Un emblème du milieu communautaire se retire après 38 ans de service

COMMUNAUTAIRE. Luc Genest est un emblème de la région et du milieu communautaire granbyen ; ceux qui ont effectué des travaux communautaires étant mineurs l’ont probablement rencontré. Aujourd’hui, le voici terminant son parcours professionnel chez Justice Alternative et Médiation, où il aura passé près de quatre décennies à œuvrer au développement et au maintien d’une pratique différente en matière de justice.

La passion pour le travail communautaire a commencé en 1983 pour Luc Genest, lorsqu’il a entamé une carrière d’intervenant à la Maison des Jeunes de Granby, et où il a appris les bases du contact avec les jeunes et de l’engagement au sein de la communauté.

Lorsqu’en 1984, de nouvelles lois fédérales sur les jeunes contrevenants (12 à 17 ans) ont été introduites, Luc Genest, âgé dans la vingtaine, était déjà impliqué dans le mouvement qui préconisait des mesures alternatives à l’incarcération, le travail bénévole et l’accompagnement des victimes. « Il y avait tout ça à bâtir, c’était en effervescence et il y avait toujours des mesures à instaurer, et on participait activement à ce mouvement et notamment à promouvoir la médiation comme approche au lieu d’utiliser les méthodes plus formelles comme les tribunaux », se souvient M. Genest.

Depuis cette période, la liberté d’agir et de stimuler la créativité a été des moteurs essentiels tout au long de la carrière de Luc Genest. Pour l’intervenant retraité, ce qui le passionnait dans le travail communautaire, c’était la proximité avec la communauté et la possibilité de créer en fonction des besoins spécifiques de celle-ci. « Tout était à faire, et des innovations au niveau des sciences sociales et de la justice communautaire, il y en a eu des tas. C’est parce que dans le communautaire, on a une grande marge de manœuvre qui nous permet de créer, même si c’est difficile parfois à cause du financement », précise Luc Genest.

À l’origine de plusieurs initiatives

Au cours des 38 dernières années, Luc Genest a participé à l’instauration de plusieurs initiatives sociocommunautaires, notamment en ce qui a trait à la justice alternative. Il a notamment collaboré à la mise en pied du projet Anti-Tag, une occasion pour des jeunes (12-17 ans) qui ont commis des actes criminels de se reprendre en main et de faire un geste de réparation en participant à l’enlèvement des graffitis. Luc Genest a aussi participé avec les membres de la Table Toxico-Terrain à l’instauration du projet JACK, une initiative visant à rejoindre les jeunes qui ne fréquentent plus le système scolaire, et qui adoptait une approche d’éducation populaire (à l’aide d’un chien nommé Jack) tout en se concentrant sur la prévention de la toxicomanie et de la violence-intimidation.

Mais l’une des plus grandes fiertés de l’ex-intervenant est sans contexte le service de Solution médiation citoyenne, offert par Justice Alternative et qui gère des centaines d’appels par année concernant la gestion des conflits, notamment entre voisins. « Pour moi, et surtout pour l’organisme, c’était quelque chose d’important et d’intéressant parce que ça demandait l’implication des citoyens, qui sont formés en médiation et en gestion de conflit et qui accompagnent d’autres citoyens », a expliqué M. Genest.

En 2017, ce service a été réinventé pour impliquer les citoyens dans le processus de médiation. Selon Luc Genest, cette démarche visait à répondre à un besoin croissant de la part de la population de disposer d’alternatives aux tribunaux pour résoudre les conflits. D’après lui, la médiation citoyenne donne aux citoyens la possibilité de participer activement à la résolution des différends, favorisant ainsi la satisfaction des parties impliquées. « C’est important le dialogue, on doit trouver des solutions à des conflits par les discussions et je vois que ça s’implante plus largement dans la ville, notamment en itinérance. C’est le fun de voir ça aller, parce qu’il y a 20 ans, on parlait un peu de médiation, mais ce n’était pas très connu », a souligné l’intervenant retraité de Justice Alternative.

Aujourd’hui, Luc Genest constate que le domaine de l’intervention sociale connaît plusieurs nouveaux défis, notamment en ce qui concerne la santé mentale, les comportements délinquants et la gestion des réseaux sociaux. En dépit des défis, Luc Genest assure avoir bien profité des petites victoires. « Ce qui peut être difficile en intervention, c’est que parfois on n’a pas toujours les résultats escomptés. Mais c’est tellement gratifiant et satisfaisant quand on aide une personne en gestion de conflit notamment. Les gens nous disent souvent  »merci d’avoir pris le temps de m’écouter », et ça veut tout dire », a conclu M. Genest.