Secteur manufacturier: 221 M$ ont été laissés sur la table en Estrie en 2022
ÉCONOMIE. La pénurie de main-d’oeuvre continue de malmener l’économie de la province. Des contrats refusés, des retards accumulés, des investissements reportés ou annulés. En 2022, pas moins 221 M$ ont été perdus en raison de la rareté de personnel en Estrie, selon l’enquête annuelle de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ), dont les résultats ont été publiés aujourd’hui.
Avec près de 1700 postes à pourvoir dans le secteur manufacturier en Estrie, les entreprises tentent du mieux qu’elles peuvent de minimiser les effets de la pénurie de main-d’oeuvre. Mais tout n’est pas rose puisque certaines d’entre elles auraient même envisagé déménager une partie de leur production à l’étranger ou confier davantage de contrats à l’étranger, révèle l’étude du MEQ.
«La majorité d’entre elles ressent les conséquences de la pénurie de main-d’œuvre en constatant des retards de livraison (82 %), une augmentation des coûts (73 %) et une insatisfaction des clients (62 %).»
Et bien que les salaires, dans certains cas, soient attrayants, les entreprises estriennes peinent à recruter. «Près de la moitié des postes vacants au sein des entreprises sondées se trouvent dans la tranche salariale de 20 $/h à 29 $/h et 38 % se trouvent dans les tranches salariales supérieures à 30 $/h.»
Toujours selon le coup de sonde du MEQ mené auprès de 300 entreprises, environ 71 % des manuffacturiers optent pour le recrutement international pour combler leurs besoins de main-d’oeuvre. Or, cette avenue apporte également son lot de défis comme la complexité des processus, les délais, le manque de ressources pour accueillir les travailleurs étrangers et les coûts, peut-on lire dans le rapport du MEQ. Et six entreprises sur dix prétendent que le gouvenement du Québec devrait en faire plus pour contrer la pénurie de main-d’oeuvre.
« Alors que nous parlons de plus en plus de récession économique, le Québec et ses régions ont plus que jamais besoin d’entreprises prospères. Pour assurer leur compétitivité face aux concurrents à l’international, ça leur prend des gens. Il n’y a pas de solution magique pour régler les enjeux liés à la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur manufacturier, mais il est possible d’actionner une série de leviers en même temps pour pallier les impacts sur nos entreprises au Québec et en Estrie. On peut penser à la hausse des seuils d’immigration, au passage des travailleurs étrangers temporaires vers l’immigration permanente, à l’accélération de l’automatisation et de la robotisation, à la hausse du nombre de manufacturiers qui bénéficient de programmes de formation. Nous sommes à l’aube d’une récession, le gouvernement doit faire de la pénurie de main-d’œuvre une priorité et en faire plus, plus vite, pour appuyer les entreprises manufacturières, les piliers de notre développement économique régional », a déclaré Véronique Proulx, présidente-directrice générale, Manufacturiers et Exportateurs du Québec.