«Selon moi, ça va être une année catastrophique» – Norman Dunn

Selon le fondateur de SOS Dépannage Moisson Granby, Norman Dunn, une catastrophe est à nos portes. Celui qui s’apprête à célébrer sa trentième année de service au sein de l’organisme en 2015  s’attend à une hausse «phénoménale» des demandes d’aide alimentaire.

À quelques jours de la nouvelle année, le président fondateur de SOS Dépannage Moisson Granby se prépare au pire des scénarios.

«Selon moi, ça va être une année record. J’aimerais ça vous recontacter dans un an et vous dire que j’ai exagéré et que j’ai été dramatique l’année dernière. J’aimerais ça vous dire ça. Seul l’avenir nous le dira, mais d’après moi, on s’en va vers la catastrophe», dit-il bien franchement.  

Avec un solide bagage accumulé de trente années à la barre de l’organisme, Norman Dunn anticipe la crise sur des indices qui ne mentent pas.

«Quand les États-Unis ont commencé à parler de la crise économique, ça, c’était mon indice. C’est rendu aux États, donc ça s’en vient. Mais il y a deux ans, ce n’était pas si pire. On pensait qu’on allait s’en tirer et finalement, on a eu une hausse de 39% en 2013 et à cela s’est rajoutée une hausse de 4% cette année», précise-t-il.

Son indice pour 2015? Les mesures d’austérités annoncées par le gouvernement Couillard. «Quand l’économie va bien, les banques alimentaires sont vides. Quand l’économie va mal, les banques alimentaires sont remplies pour répondre à la demande.»

Selon lui, toutes les sphères de la société sont touchées par ces annonces et «la peur s’est installée dans la population. Même les gens qui peuvent dépenser réduisent leurs dépenses.»

Étant associé au regroupement des Banques alimentaires du Québec, Norman Dunn assure que le réseau entier du Québec et du Canada connait actuellement une hausse.

«Nous, on est relié avec toutes les Moissons du Canada, donc on est capable d’avoir immédiatement le pouls. C’est en train de se passer, il y a déjà une augmentation de la demande», assure-t-il.

Espoir sur le Magasin Général

L’organisme se prépare à cette hausse par les ventes générées au Magasin Général, l’une des entreprises sociales de SOS Dépnnage et qui fait bonne figure.

Les meubles, électroménagers, vêtements, livres et autres produits que reçoit en dons l’organisme qui s’engage à les récupérer et à les revendre ont permis au Magasin général d’afficher un chiffre d’affaires de 100 000$ de septembre 2013 à septembre 2014.

«Dans les moments les plus durs, les gens ont le réflexe de se tourner vers les comptoirs familiaux pour acheter les articles ménagers dont ils ont besoin. C’est une bonne chose, parce que ça permet à la roue de tourner.

Quand tu achètes au magasin général, les profits vont directement à l’achat de produits alimentaires pour les familles dans le besoin», explique-t-il.

Norman Dunn espère voir les ventes augmenter de 15% l’année prochaine afin d’encaisser le choc de 2015.  

La détresse humaine

Les conséquences des mesures d’austérité ne se font pas sentir que sur le porte-feuille des familles, estime M. Dunn.

«L’humain a une capacité à gérer sa détresse. Il arrive une catastrophe, en général, l’humain est capable de s’organiser et de virer de bord. Mais y’a une gang qui ne pourra pas. Souvent, quand un couple vit des problèmes financiers, un couple solide réussira à s’en sortir. Nous, ce qu’on voit chez notre clientèle, c’est que la pression est tellement forte qu’il se sépare. Des gens en détresse, ça se sépare.»

Puis c’est dans le cercle de la consommation que sombre l’un, ou les deux parents, soutient l’homme qui a trente ans d’expérience auprès des clientèles à risque. «L’humain est capable de gérer ses affaires, mais quand ça fait trop mal, il va se geler. En tant qu’ancien consommateur, c’est ça qui m’inquiète et c’est ce que je trouve de plus véreux dans la situation.»

Petit rappel historique de Norman Dunn

«Quand les banques alimentaires ont été fondées en 1980. C’était censé être temporaire. On parlait de deux ans. Après leur installation, ça s’est arrimé à l’économie. Maintenant, les banques alimentaires et les comptoirs familiaux font partie intégrante de la société».