Se déplacer à deux roues depuis 40 ans
MOBILITÉ. Résident de Saint-Étienne-de-Bolton, Olivier Touchette, qui enseigne au Cégep de Granby, pourrait être tenté d’utiliser sa voiture pour se rendre au boulot. À la place, il combine le vélo et le transport collectif pour se déplacer. Pour lui, c’est une façon de faire sa part pour l’environnement puisque «l’urgence climatique, ce n’est pas une figure de style. La chose est réelle».
«Les changements qu’on a à faire, ils sont significatifs, fait remarquer celui qui est enseignant en techniques industrielles. Et au Québec, c’est en transport que ça se joue. Il faut se sortir de nos pantoufles. Les voitures [sont] des salons mobiles, et c’est ça qu’on nous vend. Il va falloir penser à se désintoxiquer […] et il va falloir des mesures draconiennes.»
Depuis 40 ans, Olivier Touchette utilise le vélo comme moyen de transport actif. À l’époque, on ne parlait pas de mobilité durable, mais c’était déjà quelque chose d’ancré en lui sans qu’il ne le sache. En effet, il enfourchait la selle pour aller faire de la voile ou bien sortir avec ses amis.
«Au début, c’est tout naturel et on le fait tous quand on est jeune, fait remarquer le principal intéressé. On marche et à partir du moment où on peut avoir un vélo, c’est comme wow, je suis capable d’aller une rue plus loin. Le vélo, c’est quelque chose de très efficace au point de vue du rapport énergie-déplacement-vitesse. C’est une merveilleuse invention.»
En grandissant, l’enseignant du Cégep de Granby n’a pas perdu ses habitudes de combiner l’exercice physique et le déplacement. Avant que le pavillon Notre-Dame ne soit inauguré, il partait de Saint-Étienne-de-Bolton et se rendait à vélo à Granby pour travailler. «À ce moment-là, je le faisais un peu plus poussé», lance-t-il avec le sourire.
Avant que le manteau blanc s’installe, Olivier Touchette se rendait à Waterloo à vélo pour ensuite prendre le transport collectif et se rendre au travail. «Quand j’ai découvert le transport collectif, 20 km aller-retour à [vélo], ça se fait aisément pour moi sur une base régulière, admet-il. L’hiver, c’est plus technique, j’ai recommencé à en faire l’an dernier, mais localement à Granby.»
«Ma voiture restait à Waterloo, poursuit-il. Cette année, ce que j’essaie de faire, c’est le tronçon Saint-Étienne-Waterloo. J’aimerais ça le faire une fois ou deux par semaine. Je me suis fait prendre de cours par la neige, mes pneus n’étaient pas prêts et j’avais d’autres projets à la maison. Je suis en train de concrétiser ça dans les prochains jours justement.»
Ayant maintenant plus de temps pour faire «ce genre d’activité» dans sa vie, Olivier Touchette tente d’optimiser davantage ses déplacements et mise encore plus sur des moyens de transport «qui vont émettre mois d’émissions au kilomètre».
Briser les barrières
Le Cégep de Granby compte sur un groupe de vélo qui organise plusieurs activités afin de promouvoir la mobilité durable chez les étudiants et le personnel de l’établissement d’enseignement supérieur.
Responsable dudit comité, Jean-Sébastien Laberge travaille fort pour rendre le vélo «le plus plaisant possible et le plus accessible possible».
«Tout ça [les activités] fait en sorte qu’on incite des gens à monter en scelle, commente celui qui est appariteur en éducation physique. Tranquillement, on repousse les barrières que les gens se mettent. L’automobile est une habitude.»
Qu’il fasse tempête ou soleil, Jean-Sébastien Laberge utilise son vélo pour se rendre au Cégep. Ce n’est même pas une question. Il estime que dans un rayon de cinq kilomètres en milieu urbain, «c’est beaucoup plus facile, je pense, les transports actifs que la voiture».
Depuis deux ans, Jean-Sébastien Laberge tente de bonifier les services au Cégep et de mieux placer les supports à vélo. En fait, il essaie avec les autres membres de son équipe de tâter le pouls pour connaître les habitudes de déplacement de façon active.
«Tranquillement, on sent que les jeunes ont plus l’environnement à cœur, note-t-il. Chaque année, je recense le nombre de vélos et il y a quand même une hausse. J’ai espoir que d’année en année, on va gagner des adeptes. Il y a une progression dans tout ça et nous aussi dans notre offre on essaie de mieux garnir notre calendrier d’activités et de rendre ça plus attrayant pour tous.»
«Je suis heureux de constater qu’à l’intérieur de l’administration, il y a quand même un certain engouement, une ouverture d’esprit à aller vers ça, ajoute-t-il. On est conscient que c’est un peu l’avenir la mobilité active.»
Oui, pour un centre-ville plus actif
La place donnée aux piétons et aux cyclistes dans le cadre du projet de revitalisation du centre-ville plaît beaucoup au coordonnateur vélo du Cégep de Granby. Selon lui, l’acceptation passe d’abord par la rééducation et le changement d’habitude.
«Quand on fait la rue Principale, on se rend compte qu’aujourd’hui, les véhicules sont de plus en plus gros, remarque-t-il. En fin de compte, on ne voit pas les vitrines et les commerces qui sont là. Des fois, ça nous prend longtemps avant de savoir qu’il y a un nouveau commerce qui a ouvert ses portes.»
En laissant une plus grande place à la mobilité active, Jean-Sébastien Laberge indique que «c’est une autre manière de faire rouler l’économie».
«Je pense que justement, si on marche plus notre centre-ville, on va mieux connaître nos commerçants, avance-t-il. C’est une autre façon de voir les choses. Pour ce qui est de faire enlever les cases de stationnement, je trouve que c’est positif; ça va embellir le centre-ville. Normalement comme effet d’avoir plus de piétons et cyclistes au centre-ville. On connaît Granby beaucoup pour le tourisme à vélo. C’est une belle manière de refaire vivre le centre-ville et de redonner plus de possibilités aux gens.»