Quand la pandémie relance la folie du pouce vert
HORTICULTURE. Tous les moyens sont bons pour se changer les idées. De peur de s’ennuyer et d’être pris au dépourvu par la pénurie alimentaire, des jeunes et moins jeunes découvrent ou redécouvrent les plaisirs du jardinage grâce à la COVID-19. Ce désir soudain de jouer dans la terre se fait déjà ressentir chez les semenciers et les pépiniéristes qui sont pris d’assaut par les jardiniers en herbe et aguerris depuis quelques jours. Pas étonnant de voir une vraie ruée vers l’horticulture, selon des intervenants interviewés par le GranbyExpress.
«On avait remarqué une recrudescence de l’intérêt pour le jardinage chez la nouvelle génération il y a deçà quelques années. Mais présentement, c’est tout le monde qui s’y intéresse. Que ça soit au niveau des semences, des plants, des fines herbes, des légumes, des petits fruits (…). La demande est très forte et on le constate ce retour au potager», a indiqué Charles Fortier, directeur au Centre de jardinage Granby.
Présidente de la Société d’horticulture de Granby, Lise Deslauriers, n’en démord pas. Le jardinage fait du bien au corps et à l’esprit en tout temps et encore plus durant un confinement assure celle qui voit à l’entretien du grand jardin de l’Allée royale sur le site du Collège du Mont-Sacré-Cœur depuis 28 ans.
«Avoir les mains dans la terre, il n’y a rien de mieux. Faire un jardin, c’est ça la santé. Pendant que tu fais ça, tu oublies tout et on sait d’où provient notre nourriture», a mentionné Mme Deslauriers.
Des semis, petit ou grand jardin, potager urbain surélevé, bacs à fleurs convertis, plates-bandes transformées en coin jardin. Nul besoin d’investir une fortune pour avoir le pouce vert, selon nos deux interlocuteurs.
«Si les gens n’ont pas d’espace, une boîte à jardinage sur la galerie ou dans l’escalier va très bien l’affaire. C’est pas laid un plant de tomates dans un bac à fleurs (…). Et quelques sachets de semences, ça ne coûte pas les yeux de la tête», a laissé entendre la présidente de la Société d’horticulture de Granby.
«Le jardinage demande un peu d’ouvrage. Il faut en prendre soin de son jardin, mais ce n’est pas si compliqué que ça en suivant les étapes simples», a indiqué M. Fortier, du Centre de jardinage Granby.
Achats en ligne et approvisionnement
Ouverts depuis le 15 avril dernier avec l’accord de Québec, les centres de jardinage fourmillent d’activités ces jours-ci notamment chez ceux qui offrent le magasinage en ligne. Au Centre de jardinage Granby, le virage vers le commerce électronique fait d’ailleurs partie de sa stratégie.
«Au niveau des achats de semences en ligne, ç’a été très fort dans les débuts (de la pandémie au mois de mars).» «Dès qu’on reçoit une commande en ligne, on la prépare et les clients viennent chercher leurs achats dans un centre de ramassage sans contact», a expliqué Charles Fortier, du Centre de jardinage Granby.
Alors qu’on s’inquiète d’une éventuelle pénurie alimentaire advenant le cas où la pandémie de la COVID-19 se prolongerait, il n’en serait rien dans le secteur de l’horticulture, soutient M. Forcier.
«Les commandes ne se font pas de semaine en semaine ici. Pour les légumes, par exemple, les commandes sont faites à l’automne parce que les producteurs vont produire en fonction de la demande. Et en sachant ce qui s’en venait (pandémie), on s’est ajusté un peu en prévoyant le coup.» «Rendu à la fin mai et au début de juin, ça se pourrait qu’il y est une pénurie et que les retardataires n’aient pas un choix énorme. Mais pour l’instant, l’approvisionnement est régulier.»
Le regain de popularité pour le jardinage génère en outre un important accroissement des semences achetées en ligne. L’un des gros joueurs au Québec, la compagnie W.H. Perron, a d’ailleurs été pris dans ce tourbillon.
«On a une demande accrue du côté des semences pour les jardiniers amateurs. C’est plus que les dernières années. On parle d’une forte augmentation de l’ordre de 25 % et surtout dans un très court laps de temps», explique Martin Deslauriers, directeur des ventes chez Norseco (W.H. Perron).
«Ce qu’on a pris comme mesures dernièrement, c’est de cesser temporairement nos ventes en ligne pour les jardiniers amateurs pour maintenir un délai de livraison raisonnable (3 à 5 jours) par respect pour notre clientèle», a ajouté M. Deslauriers.
Après avoir fait le plein de matériel d’expédition (enveloppes!!!), le semencier québécois pourrait relancer ses ventes en ligne dès les premiers jours de mai, estime le porte-parole de la compagnie.