Vivre une semaine avec un panier de SOS Dépannage

«J’aimerais obtenir de l’aide alimentaire, s’il vous plaît.» Cette phrase, jamais on ne souhaite la prononcer, mais elle devient parfois inévitable. À l’aube de la Guignolée, GranbyExpress.com s’est glissé dans la peau d’une personne qui vient de perdre son emploi et a vécu une semaine avec pour seule nourriture, un panier remis par SOS Dépannage Moisson Granby.

10h, jeudi (14 novembre). Micheline, intervenante chez SOS Dépannage, m’accueille dans les locaux de l’organisme, situés sur la rue Matton, à Granby. Après m’avoir demandé de lui présenter ma feuille d’attente pour l’assurance emploi et une preuve de résidence, Micheline procède à la lecture, avec moi, de la feuille de fonctionnement.

«S.O.S Dépannage est un organisme sans but lucratif offrant un service de dépannage alimentaire TEMPORAIRE aux familles et aux personnes en attente de revenus ou vivant une situation d’urgence. […] Nous donnons de la nourriture pour une semaine à la fois (si les motifs le justifient) et lorsque vous êtes en attente d’un chèque vous pouvez revenir jusqu’à la réception de votre premier chèque», lit-on dans le document qui tient sur une page et qu’elle me remet ensuite.

Puisque ma situation, qui est temporaire, ne nécessite pas la mise en place d’un budget fixe, Micheline passe aux préférences alimentaires. Allergie(s)? Intolérance(s)? Des cuisses de poulet ou des languettes? Ai-je un animal? Besoin de litière, de nourriture? Café filtre ou instantané? «Des fois, on est capable de mettre de petits extras dans les paniers, comme du café et des bonbons», dit-elle.

Vient ensuite le moment de signer une décharge – les banques alimentaires sont protégées par la Loi du bon samaritain – et un formulaire d’autorisation de divulgation d’information afin que les différents organismes de la région (ACEF, Cuisines collectives, Partage Notre-Dame, etc.) puissent m’aider, le cas échéant.

Des victuailles à la tonne

10h45. Les bénévoles s’affairent à préparer le panier destiné à une personne vivant seule. Dix minutes plus tard, six sacs remplis à craquer m’attendaient sur le pas de la porte. Véritable surprise!

Si je m’attendais à n’avoir que quelques vivres pour la semaine, c’est plutôt la situation inverse qui se produit. Huit pains différents, six paquets de yogourt, douze saucisses à hot-dog, dix boîtes de conserve (maïs, pois, macédoine de légumes, macaroni à la viande, saucisses viennoises, condensés de soupe, fèves au lard, etc…), six beignes à l’ancienne, quatre œufs, quatre épis de maïs, deux oignons, une carotte, des mûres, un litre de lait, une boîte de craquelins, deux zucchinis, deux courges, une poire, un pamplemousse, un brocoli, un chou, un sac de cerises de terre, un litre de ketchup, un pot de sauce tomate pour pâte, un sandwich à la salade de jambon, une bouteille de vinaigrette, 500 grammes de beurre d’arachide, un paquet de biscuits, une boîte de céréales, une boîte de spaghetti, de macaroni et de Kraft Dinner, une boîte de riz, douze pommes de terre, une livre de bœuf haché, un bloc de fromage, une pomme, une orange, une cannette de liqueur, une demi-livre de beurre, deux rouleaux de papier de toilette, une barre de savon et une petite quantité de shampoing, de farine, de sucre, de café filtre, de chocolat en poudre et de gruau.

Première impression? Étonnée. «Je suis encouragée. J’ai plus de choses que ce à quoi je m’attendais. C’est varié», ai-je dit à mon collègue. Mais l’importante quantité de pains m’a déconcertée. Un pain à grains entiers, un aux noix et raisins, six croissants, six petits pains à sandwich, quatre pains Kaiser, un pain de seigle bavarois, un pain tranché au fromage et quatre bagels au pavot. Des glucides à la tonne!

L’enthousiasme a rapidement fait place à une légère inquiétude, celle de la planification des repas et de la répétition de ceux-ci. La nourriture prend rapidement une place de choix dans l’esprit, surtout lorsque je me rends compte que les repas vont être répétitifs, que les légumes sont en voie d’être périmés et que je vais devoir user de ruse pour faire rentrer les plats cuisinés et les pains dans mon petit congélateur.

Je me mets rapidement aux chaudrons et concocte six portions de macaroni à la viande et aux légumes. Question de ne pas perdre le brocoli, une courge et un chou, j’ai triché en prenant du bouillon de poulet que j’avais dans mon garde-manger. Résultat? Six portions de potage au chou et six portions de potage brocoli et courge. Je n’ai toutefois pas été assez rapide pour sauver les quatre épis de maïs et la moitié du casseau de mûres qui ont malheureusement pris la direction de la poubelle. Au menu aussi, sandwich aux œufs et cheddar accompagné d’un lit de craquelins, spaghetti sauce tomate et basilic gratiné au cheddar et languettes de poulet accompagné de riz et de zucchinis poêlés. Comme la nourriture était abondante, j’aurais pu aussi cuisiner un ou deux grilled-cheese, des hot-dogs et le traditionnel Kraft Dinner accompagné de morceaux de saucisses.

Constats

Visiblement, les gens aidés par SOS Dépannage ne mangent pas nécessairement à leur goût, mais ne sont pas sous-alimentés. Au contraire. En une semaine, j’ai à peine terminé un pain (sur les huit!), entamé un peu la boîte de céréales Avoines croquantes et le bloc de cheddar. Outre les légumes, les fruits et les protéines animales, j’aurais eu le nécessaire pour manger à ma faim pour une autre semaine. Seul hic? Le manque de saveurs. Amatrice de poivre noir et habituée de cuisiner avec des fines herbes fraîches, les plats préparés avec le panier manquaient de goût, mais j’ai relativement bien mangé, malgré l’unique portion de légumes et de fruit auxquelles j’avais droit quotidiennement. Si le panier de SOS Dépannage ne remplit pas les critères du Guide alimentaire canadien, il faut garder à l’esprit qu’il s’agit… d’un dépannage.

Au terme de ce reportage, GranbyExpress.com a remis un panier de nourriture équivalent en don à SOS Dépannage Moisson Granby.