Projet Val 8: discorde familiale chez les Désourdy

S’il convient que les réunions de famille ne sont pas «un parc d’amusement», le président de Ski Bromont et promoteur du Val 8, Charles Désourdy persiste et signe: le projet répond aux besoins des Bromontois, citoyens qui seraient mal renseignés, selon lui.

«La grosse problématique, c’est que les gens sont mal informés», lance d’emblée Charles Désourdy, en entrevue avec GranbyExpress.com, jeudi matin, faisant référence, entre autres, à la tenue en octobre dernier, d’une assemblée publique.

«Tout le projet a été présenté. Les biologistes, les ingénieurs, toutes les questions d’environnement, écoulement des eaux, tout a été couvert, indique-t-il. Tout allait bien. Le projet a été approuvé au début du mois de mars par le conseil et vers la mi-mars, les opposants se sont levés pour faire signer une pétition en disant de barrer le projet pour faire un parc», ajoute le PDG de l’entreprise. Ce dernier s’est rendu compte que les Bromontois ne sont pas au courant que les terrains visés dans le développement sont privés. «Ça fait neuf ans que la marche est interdite, ça fait un an que le vélo et le cross-country sont interdits dans cette zone. Souvent, ceux qui se plaignent, c’est qu’ils ont illégalement continué d’aller là et veulent conserver ce droit acquis là.»

Au dire de Charles Désourdy, une donnée primordiale est absente de la pétition, celle de proposer de faire l’acquisition du terrain à la juste valeur marchande. «Les signataires doivent aussi demander à Québec de compenser la Ville de Bromont, les pertes financières liées aux taxes, en créant un parc provincial.»

Avec ce libellé additionnel, il croit que des citoyens auraient apposé leur signature sur la pétition. «Il y a des gens prêts à payer pour arrêter le développement, mais quand on regarde la proposition de Ski Bromont faite à la Ville, la majorité des citoyens voudrait la signer», assure-t-il.

Dans la dernière proposition faite aux élus, Ski Bromont propose la construction de 38 résidences, tandis que 50% du territoire de 11 millions de pieds carrés deviendrait des parcs, des sentiers, une zone de conservation ou encore une servitude de conservation. «À ça, il y a un engagement de limiter le déboisement à 10%. Si on faisait une pétition avec cette proposition qui amène des revenus additionnels de 300 000 ou 400 000$ à la Ville, la grande majorité des citoyens signerait, dit M. Désourdy. C’est un terrain privé dont 50% va devenir public avec 15 kilomètres de sentiers», ajoute-t-il.

En campagne électorale?

Impossible de le cacher, le mouvement de contestation et la pétition sont portés par Gérald et Robert Désourdy, les deux frères de Charles. À l’extérieur du pays au cours des dernières semaines, ce dernier a réagi publiquement jeudi. «Ça sent la campagne électorale. C’est rien que ça que je peux voir. Mon frère Robert est actionnaire, il a tous les documents et est au courant de ça depuis deux ou trois ans. Il a marché, il a vu, il a fait plein de suggestions. Tout était réglé et à midi moins une, il a décidé de partir une pétition contre le projet. C’est juste ça que je peux voir, dit-il. Mettons que ce n’est pas un parc d’amusement. Avec mes trois grandes sœurs, on ne veut pas commenter sur ça.»

C’est toutefois une opinion rejetée du revers de la main par Robert Désourdy. «C’est un non formel. Vous allez me voir comme bénévole à travailler pour que l’on ait un parc en haute montagne», répond l’homme lorsqu’on le questionne sur sa possible présence à la prochaine campagne électorale municipale.

Au moment d’écrire ces lignes, environ 2000 personnes avaient signé la pétition. «C’est la pointe de l’iceberg», note Robert Désourdy. De ce nombre, la moitié des signataires proviennent de Bromont. «Les signatures de l’extérieur veulent dire que Bromont rayonne beaucoup plus que sa propre population. Le rayonnement régional est très fort», ajoute Robert Désourdy. Il est encore trop tôt pour savoir à quel moment et de quelle manière cette nouvelle pétition sera présentée au conseil municipal.

La suite du projet

Au fil des ans, le projet qualifié d’«extraordinaire» par Charles Désourdy, a évolué, notamment avec l’adoption du Plan d’implantation et d’intégration architecturale (PIIA) en montagne adopté par Bromont. «La partie la plus sensible auprès des élus, c’est la protection du paysage. Ils ont été très sévères avec les maisons qui sont vues de la rue Gaspé et du boulevard Bromont. Ils ont même refusé quelques maisons, de là est venue l’altitude d’environs 400 mètres, indique M. Désourdy. Il y a deux lots conditionnels. On sait qu’on ne les verra pas, mais ce n’est pas évident à prouver par arpentage. On va essayer de simuler la hauteur des toitures avec des rubans pour voir si on les voit de la rue Gaspé et du boulevard de Bromont.»

Un lot a aussi été refusé en raison de la présence d’une très grande pente. «On va tenter, avec des architectes, pour voir si c’est possible d’avoir une demeure sans impact. On est prêt à trouver une solution, mais il n’y a pas d’urgence.»

Charles Désourdy compte aussi revenir avec une nouvelle proposition pour deux lots acceptés par le Comité consultatif de l’urbanisme (CCU), mais refusés par les élus.

Ce dernier avoue être en accord avec l’idée de protéger des sommets, incluse dans le plan du développement durable. «En tant que représentant de Ski Bromont, j’ai toujours adhéré à ça à 100%, j’ai toujours voulu protéger les sommets de construction.»

Les premiers travaux de déboisement devraient débuter à l’automne prochain, mais la majorité des travaux devraient avoir lieu en janvier et en février 2014. Le lotissement final ne sera pas fait avant les mois de mai et juin prochains.