Waterloo: cul-de-sac pour la pétition en faveur du maintien du CHSLD Horace-Boivin

SANTÉ. Alors que le comité de sauvegarde du CHSLD Horace-Boivin venait tout juste de trouver en la personne de François Bonnardel un député acceptant de déposer leur pétition, voilà que le document est irrecevable à l’Assemblée nationale, un revers toutefois bien loin de décourager son instigatrice.

Après la sortie publique de l’un des membres du regroupement et employé du centre d’hébergement, Alain Lafond, à la dernière séance régulière du conseil municipal de Waterloo, l’élu caquiste avait saisi la balle au bond. Il avait de son propre chef contacté le comité, acceptant de déposer au Salon bleu la pétition comprenant quelque 5000 noms. La mauvaise nouvelle n’est tombée que suite à une rencontre tenue lundi matin entre les représentants  et le député de Granby.

«Elle n’est pas recevable par le Secrétariat de l’Assemblée nationale, parce que son libellé contient plus de 250 mots et que le texte ne se retrouve pas sur les différentes pages. Je ne peux même pas demander qu’elle devienne conforme […]», déplore M. Bonnardel.

Ce dernier compte néanmoins remettre de nouveau le document au ministre de la Santé  en mains propres, même si ce dernier l’a déjà reçu lors d’une rencontre avec le comité de sauvegarde, le 19 septembre. L’ex-maire de Waterloo, Pascal Russell, Alain Lafond,  l’instigatrice de la pétition, Annie Gaudreau ainsi qu’un bénéficiaire, Marcel Brien, s’étaient déplacés à Québec pour l’occasion.  Élu depuis, le nouveau maire de Waterloo, Jean-Marie Lachappelle, s’est récemment joint au comité.

Celle qui a lancé l’initiative ne se laisse pas pour autant abattre. «S’il faut que je rédige une nouvelle pétition, je le ferai. Mais je m’en remets pour le moment  à M. Bonnardel et j’attends de voir les dénouements de sa rencontre avec M. Barrette»,  explique Annie Gaudreau, dont le frère est un résident de longue date du CHSLD menacé de fermeture dû à sa vétusté.

Notons que le député de Sanguinet, le péquiste Alain Thérien, avait aussi proposé son aide au regroupement pour le dépôt du document. L’aide du ministre responsable de la région de l’Estrie, Luc Fortin, avait aussi été sollicitée.

Un portrait global demandé

Si le rendez-vous de lundi concernait surtout la pétition, celui-ci ne constitue pas un coup d’épée dans l’eau, selon le leader parlementaire de la Coalition Avenir Québec. François Bonnardel dit avoir pu réunir toutes les informations pertinentes pour aller plus loin. Il compte d’ailleurs s’adresser directement au ministre.

«Je veux savoir combien coûterait une remise à niveau du CHSLD pour assurer sa pérennité, par exemple pour les 20 ou 25 prochaines années. Ce sont des éléments que le comité n’a pas, qu’on ne m’a pas donnés et que le ministre de la Santé ne m’a pas dits non plus», fait-il valoir.

Le fait que Québec n’ait exploré aucune alternative à la cessation des activités du CHSLD est inconcevable, estime également l’ex-maire de Waterloo, Pascal Russell.

«On aurait voulu qu’une étude évaluant une optimisation ou une reconstruction soit réalisée. La seule chose qui a été faite par le ministère, c’est une étude de vétusté», déplore-t-il.

Des yeux et des oreilles

D’autres éléments ont aussi été portés à l’attention du député de Granby, par exemple la volonté du comité de sauvegarde de voir un comité de vigie voir le jour, similaire à celui en place dans  les MRC Brome-Missisquoi et Memphrémagog. Ce dernier permettrait de faire le pont  entre la population et le Centre intégré universitaire de la santé et des services sociaux (CIUSSS).

«Présentement, on est loin du décisionnel et on n’a aucune idée de ce qui se passe. […]Nous, on veut vraiment pouvoir collaborer avec le CIUSSS, mais on ne veut pas être mis devant les faits accomplis», défend M. Russell.
L’idée est très bien reçue par François Bonnardel, qui compte porter leur message. «Toute la dynamique de décisions régionales que nous avions avant, on l’a nécessairement perdue (avec la création du CIUSSS). Ce comité de vigie pourrait en quelque sorte faire un contrepoids à certaines décisions qui pourraient être prises au détriment de notre région».

Enfin, le regroupement souhaite aussi que soit évaluée la possibilité d’octroyer une clientèle spécifique au centre d’hébergement afin de le maintenir en place.

Une décision imminente

Alors que Gaétan Barrette avait assuré au groupe venu à sa rencontre en septembre qu’une décision sur le sort du centre d’hébergement serait rendue d’ici le 1 <V>er<V> décembre, celle-ci n’est vraisemblablement pas encore arrêtée. «Le ministre m’a dit qu’il prendrait encore quelques semaines pour y penser»,  explique M. Bonnardel

Au moment d’aller sous presse, une responsable des relations avec les médias du ministère de la Santé, Marie-Claude Lacasse, indiquait que l’analyse était toujours en cours. «Une décision sera prise dans les meilleurs délais […] et annoncée en temps et lieu», faisait-elle valoir par courriel.

Une chose est sûre, le député du comté voisin ne compte pas lâcher le morceau au moment où s’amorce le dernier droit avant une annonce officielle. «Ils (les gens de Waterloo) ont comme eu l’impression, au début, que quand on a prôné les 198 nouveaux lits, on les abandonnait», explique M. Bonnardel. Il juge en effet que la construction du nouveau centre d’hébergement prévu d’ici 2019 à Granby, qui entraînerait la fermeture du CHSLD Horace-Boivin, ne pourra répondre à toutes les demandes et qu’en ce sens, Québec doit faire ses devoirs avant de se prononcer dans ce dossier.