Un « boy’s club » politique au féminin

SOCIÉTÉ. Le club politique Les Elles du pouvoir et l’organisme P.E.P.I.N.E.S (Promotion des Estriennes pour initier une nouvelle équité sociale) se sont arrêtés à Granby cette semaine pour discuter de politique au féminin dans le cadre d’un dîner réseautage entre élues. Une occasion notamment pour la conseillère municipale Geneviève Rheault qui a pu rencontrer des élues partageant la même réalité qu’elle.

L’objectif de ce genre de rencontres est de réfléchir à la place des femmes dans les lieux de pouvoirs et de leur permettre de réseauter et de partager sur leur métier à l’intérieur d’un club politique transpartisan (aucune allégeance politique). « On souhaite faire en sorte que les femmes accèdent au pouvoir de façon paritaire. C’était un constat qui a été fait dans les trente dernières années, il y a clairement un déficit et on doit amener plus de femmes dans les lieux de pouvoir pour faire valoir leurs préoccupations et les enjeux qui les touchent », a mentionné Mona Louis-Jean, directrice générale de P.E.P.I.N.E.S.

Concernant l’activité du 1er juin dernier, les participantes ont eu l’occasion d’assister à un atelier-débat qui visait à former les aspirantes candidates et élus à vivre une mise en situation pour peaufiner leurs argumentaires. Une activité nécessaire pour préparer les femmes à participer en politique et dans les conseils d’administration.  « Ç’a été un constat de se dire qu’il faut plus de femmes dans ces positions, et c’est notre travail, de faire que les femmes se rencontrent, se connaissent, s’entraident, et qu’elles voient d’autres modèles de femmes », a souligné Mme Louis-Jean. 

La place de l’élue

Pour Geneviève Rheault, conseillère municipale responsable du développement social et de la qualité de vie à Granby, cette rencontre avait également pour but de briser un certain isolement qui peut subsister dans la profession. Étant une des plus jeunes conseillères de la Ville, Mme Rheault avoue connaître ce sentiment qui peut résulter notamment d’une dichotomie d’âge entre les élu.e.s. « L’isolement n’est pas étranger au monde des élus. C’est donc important de créer des occasions de réseautage et de se parler. C’est fascinant de découvrir que moi et Laure (Laure Letarte-Lavoie – conseillère municipale à Sherbrooke), on a les mêmes questionnements et les mêmes réflexions par rapport à ça alors qu’on ne se connaissait même pas », a souligné Mme Rheault.

Pour la conseillère municipale, il est primordial de repenser le rôle de l’élu, notamment à cause des nouveaux profils de candidats, mais également avec l’aspect de professionnalisation du rôle. « On se demande si on est à notre place, est-ce qu’on doit démissionner et faire nos projets en tant qu’entrepreneurs. La rencontre m’a permis de voir que je n’étais pas seule à penser comme ça », a confié Mme Rheault en admettant avoir envisagé cette option plus d’une fois depuis le début de son mandat. 

Par ailleurs, l’isolement n’est pas le seul défi que des élus politiques comme Mme Rheault doivent surmonter au quotidien. La question de la conciliation travail-famille revient souvent, mais c’est le dossier des attaques sur les réseaux sociaux qui inquiètent davantage les membres de P.E.P.I.N.E.S et des Elles du pouvoir. « Les politiciens sont victimes de plusieurs attaques sur les réseaux sociaux, mais il y a une virulence particulière envers les femmes. On ne s’attaque plus à leurs idées, mais plutôt à leur physique ou encore à leurs enfants. Ça en décourage plusieurs de se lancer ou de continuer en politique », a précisé Mme Louis-Jean.

Alors qu’il fut une époque, on revendiquait davantage de femmes dans les instances politiques, la roue a bien tourné aujourd’hui alors que des dizaines de candidates se présentent chaque élection pour porter leurs enjeux, se voient élues, mais démissionnent quelque temps après pour différentes raisons. « C’est vraiment ça la statistique alarmante. Il faut que le système aussi s’adapte aux élu.e.s qui arrivent. Les réalités changent et les élus arrivent avec un nouveau bagage, il faut être perçus davantage comme des collaborateurs. Il faut travailler ensemble pour arrimer nos pouvoirs et nos rôles respectifs pour amener le changement », a plaidé Geneviève Rheault.