Gabrielle Champagne: d’un défi à l’autre
PERSONNALITÉ. Après avoir fait ses premiers pas au Centre d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (CALACS), avoir mis sur pieds la Maison Alice-Desmarais et ouvert son propre cabinet de coaching, Gabrielle Champagne relève un nouveau défi. Depuis deux mois, la jeune gestionnaire est la nouvelle directrice générale de la Maison soutien aux aidants.
Arrivée à Granby à 17 ans, celle qui avoue n’avoir «jamais fait de plan de carrière», a d’abord fait des études en sexologie sans savoir qu’elle allait œuvrer dans le milieu communautaire. C’est durant son baccalauréat à l’UQAM qu’elle s’intéresse plus particulièrement à la violence faite aux femmes.
«Je trouvais qu’on n’avait pas suffisamment abordé la violence faite aux femmes et j’étais convaincue qu’il y en avait beaucoup», mentionne celle qui a choisi de faire ses stages au CALACS.
De stagiaire à chargée de projets, elle obtient ensuite un poste et demeure près de 8 ans au sein de l’organisme. C’est à la suite d’un congé de maternité où elle suit une formation en entrepreneuriat que le besoin d’un nouveau défi se fait sentir.
Elle veut se lancer dans le coaching et ouvrir son propre cabinet, mais ne se sent pas tout à fait prête. Se présente alors une opportunité rare, soit celle de bâtir un organisme de A à Z.
«La Maison Alice-Desmarais avait déjà un conseil d’administration et il cherchait quelqu’un pour partir l’organisme», indique-t-elle. Nous sommes alors en 2006 et la région ne dispose plus d’aucune ressource d’hébergement pour les femmes victimes de violence.
«On est parti de zéro, on a jeté les bases de cet organisme-là et on l’a implanté de A à Z», décrit Gabrielle Champagne qui agira à titre de première directrice générale jusqu’en 2011.
Cette mission étant accomplie, elle se sent enfin prête pour l’aventure du travail autonome et lance son cabinet de consultation en coaching. Durant une année et demie, elle y fera principalement de la formation auprès d’intervenants psychosociaux.
«Mon rêve était réalisé, je m’étais prouvée que je pouvais avoir mon propre cabinet et maintenant je pouvais le cocher sur ma liste! Encore une fois, j’avais besoin d’un défi…», raconte notre personnalité du mois qui se retrouve ensuite au privé.
On lui confie le mandat d’implanter une nouvelle structure interne dans un centre d’optométrie. «C’était de la gestion et c’est vraiment là que j’ai réalisé que c’est ce que j’aime faire le plus. Et c’est là-dedans que je suis la meilleure», réalise Mme Champagne.
Gérer la précarité
Depuis deux mois, Gabrielle Champagne dirige les opérations de la Maison soutien aux aidants, organisme qui vient en aide aux aidants naturels situé à l’angle des rues Paré et York à Granby.
En quatre ans, le nombre d’employés est passé de 4 à 37, l’offre de services a explosé, mais le financement des activités demeure un casse-tête. Pour combler son faible financement de base, l’organisme doit miser sur les dons, les activités-bénéfices et surtout sur le financement par projet.
Une réalité qui force la créativité et qui met énormément de pression sur les intervenants qui doivent constamment rendre des comptes et créer des projets, sans savoir s’ils vont obtenir de l’argent et conserver leur emploi.
«On a un défi à relever. On veut revoir nos processus et notre structure. J’ai la chance d’avoir l’appui d’un conseil d’administration impliqué depuis longtemps, qui connaît l’organisme et la cause», soutient celle qui espère un meilleur appui du gouvernement envers les organismes qui font le travail à la place de l’État.
Le projet de loi 10, qui vise à réaménager la structure du système de santé, l’inquiète. «C’est rempli de zones grises», estime-t-elle.