Un rêve pour Francis

SOLIDARITÉ. Des parents de Sainte-Cécile-de-Milton font tout pour que leur fils trisomique de 27 ans puisse, à l’instar des autres jeunes hommes de son âge, avoir la chance de réaliser son rêve. Au moment où Francis est en attente d’une chirurgie particulièrement risquée, ceux-ci souhaitent qu’il ait l’opportunité d’enfin nager avec des dauphins.

Il pratique le tir-à-l’arc, se défend merveilleusement bien au billard, apprécie une liste de sports trop longue pour qu’elle soit intégralement listée ici, aime les voitures, se dégourdir sur un plancher de danse, les femmes blondes aux yeux bleus et les mets chinois. C’est sans parler de son sourire attachant, de son immuable bonne humeur et de son grand côté taquin.

Si sur papier, Francis Proulx a tout d’un garçon ordinaire, le combat qu’il mène courageusement depuis des années, celui de simplement demeurer en vie, est loin de l’être. En plus de problèmes cardiaques et pulmonaires attribuables à sa maladie, il a aussi un système immunitaire extrêmement faible. Ses hospitalisations sont plus longues et il a, chaque fois, besoin de plus de temps pour s’en remettre. «Par exemple, quand il a été opéré au cœur, on m’avait dit qu’il serait dix jours à l’hôpital et il y est resté six mois. […] Juste pour ses amygdales,  les médecins disaient deux ou trois jours et il a été hospitalisé pendant 15 jours», explique sa mère, Judith Bazinet.

Francis était heureux de prendre la pose aux côtés de ses parents Judith Bazinet et Jocelyn Proulx. S’il ne parle pas, le jeune homme atteint de trisomie 21 comprenait très bien que sa rencontre avec le GranbyExpress pourrait l’aider à réaliser son rêve.

Cette dernière ne parvient pas à chiffrer les inlassables allers-retours faits au Centre hospitalier universitaire (CHU) Sainte-Justine de Montréal, où Francis était traité jusqu’à l’âge adulte. «Il était très connu de tout le monde là-bas. Les gens l’appelaient leur boîte à surprises, parce qu’il déjouait tous les pronostics, dans un sens ou dans un autre», renchérit son mari, Jocelyn Proulx. S’il a eu la chance de se tenir loin du bistouri au cours des quatre dernières années,  reste qu’il avait déjà subi, à 23 ans, 32 interventions chirurgicales. «C’est arrivé je ne sais plus combien de fois qu’on nous a dit qu’il ne passerait pas la nuit, mais il a toujours  passé à travers. Il veut vivre», ajoute le papa.

En raison de ses nombreux problèmes médicaux, Mme Bazinet a choisi de ne pas travailler pour pouvoir accompagner son fils à l’extérieur lors de ses rendez-vous et séjours à l’hôpital. «Je dois rester avec lui, parce qu’il ne parle pas. Ça lui prend une interprète», explique-t-elle, précisant qu’elle utilise le langage signé des «mains animées» pour faciliter leurs échanges.

Une chance sur 10

La prochaine intervention de Francis, visant à corriger une deuxième sténose trachéale, c’est-à-dire un rétrécissement anormal de la trachée, préoccupe particulièrement les membres de sa famille. Il a subi trois opérations pour soigner une première sténose située plus haut; la dernière d’entre elles, en 2005, a été  très pénible. Francis avait ensuite été plongé dans le coma pendant 17 jours. «Il n’y avait pas autant de risques et on a passé proche de le perdre», se souvient Mme Bazinet, précisant que cette fois-ci, la sténose est localisée très près des bronches, ce qui rend l’intervention encore plus délicate. Le corps médical estime les chances de survie du patient à environ 10 %. Si l’opération réussit, les capacités physiques de Francis risquent d’être amoindries.

Alors que cette 33e  opération devrait avoir lieu au cours des prochains mois, une réelle course contre la montre est en cours. La famille de Francis veut lui donner la chance, tandis qu’il est encore autonome, d’enfin réaliser son rêve. Ses parents ayant gagné un voyage à Cuba en 2010, le jeune homme a vu sa mère revenir de vacances avec une photo souvenir d’elle nageant avec les dauphins. Le déclic s’est opéré. «Il  répète depuis huit ans qu’il veut le faire lui aussi, ça n’a jamais arrêté. Il a été très patient déjà», mentionne Mme Bazinet.

Le prix d’un rêve

Le hic, c’est que Francis ne peut évidemment voyager seul. De plus, il souhaite vivre ce moment avec les membres de sa famille : ses parents, sa sœur Audrey, son neveu et sa nièce. De surcroît, la famille devra se prémunir d’une assurance santé spéciale couvrant adéquatement les risques que comportent les multiples problèmes de santé de Francis, une couverture qui pourrait coûter plusieurs centaines de dollars. La facture totale du périple s’élève à environ 20 000 $, selon les parents. Si elle parvient à amasser la somme nécessaire, la famille aimerait partir deux semaines, dès le début mai, afin d’éviter les foules de la haute-saison qui pourraient déstabiliser le nouveau voyageur.

Si Jocelyn Proulx et Judith Bazinet souhaitent ardemment voir leur cadet avoir la chance de baigner avec les cétacés avant qu’il ne soit trop tard, ils n’ont malheureusement pas les moyens de payer la note, ne pouvant au quotidien compter que sur un seul salaire. «On a toujours dit qu’il avait droit à sa place. Il a aussi droit à son rêve», défend M. Proulx. Les proches de Francis ont donc décidé de solliciter la générosité de la population via une levée de fonds  GoFundMe.

La réponse de l’entourage du jeune homme et de purs étrangers est jusqu’ici phénoménale. «Jamais on n’aurait pensé que ça prendrait cette ampleur-là. Francis est connu, il fait beaucoup d’activités et les gens l’aiment. Tout le monde veut faire sa part», explique M. Proulx.

Pour aider Francis

Un souper spaghetti, dont les billets seront vendus 15 $ chacun, aura lieu à la Salle des Chevaliers de Colomb de Granby le 14 avril afin de ramasser des fonds pour le voyage de Francis. Le nombre de places est limité à 125. Les personnes qui voudraient l’aider à réaliser son rêve peuvent aussi le faire via la campagne GoFundMe, en ligne depuis le 26 janvier dernier. Tous les détails, ainsi qu’un lien pour faire un don, sont disponibles sur la page Facebook Un rêve pour Francis. Au moment d’aller sous presse, les dons se faisaient néanmoins timides. Si la page de la campagne a été partagée plus d’une centaine de fois sur les réseaux sociaux, seuls 215 $ avaient officiellement été amassés en date du 20 février.