Roxton Pond: des désirs d’exportation pour la ferme Bernier Campbell

PRODUCTION AGRICOLE. La ferme Bernier Campbell de Roxton Pond, le plus important éleveur de moutons Dorper purs-sangs du Québec, pourrait bientôt exporter la semence de ses béliers à l’international.

Lancée en 2010 et œuvrant d’abord dans l’élevage de vaches Parthenaise et de chèvres de boucherie, l’entreprise de Maryse Bernier et Charles Campbell se concentre exclusivement depuis l’an dernier à l’élevage ovin. Et pas n’importe lequel: celui d’une race croisée en Afrique du Sud encore méconnue au Canada qui se démarque par sa robustesse et une reproduction plutôt facile.

Mme Bernier est littéralement tombée sous le charme de ces bêtes singulières et très peu présentes chez nous, auxquelles elle se consacre quotidiennement. «On riait de moi quand j’ai commencé. Je n’avais aucun encouragement de part et d’autre […]», se souvient-elle en riant.

Les activités de la petite ferme locale vont bon train depuis. Environ 70 % des animaux, brebis et béliers, sont vendus pour la reproduction ou conservés pour renouveler le troupeau. La balance fait le plaisir des amateurs d’agneau via l’Artisan des saveurs, un volet de l’entreprise offrant des découpes et des produits transformés allant des côtelettes aux saucisses.

En quête de réponses

L’entreprise vise maintenant la vente de la semence de ses béliers à des fins reproductrices à l’international, puisqu’un tel marché n’existe pas au Canada. Avant toute chose, l’Agence canadienne d’inspection des aliments doit toutefois se pencher sur la question. C’est que des béliers reproducteurs en provenance des États-Unis ont été choisis par les propriétaires pour améliorer la génétique de leur descendance, en vue, par exemple, d’accroître sa résistance à la Tremblante du mouton. «Pour exporter la semence, il y a une exigence à l’effet qu’il faut être en mesure de pouvoir faire le suivi du bélier de sa naissance à aujourd’hui. Ce qui arrive, c’est que la traçabilité se perd», explique Mme Bernier. Si elle espère une réponse imminente et positive de l’instance fédérale qui pourrait lui permettre d’exporter la semence de ces béliers, la productrice serait encore plus fière d’exporter celle de leur progéniture née en Haute-Yamaska.

Une autre impasse à dénouer

De plus, un cheptel d’une cinquantaine de Dorper blancs jugés «d’un statut génétiquement inférieur» a été introduit pendant un peu plus d’un an dans les installations des Bernier Campbell. Même si ce dernier a été revendu depuis, il pourrait complexifier les démarches en cours. «Est-ce que cela va venir nous nuire au niveau de nos exportations? Je ne sais pas. Pour exporter (des béliers) vivants, par exemple, il faut avoir un troupeau fermé dans lequel on ne peut rentrer aucun mouton d’ailleurs. C’est illogique, parce qu’on ne s’améliore pas génétiquement. On tourne en rond», déplore-t-elle, en quête de réponses.

La ferme a dû prendre la décision déchirante de se départir de ses Dorper blancs, puisqu’il était trop contraignant de satisfaire aux normes reliées à la cohabitation des deux troupeaux. Ceux-ci ne devaient pas partager de lieux communs, même extérieurs, pour les sept premières années, ce qui posait un sérieux problème d’espace.

Si elle n’obtient pas immédiatement l’aval des autorités à court terme, ce ne sera que partie remise, fait valoir la bergère. «On ne lâchera pas le morceau c’est sûr, parce que c’est vraiment notre objectif. Ce serait une grande fierté de dire que l’on vend de la semence ailleurs, parce que ce n’est vraiment pas courant». Mme Bernier ajoute qu’elle pourrait même, grâce à la rentabilité découlant de ces activités d’exportation, se permettre de diminuer son cheptel.

De Roxton Pond… en Israël?

Parallèlement à ces démarches, l’entreprise pourrait aussi exporter outremer ses premiers béliers vivants dès ce printemps. Une demande d’un éleveur israélien est déjà sur la table. «Je lui ai demandé le protocole à jour d’importation pour son pays», explique la productrice, qui pourra ensuite mieux jauger si elle peut répondre positivement à sa demande en respectant l’ensemble des normes sanitaires en vigueur.

Le fait que l’entreprise adhère au programme volontaire de Tremblante Canada et qu’elle possède la certification «diamant» attestant que son troupeau est exempt de la maladie contagieuse Meadi Visna lui donne déjà une longueur d’avance. Toujours en quête de la meilleure qualité qui soit, l’entreprise prend aussi part au programme d’évaluation génétique GenOvis.

Exporter un ou plusieurs béliers n’est toutefois pas une mince affaire. Le processus menant le ou les sujets vendus de la bergerie québécoise à leur nouvelle ferme outremer est assez complexe. «Il faut faire la location des installations dans l’avion, ce n’est pas si simple. Avant qu’ils partent, il faut aussi qu’ils soient mis en quarantaine, qu’ils subissent des tests de santé requis par le pays importateur par le district de l’Agence canadienne d’inspection des aliments à Saint-Hyacinthe […]», explique la productrice.

Évidemment en constante fluctuation en raison des ventes et des naissances, le troupeau des Bernier Campbell est composé de près de 240 têtes, dont 130  brebis reproductrices. Dix béliers s’ajoutent au troupeau.