COVID-19: le besoin de main-d’œuvre bien présent sur les fermes
AGRICULTURE. La fermeture des restaurants et la diminution de la production des entreprises de transformation alimentaire provoquées par la pandémie ont causé plusieurs pertes dans le milieu agricole, rapporte l’UPA Montérégie. Et le besoin de travailleurs sur les fermes se fait aussi de plus en plus important. Malgré tout, les producteurs s’adaptent et ils attendent l’aide demandée.
Présentement dans la période «assez intense» des semis, les fermes maraîchères ont besoin de main-d’œuvre. Parce qu’elles embauchent normalement des travailleurs étrangers, le contexte actuel de la pandémie fait en sorte que le nombre est désormais limité. Et cela pourrait avoir un impact sur la production en fin de compte.
«C’est sûr que c’est un enjeu quand même important, a reconnu au bout du fil le président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie, Christian Saint-Jacques. Si [les fermes] pensent qu’elles n’auront pas leurs travailleurs pour les récoltes, là, il y en a qui [vont] penser à ne pas faire tous les semis au niveau de la culture maraîchère.»
Lancée récemment, la campagne «Travailler à la ferme: j’y vais sur-le-champ!» a pour but de pallier ce manque à gagner. Alors que dans la Montérégie on recherche quelque 2 000 travailleurs pour assurer le bon déroulement de la saison, déjà 1 000 personnes (aucun chiffre ventilé par région) avaient répondu à l’appel au moment d’écrire ces lignes.
«Vu le manque de travailleurs, on a lancé une campagne pour faire du recrutement au niveau des gens qui sont, entre autres, sur le chômage ou qui ont des disponibilités de travailler, a expliqué Christian Saint-Jacques. On a une trentaine de fermes qui ont donné leur nom comme quoi elles avaient besoin de travailleurs. Il reste à faire le jumelage entre ces personnes-là et les fermes. On est là-dedans. On s’attend quand même à une assez bonne réponse.»
La crise sanitaire pourrait-elle engendrer une pénurie dans le milieu agricole alors que la période des semences est lancée? Pour le moment, «c’est quand même assez sous contrôle», a indiqué M. Saint-Jacques.
«D’après moi, ce ne sera pas nécessairement une pénurie, mais ça peut faire que dans certains secteurs, il puisse y avoir moins de disponibilités, a noté le président de la Fédération. Peut-être que les prix vont augmenter un peu, mais c’est toutes sortes de scénarios qui peuvent arriver. Pour l’instant, c’est pas mal normal. On semble avoir un beau printemps […]. Les conditions sont idéales présentement. Il manque juste la chaleur.»
Prioriser l’achat local
Les producteurs agricoles espèrent que la pandémie amènera les gens à changer leurs habitudes de consommation. À prioriser l’achat local. Et déjà, certaines habitudes ont commencé à prendre forme.
«En temps de crise, des fois, on découvre des choses qu’on n’est pas habitués de voir ou qu’on ne connaissait pas, a fait remarque le porte-parole de l’UPA Montérégie. Beaucoup de gens s’aperçoivent que la sécurité alimentaire, ça va avec les produits qu’on consomme, qu’on mange. Des gens essaient de trouver leurs produits plus locaux. Ça a sensibilisé beaucoup de monde à l’achat local, entre autres.»
Selon M. St-Jacques, l’intérêt des gens pour l’achat local et les paniers préparés à la ferme ne sera pas éphémère. Bien au contraire. Il croit que ça perdurera dans le temps.
«Il va absolument y en avoir à long terme, a affirmé le principal intéressé. On voit un gros engouement. Les fermes qui font des paniers sont débordées de demandes. Les gens qui vont vouloir essayer ça cette année vont vouloir après ça continuer ces habitudes-là. Ça va créer quand même un certain rapprochement avec les fermes. On essaie [aussi] de conscientiser nos chaînes alimentaires de faire la promotion [de nos produits] et de les valoriser en magasin. Ce n’est pas évident, mais on met aussi beaucoup d’énergie à ce niveau-là.»
Donner les meilleures conditions
Comme bon nombre d’entreprises, les fermes ont dû mettre encore plus l’accent sur les mesures sanitaires demandées par le gouvernement pour «donner les meilleures conditions possible aux travailleurs».
«On n’a pas le choix en tant qu’employeur, a mentionné M. Saint-Jacques. On ne peut pas ne pas respecter les mesures de distanciation et de lavage de mains. Ça prend des équipements supplémentaires qu’on n’avait pas avant sur les fermes pour être sûr qu’on respecte toutes les normes de santé et de bien-être qui sont imposées. L’ensemble des fermes le fait. On n’a pas le choix. Il va y avoir des inspections qui vont être faites. Nos producteurs s’adaptent.»
Parce que la situation évolue constamment, le milieu agricole ne peut pas regarder plus d’une semaine à l’avance. «Il faut vraiment se tenir au courant, a insisté M. Saint-Jacques. Ça évolue. Ça change tous les jours. C’est pour ça qu’il faut suivre ça de près. On envoie de l’information à nos producteurs».