Une ultime patrouille pour Josée Tourigny

POLICE.  Elle a expérimenté le double métier de policier et de pompier à ses débuts. Elle a été la toute première femme à prêter serment au sein du Service de police de Granby. Après 32 ans de service, l’agente Josée Tourigny rentre au poste pour les dernières fois. Dans moins d’un mois, celle qui a dû faire sa place pour se faire accepter par le contingent masculin accrochera son insigne.

Les préjugés, les blagues de mauvais goût, l’absence d’un vestiaire et de douches pour les femmes, les chemises trop grandes, le manteau trop ample, le képi mal ajusté pour la photo officielle, l’apparition des congés de maternité, la première patrouille de nuit. Pendant une quarantaine de minutes, la gorge nouée à quelques occasions, Josée Tourigny a relaté quelques-uns des faits marquants de sa carrière. Un sympathique interrogatoire en compagnie de la matricule 60.

«Je viens d’une famille de trois filles et mes parents étaient très sévères à l’époque. C’était très important les études et il fallait que chacune des filles ait quelque chose pour s’affirmer, se débrouiller et bien vivre. C’était les critères», raconte la native de Trois-Rivières.

Au bout de sa réflexion, elle opte pour les techniques policières et le passage obligé à l’École nationale de police du Québec (ENPQ). «Mon père était très fier. Ma mère ne comprenait pas le principe que je m’en aille dans la police.»

Membre de la cohorte 1988 de l’ENPQ, Josée Tourigny postule partout en province afin de joindre les forces policières. «Je voulais être dans la police», avoue-t-elle en toute franchise.

Direction Granby

Après avoir été approchée par d’autres organisations policières, la future policière se joint finalement au Service de police de Granby. La toute première femme à qui on remettait un insigne, un uniforme et une arme de service.

«Le côté patrouille, j’ai adoré ça. Être en première ligne, c’est ce que j’ai préféré parce que c’est l’adrénaline en plus d’être près des gens et de les aider. Et on ne se le cachera pas….dans la police, on est curieux.»

Celle qui a ouvert le chemin aux policières à l’emploi du SPG aujourd’hui se dit fière d’avoir lutté contre les préjugés à l’égard des femmes.

«Comme je ne prenais rien de personnel, ça s’est bien passé. Je suis plus du genre à me fondre dans la foule (…). C’est sûr qu’il y a eu des gens plus tenaces, mais j’ai fait mon petit bonhomme de chemin et j’ai prouvé ce que j’avais à prouver.» «Mais j’ai dû mettre mon pied à terre quelques fois», prend soin d’ajouter l’agente de liaison.

Trois décennies plus tard, la voilà prête à rendre les armes. Bien que la policière de 54 ans caresse plusieurs projets personnels qu’elle entend mettre de l’avant prochainement, la vie au poste lui manquera, confie-t-elle.

«Pour le côté travail, je pense que je veux partir la tête haute. J’ai fait ce que j’avais à faire.»

 

Questions en rafales…

-La plus belle facette de votre travail de policière?

  • «Patrouilleur. C’est le plus beau métier.»

-Votre intervention la plus mémorable?

  • «Il y en a eu quelques-unes. Je me rappelle d’avoir eu un appel pour un vol de tracteur (…). On était monté jusqu’au rang du Nord, à Brigham, et il faisait noir comme chez le loup. Je ne savais pas trop où on était rendu. Une chance que mon partenaire était très bon.»

-Gardez-vous de bons souvenirs de votre séjour à la brigade incendie?

  • «J’ai adoré ça. C’était très physique, mais enrichissant.»