La relance de l’asclépiade se concrétise

AFFAIRES. Promis à un bel avenir, le développement de l’asclépiade a été freiné, l’automne dernier, par la faillite de l’entreprise Protec-Style, de Granby. Après l’incertitude des dernières semaines, place à la relance des activités avec Monark EcoFibre, une nouvelle entité formée d’investisseurs intéressés à promouvoir la soie d’Amérique.

Monark EcoFibre, c’est Chafic Zakaria, un investisseur spécialisé dans le secteur du textile, Antony Acciarri, investisseur, Claude Lafleur, ex-patron de La Coop fédérée, et Jean-François Grenon, investisseur en entreprises en démarrage. Ensemble, ces quatre membres d’Anges Québec, un important réseau d’investisseurs financiers, ont racheté les actifs de Protec-Style, en décembre dernier. Depuis janvier, la petite usine de la rue Bernard a repris vie avec la remise en marche d’une ligne d’extraction de la soie d’Amérique (asclépiade), a confirmé en entrevue Antony Acciarri, vice-président finance de Monark EcoFibre.

«D’abord, la décision (de relancer l’asclépiade) ne s’est pas faite rapidement. Dans le sens que le premier contact qu’on a eu avec François Simard (ingénieur et fondateur de Protec-Style), c’était en décembre 2016. On a eu des pourparlers avec l’équipe de direction de Protec-Style (en recherche d’investisseurs) au début de 2017, mais les discussions n’ont pas abouties», a expliqué M. Acciarri.

Pourquoi investir dans un start-up lié à la filière de l’asclépiade? «Ce qui nous a allumés, c’est l’aspect écologique de l’opportunité et l’originalité du produit. À partir d’une idée, ils (dirigeants de Protec-Style) ont su convaincre des agriculteurs de semer, de façon grande échelle, une mauvaise plante que depuis des décennies, ils essaient d’éradiquer. Et le défi était de taille parce que la plante a besoin de trois, quatre ans pour être à maturité.»

Rassurer les partenaires

L’automne dernier, en pleine récolte, les producteurs d’asclépiade affiliés à la coopérative Monark, de Saint-Tite, en Mauricie, ont bien failli voir leur investissement s’envoler. Leur unique client, Protec-Style, venait de se placer à l’abri de ses créanciers. Dans ce projet d’une nouvelle culture, les producteurs auraient investi près de 2 M$, rapporte Radio-Canada. «Pour la récolte 2017, la faillite de Protec-Style est arrivée au pire moment», convient Antony Acciarri.

Le succès du projet d’affaires de Monark EcoFibre passera par le maintien du  partenariat avec les agriculteurs de la coopérative Monark, soutient M. Acciarri. Le nouveau groupe entend notamment  parfaire la méthode de récolte de l’asclépiade qui ne serait pas encore à point. «Effectivement, il y a une amélioration à faire sur le procédé de la récolte et on en était conscient avant même de racheter les actifs (de Protec-style). C’est une problématique que nous allons conjointement solutionner avec la coop.»

Injection de capitaux

Qui dit relance en affaires, dit patience. Le quatuor d’investisseurs en est bien conscient. Le retour sur l’investissement n’est pas pour demain la veille et l’investissement de capitaux ($$$) devient fondamental. «Il faut quelques millions», a avoué d’emblée M. Acciarri. «Les capitaux qu’il faut, c’est vraiment pour relancer. Engager toute l’équipe, la production, et ce, avant même d’avoir un chiffre d’affaires», a ajouté l’homme d’affaires.

Selon Antony Acciarri, l’objectif de la rentabilité n’est pas la priorité du groupe à ce moment-ci. Toutes les énergies sont plutôt mises sur le redémarrage du procédé de production et la recherche de nouveaux clients par les temps qui courent.

L’asclépiade transformée s’est fait connaître, entre autres, comme un absorbant pétrolier et un isolant pour les vêtements d’hiver. Du côté de Monark EcoFibre, on veut certes poursuivre ce développement et percer de nouveaux marchés, dont celui du fil textile. «Il faut développer le bon fil qui correspond au bon marché», a déclaré le VP finance chez Monark EcoFibre.

Un coup de pouce de Granby
Lors de sa séance régulière du 22 janvier dernier, le conseil municipal de Granby a consenti à verser une aide discrétionnaire de 35 000 $ à Monark EcoFibre suite à une demande déposée par l’entreprise elle-même. Ce soutien financier est néanmoins conditionnel à ce que la compagnie privée demeure sur le territoire de la Ville pour une période minimale de cinq ans, une clause jugée «primordiale» par le maire suppléant, Stéphane Giard. «Ce que l’on veut nous, c’est de s’assurer que l’investissement que l’on va faire va être retenu à Granby. Si jamais la compagnie déménageait ou faisait faillite à l’intérieur des cinq ans, elle devra rembourser l’aide qu’on lui accordée», précise l’élu.

La PME aurait pu s’établir ailleurs. La proximité du Carrefour d’innovation en technologies écologiques (CITÉ), voisin immédiat de Monark EcoFibre, et l’accueil de la Ville ont joué en faveur de Granby, a indiqué Antony Acciarri.