Situation toujours précaire au Centre de prévention du suicide la Haute-Yamaska
SOCIÉTÉ. SOCIÉTÉ. Faute de personnel, l’organisme JEVI Centre de prévention du suicide-Estrie a été contraint de suspendre les services de sa ligne d’intervention pour une période indéterminée, la semaine dernière. En août dernier, le Centre de prévention du suicide de la Haute-Yamaska (CPSHY) a dû à son tour revoir ses heures de bureau pour pallier au manque de main-d’oeuvre et aux effets de la pandémie. Les centres d’aide et d’écoute en région peinent à maintenir leurs services depuis les derniers mois. Un nuage gris qui n’est pas sur le point de se dissiper, croit la directrice générale du CPSHY, Anne Jutras.
Précaire. Ce mot résume bien l’état de la situation au CPSHY. À travers les départs de membres du personnel et les difficultés de recrutement, l’organisme continue à desservir la population, sept jours sur sept, 24 heures sur heures, en faisant preuve d’imagination et de créativité. Un défi quotidien auquel est confrontée Anne Jutras depuis son entrée en poste en avril dernier.
Pour la directrice générale de l’organisme basé à Granby, les centres de prévention au Québec font tous face actuellement à des choix organisationnels difficiles à prendre.
Seulement au CPSHY, près d’une dizaine de postes d’intervenant sont à pourvoir pour assurer le service de la ligne d’écoute téléphonique. Depuis mardi, une seule personne s’affaire à cette tâche. Heureusement, une stagiaire et une nouvelle employée en formation s’ajouteront sous peu aux effectifs déjà réduits. Mais l’organisme n’est pas sorti du bois pour autant. Si la situation ne s’améliore pas, il pourrait prochainement être forcé à rediriger les appels vers la ligne 1 866 APPELLE (1 866 277-3553) comme l’ont fait d’autres centres de prévention.
«Recruter, ça ne se fait pas du jour au lendemain et c’est loin d’être facile. On est dans un domaine où les mythes et les craintes circulent par rapport au travail à faire et en plus de ça, c’est pas tout le monde qui veut nécessairement travailler dans le communautaire pour un salaire moindre même si nos conditions de travail sont intéressantes.»
Plus d’appels
Dans son dernier rapport annuel 2020-2021, l’organisme a noté avoir prêté une oreille attentive à 851 personnes (écoute, soutien, accompagnement), dont 580 d’entre elles en étaient à un premier coup de fil.
«Les appels continuent de rentrer et on essaie de prioriser et d’avoir des ententes avec d’autres CPS (centres de prévention du suicide) pour qu’ils puissent prendre un peu la relève», a expliqué la porte-parole du CPSHY.
Pour rester à flot afin de répondre à cette hausse d’appels, l’organisme a, entre autres, momentanément mis de côté les groupes de soutien aux endeuillés. Pandémie oblige. Bien que le portrait épidémiologique laisse poindre de jours meilleurs pour la population, la reprise des activités de groupe n’est pas pour demain la veille au CPSHY.
«On s’était dit qu’en décembre on réviserait avec l’espoir qu’on aurait plus de personnel pour enfin revenir à une situation de pleins services. L’évaluation qu’on risque d’en faire, c’est que le temporaire va s’étirer encore», a indiqué Anne Jutras.
Préoccupée, la gestionnaire dit redouter une remontée du taux du suicide si les personnes aux idées noires n’obtiennent pas les services auxquels ils ont droit notamment via une ligne téléphonique.
«Ça fait des années qu’on travaille à essayer de réduire les taux de suicide et à faire de la prévention. Ma peur, c’est de voir que tout ce qu’on a réussi à atteindre à travers tout ce temps-là….retombe. Oui, il y a un risque que le taux de suicide soit en hausse au lieu de diminuer», a conclu la directrice générale du CPSHY.