée à la prévention du suicide alors qu’elle terminait le point-virgule d’un client.
«Sérieusement, c’est extraordinaire parce que depuis que je tatoue, j’ai tellement fait de points-virgules sans que ce soit nécessairement durant la journée de la cause, a-t-elle souligné. Je trouve tellement que tout le monde est impliqué dans cette cause-là parce que soit les gens connaissent quelqu’un qui l’a déjà fait ou qu’eux-mêmes ont déjà fait une tentative. On trouvait que c’était la cause qui touchait le plus de gens.»
«Ça nous marque, ça fait partie de notre vie»
Le point-virgule illustre une épreuve qui a été surmontée dans laquelle «on n’a pas mis de point à notre vie, mais qu’on a décidé de continuer».
«Un tatouage pour une cause, ça vient aussi jouer avec des émotions, a noté Mme Laframboise. Derrière chaque tatouage, il y a une histoire. Ce n’est pas juste d’amasser des sous, mais c’est pour se rappeler. »
L’activité de tatouage au profit du Centre de la prévention du suicide Haute-Yamaska avait une quarantaine de personnes sur sa liste, mais on souhaitait qu’«il y ait le plus de personnes qui puissent venir aussi».
Si le bilan est positif, la collaboration entre les deux parties pourrait bien se répéter. Et ce genre d’initiative plaît bien à la directrice du Centre de prévention du suicide Haute-Yamaska parce c’est une autre façon de parler de cette réalité.
«Chaque suicide touche vraiment beaucoup de gens, a affirmé Mme Laframboise. C’est important de parler de ça parce que quand on reste tout seul avec cette douleur-là, ça peut avoir un effet de contamination. Ça nous marque, ça fait partie de notre vie.»