Un au revoir à l’Auberge sous mon toit

COMMUNAUTÉ. Le 9 juin dernier, la directrice générale de l’Auberge sous mon toit, Marie-Ève Théberge, a fermé la porte de son bureau de la rue Chapais pour une dernière fois. Après 16 ans de loyaux services, dont sept ans à la direction de l’organisme, elle délaisse son travail pour relever un nouveau défi professionnel et prendre un peu de temps pour elle et sa famille.

Sous la gouvernance de Marie-Ève Théberge, la ressource d’aide pour hommes en difficulté situationnelle est sortie de l’ombre. Un second souffle qui a permis à l’Auberge de prendre la place qui lui revenait dans la communauté. Or, ce travail de longue haleine a fini par user la gestionnaire de l’organisme. Les tracas engendrés par la recherche constante de subventions et de financement, les hauts et les bas d’être à la tête d’un organisme communautaire et les célébrations du 50e anniversaire de l’Auberge qui tombent à l’eau en raison de la pandémie l’ont poussé à réfléchir et à se remettre en cause professionnellement parlant. À l’aube de la quarantaine, Marie-Ève Théberge en est venue à la conclusion qu’il était temps pour elle d’aller voir ailleurs.

«La réalité d’un 24/7, c’est très difficile. D’être toujours au bout du téléphone quand il arrive un pépin (…). Dans les 16 dernières années, j’ai eu un feu, des dégâts d’eau, des gens embarrés sans clé à toute heure du jour et de la nuit, les fins de semaine et même pendant les vacances. Avec le temps, ça vient drainant», avoue-t-elle.

Mais la goutte de trop fut le long épisode de COVID-19 qui a littéralement contrecarré les plans de la DG et de son équipe entourant le jubilé de l’organisation. «La pandémie m’a enlevé de belles années à l’Auberge », confie Marie-Ève Théberge. «Notre 50e était prêt, le programme de post-hébergement qu’on voulait développer; on avait réussi enfin à avoir des sous pour le lancer (…). La pandémie arrive et tout tombe. Ça enlève de la motivation quand tu travailles sur des projets depuis deux, trois ans. »

De bons moments

Au cours de l’entretien, Marie-Ève Théberge l’a maintes fois souligné: elle part avec le coeur et la tête remplie de beaux souvenirs. En dépit des tourments du milieu communautaire, l’Auberge est sur la bonne voie, assure-t-elle.

«Avant que je parte, je tenais à ce qu’on soit reconnu. C’était mon cheval de bataille. Ça fait 53 ans qu’on existe et je ne pouvais pas croire qu’on passe encore sous silence. De savoir que l’Auberge est perçue positivement maintenant, c’est mission accomplie.» «J’y crois à ces gars-là et à la mission de l’Auberge.»

Pour l’heure, la direction de l’organisme sera assumée par deux membres de l’équipe déjà en place à l’Auberge. «Ce que je souhaite au conseil d’administration, c’est de trouver quelqu’un (pour diriger l’organisme) d’humain, qui croit au communautaire et à la cause. Le reste, ça s’acquiert. Le savoir-être est tellement important dans un rôle de direction au communautaire.»

Marie-Ève Théberge ne s’en cache pas. Les gars de l’Auberge vont lui manquer. Ces hommes de 18 ans et plus qui vont cogner à la porte de la ressource pour demander de l’aide et un toit temporaire le temps de mettre de l’ordre dans leur vie.

«Ce que je retiens de ces gars-là, c’est que ce sont des humains. On parle de gars avec un coeur blessé.Tout ce qu’ils ont besoin, c’est de l’amour et de l’encouragement (…). Ce qu’on leur dit aujourd’hui, ça va peut-être pousser dans dix ans. Mais c’est important de le dire avec amour et bienveillance. »

À chacun son toit…prise 2

Fort du succès de la première levée de fonds Un toit pour chaque toit, l’initiative lancée par l’ex-DG de l’Auberge continue de faire des petits. Après la compagnie Toitures BMT, voilà que le courtier immobilier chez Remax, Michaël Lavallée, a décidé d’associer son nom à l’organisme en remettant mensuellement une portion de ses rétributions. Un coup de pouce qui s’est d’ailleurs soldé par la remise d’un premier chèque de 500 $.

«Pour les hommes, il manque de ressources et c’est important de leur donner une chance afin de les aider à s’en sortir. Pour moi, c’est un peu donner au suivant», a indiqué Michaël Lavallée.

«C’est un beau legs au moment où je pars. Ce projet de campagne va pouvoir prendre de l’expansion et aider encore plus l’Auberge dans des périodes difficiles. Le fait de voir des hommes aider des hommes, je trouve ça merveilleux », a conclu Marie-Ève Théberge.