Québec appelé à la prudence

PROVINCIAL. Des organisations du territoire ont appelé le gouvernement à la prudence dans l’élaboration de sa loi cadre, lors du passage à Granby, aujourd’hui, de la Consultation sur l’encadrement du cannabis.

Par Roxanne Langlois

Alors qu’une quinzaine d’organisations ont au total été entendues à l’Hôtel le Castel, la criminologue œuvrant au Centre L’Envolée de Shefford, Éliane Trottier-Dupuis, a été la toute première personne à se lancer. Pour elle, il est impératif que des campagnes majeures de prévention et de sensibilisation accompagnent la légalisation, prévue par le fédéral au plus tard le premier juillet prochain.

De plus, celle-ci a plaidé en faveur d’un accès limité à la substance. Le gouvernement, selon elle, devra aussi s’assurer que les points de vente soient méthodiquement choisis: «Ils devront être situés loin des écoles, des centres de traitement, des lieux fréquentés par les mineurs et des populations à risque». La directrice de la santé publique de l’Estrie, Dre Mélissa Généreux, est d’ailleurs allée dans le même sens: «S’il n’y a pas d’encadrement suffisant, les points de vente vont avoir tendance à se concentrer dans les milieux défavorisés», croit-elle, s’inquiétant des conséquences néfastes sur la population qu’aurait une potentielle «logique de profits».

Des craintes exprimées

Mme Trottier-Dupuis craint que la consommation récréative ne s’accroisse une fois légale, à l’instar du phénomène qui a été observé ailleurs dans le monde. «Je pense qu’on sentira l’attrait de la nouveauté», défend-t-elle, précisant qu’une baisse suivrait fort probablement ensuite. Une hausse des dépendances pourrait toutefois en découler. Celle qui œuvre dans un centre traitant les traitant recommande donc à l’État de prévoir davantage de fonds pour les soins.

La direction de la santé publique régionale a également invité le gouvernement à porter attention à toutes les tranches de la population. Dre Généreux a rappelé que certaines personnes seront chez nous plus à risque de subir les méfaits du cannabis et que celles-ci sont nombreuses. «On a très bien démontré que la prévalence des troubles mentaux diagnostiqués est plus élevée en Estrie qu’ailleurs au Québec. Au moment où l’on se parle, une personne sur sept présente un trouble mental», a-t-elle cité en exemple.

Des recommandations entendues

La ministre déléguée à la Réadaptation, à la Protection de la jeunesse, à la Santé publique et aux Saines habitudes de vie, Lucie Charlebois, a assuré aux participants que leurs points de vue seraient pris en compte dans l’élaboration du futur projet de loi cadre. Elle est confiante que cette démarche, faite aux côtés de l’opposition, se fasse rondement. «Je ne dis pas qu’on sera d’accord sur tout, mais je pense que dans l’ensemble, on va réussir à dégager des pistes de solution qui vont nous sembler assez évidentes», ajoute l’élue.

Celle-ci admet toutefois que comme la loi régissant le tabagisme, la toute première version de celle encadrant l’usage du cannabis au Québec sera sans doute appelée à se préciser dans le futur.

Les personnes intéressées à se faire entendre sur cet enjeu peuvent le faire en ligne jusqu’au 12 septembre au www.encadrementcannabis.gouv.qc.ca. Plus de 9100 québécois ont déjà répondu au questionnaire.