Les églises placées dans «une situation de déséquilibre»
COVID-19. Parce que les rassemblements ne sont plus permis, plusieurs églises doivent jongler avec des pertes financières significatives. La majorité des membres du personnel pastoral et de soutien a été mise à pied temporairement. Malgré tout, le curé des paroisses de Granby et de Saint-Alphonse-de-Granby, Danik Savaria, confirme qu’il n’est pas question de parler de fermeture.
«Non, on n’en est pas là, a-t-il assuré. C’est très difficile pour moi de chiffrer les pertes financières, mais on n’est pas à se questionner s’il y a des églises qui vont devoir fermer. On n’est pas là du tout. C’est évident que tout va dépendre de la durée de la crise et de la contribution quand va venir le temps de la reprise. On n’est pas non plus dans une situation alarmiste.»
Si dans certaines paroisses du Québec la situation est plus préoccupante, dans la région, M. Savaria confirme que celles de Granby sont «en relative bonne santé financière contrairement à d’autres milieux qui sont des milieux très fragiles et qui vont probablement être encore plus fragilisés suite à la crise».
L’absence de célébrations, des quêtes, des revenus de baptêmes, des mariages, des funéraires ou bien des locations de salles a drastiquement baissé les revenus des églises qui doivent continuer de payer certaines factures.
«Nous avions lancé au début du mois de février la campagne de souscription pour la dîme et les dons, a rappelé M. Savaria. Et cette campagne-là a été interrompue abruptement. Évidemment, ça nous a placés dans une situation de déséquilibre parce qu’on n’avait plus nos revenus habituels et on conservait toutes les dépenses. […] Presque tout le monde, en ce moment, est sur la PCU [Prestation canadienne d’urgence]. On est très actifs pour recourir aux programmes d’aide qui ont été mis en place.»
La situation actuelle a cependant forcé le milieu à conserver des postes clés comme la gestion du site Internet de la paroisse. «On se disait que c’est un service essentiel présentement, a expliqué le prêtre. C’est un des seuls moyens que nous avons de communiquer à nos gens.»
Danik Savaria ne cache pas que la pandémie place les établissements religieux devant beaucoup d’inconnus. Toutefois, il a bon espoir que les activités pourront reprendre éventuellement.
«On ne sait pas combien de temps va durer cette crise-là, a-t-il noté. On est conscient que s’il y a une reprise, ce ne sera pas comme avant. Juste les règles de distanciation sociale font en sorte que dans nos églises, on voit bien qu’il ne pourra y avoir le même nombre de personnes en même temps jusqu’à ce qu’un vaccin ait été trouvé. On est un peu inquiet dans le sens que si on n’a pas la moitié des revenus habituels, c’est évident qu’on va devoir aller plonger dans nos surplus. On a espoir éventuellement qu’il y aura une certaine reprise des activités dans les églises [avec le déconfinement graduel].»
Récemment, un appel a été lancé à ceux qui ne sont pas affectés financièrement par la crise et qui voulaient donner aux paroisses.
«Suite à ça, on a eu un soutien financier de plusieurs personnes et on les en remercie, a indiqué Danik Savaria. Ça va nous aider. On a encore des factures qu’on doit assumer. Cette crise-là, c’est l’occasion de mener une grande réflexion sur la façon d’utiliser les ressources d’Internet et de trouver de nouvelles façons de solliciter les gens pour faciliter les virements d’argent.»
«Les évêques catholiques du Québec travaillent de concert avec les responsables des autres églises chrétiennes et avec les responsables des autres religions, a ajouté M. Savaria. Il y a vraiment actuellement un dialogue interreligieux très intéressant.»