Un boisé dans la mire de citoyens de Saint-Alphonse-de-Granby
ENVIRONNEMENT. ENVIRONNEMENT. Mieux vaut prévenir que guérir. Cette phrase; des résidents de Saint-Alphonse-de-Granby impliqués au sein du groupe citoyen Sauvons le boisé du Domaine-Céline se la répètent sans cesse depuis quelques semaines. Craignant l’arrivée prochaine d’un développement immobilier qui pourrait malmener cet espace de verdure, des habitants du coin montent au front afin de préserver ce milieu naturel d’une trentaine d’acres au nom de la protection de l’environnement et de l’approvisionnement en eau.
Porte-parole du groupe citoyen Sauvons le boisé du Domaine-Céline, Roxane Hébert, profite de la campagne électorale actuelle pour interpeller les candidats et les différentes formations politiques sur l’importance de préserver les milieux naturels. Selon la résidente de Saint-Alphonse-de-Granby, qui réside non loin du boisé situé entre les rues Céline et du Domaine, les municipalités et le gouvernement doivent arrêter de faire la sourde oreille lorsqu’il est question de protéger des écosystèmes.
«En mai dernier, quelques citoyens ont appris l’existence d’un futur projet domiciliaire à Saint-Alphonse. On parle d’un terrain boisé de 35 acres avec des arbres matures et centenaires composé également d’un milieu humide qui a été répertorié par la MRC. Quand on a su cette nouvelle, on s’est mobilisé et on s’est présenté au conseil dans les derniers mois pour faire valoir nos inquiétudes à nos élus par rapport à ce développement, entre autres, sur la destruction des milieux naturels et du risque de la pénurie d’eau potable (…). Ça nous inquiète. Ici, à Saint-Alphonse, on est tous alimenté par des puits et de rajouter des puits et d’autres maisons, ça ne ferait juste rendre la situation encore plus précaire», allègue Mme Hébert.
Selon la résidente du secteur, les échanges entre les élus et les membres du regroupement ont été cordiaux jusqu’ici, mais sans plus. Aucun engagement formel n’a été pris de part et d’autre.
«On essaie de discuter, de trouver des solutions, de leur proposer des démarches à faire pour cette forêt (…). On voit que les élus ont une certaine écoute, mais est-ce qu’ils prennent en considération vraiment ce qu’on leur fait valoir. C’est une autre question.» «Ce n’est pas qu’on est contre le développement. On comprend la problématique liée à la taxe foncière. Par contre, ce qu’on aimerait, c’est de trouver un juste milieu entre développer et préserver.»
En août dernier, le regroupement de citoyens a par ailleurs fait parvenir une missive présentant une série de reventidations (révision du plan d’urbanisme, études sur l’approvisionnement en l’eau et la caractérisation environnementale du boisé, etc.) à la Municipalité. Une requête qui est restée lettre morte jusqu’à présent, a indiqué Mme Hébert en entrevue.
Revoir la fiscalité municipale
Pour le candidat de Québec solidaire (QS) dans Brome-Missisquoi, Alexandre Legault, la protection des milieux boisés à l’échelle de la province passe par une refonte complète de la fiscalité municipale. Des histoires comme celle vécue à Saint-Alphonse-de-Granby vont se répéter si rien ne change, soutient le solidaire bien aux faits de ce dossier qui touche le comté qu’il convoite.
«La structure fiscale des municipalités tient pour beaucoup à la taxe foncière qui correspond en général à 60 % de leurs revenus. Et c’est un cercle vicieux, car on développe de nouveaux quartiers pour générer davantage de revenus et ainsi mettre à niveau ses infrastructures pour accommoder la croissance démographique.»
Par cette sortie médiatique, le candidat de QS espère faire bouger les choses tant au niveau local que provincial rappelant au passage la mobilisation citoyenne en cours au sujet du projet résidentiel La Tourbière à Farnham.
«C’est important pour la population la protection des milieux naturels. Oui, ç’a une valeur écologique, mais ça fait aussi partie de nos vies et de notre identité dans la région (…). En réformant la fiscalité municipale et en donnant plus de soutien aux municipalités pour leur permettre de se développer de manière plus saine et durable, on pense qu’on est capable d’intervenir sur un mécanisme en ce moment qui force l’étalement urbain qu’est la taxe foncière», conclut M. Legault.
Le boisé de 35 acres, qui appartient à la compagnie Gestion DMO inc., se trouve entre les rues Céline et du Domaine. Sur cette carte produite par la MRC de La Haute-Yamaska, on y remarque une zone verte qui représente le milieu humide. (Photo: Gracieuseté)