Antoine Bertrand «maître du suspense»

CINÉMA. Il a séduit le Québec autant par sa personnalité attachante que par son immense talent et l’aventure ne fait que commencer. À compter du 17 décembre, c’est dans la peau d’un troublant éducateur en garderie que l’on va retrouver Antoine Bertrand au grand écran grâce aux Maîtres du suspense.

Lorsqu’on lui demande de décrire son personnage de Quentin, un éducateur en garderie mésadapté au monde adulte, Antoine Bertrand le compare à un mélange de Norman Bates (personnage du film Psychose d’Alfred Hitchcock) et de Caillou.

«Je dirais plutôt 75%-25% pour Caillou, sinon on n’aurait pas une comédie!», précise-t-il. Un ratio que l’on pourrait aussi appliquer au film en ce qui concerne le mélange des genres entre comédie et suspense.

«On pourrait qualifier ça de suspense comique. On joue sur la notion de suspense. Les gars écrivent des polars, alors on garde la tension. Stéphane Lapointe (réalisateur) a toujours le souci que tu ne t’emmerdes jamais. D’ailleurs, tu ne t’emmerdes jamais avec lui, alors c’est un film à son image», explique le sympathique acteur.

Il s’agit d’une première collaboration pour le Granbyen avec le réalisateur Stéphane Lapointe. Une expérience réussie. «Stéphane, c’est une bibitte. J’aime ça décoder les bibittes, les calmer. Je suis très premier degré dans la vie et lui est plutôt 5e, 6e degré», raconte Antoine.

Pour ceux qui l’ignorent encore, Les maîtres du suspense raconte l’histoire d’Hubert Wolf (Michel Côté) un auteur à succès qui sous-traite l’écriture de ses livres à un auteur obscur (Robin Aubert) qui lui se tourne vers un éducateur en garderie (Antoine Bertrand). Le tout sur fond de vies personnelles déjantées et de road trip en Louisiane.

Un voyage que n’a pas détesté l’interprète de Louis Cyr. «C’était génial! J’étais déjà allé il y a 15 ans avec le fils de madame Quinlan (mairesse de Bromont). On était allé fêter le Mardi Gras. La Nouvelle-Orléans, c’est un melting pot culturel. C’est une ville qui bouge», témoigne-t-il.

Le souvenir de la bouffe des frères Guilbault l’a particulièrement marqué. «On se traitait de «couillons» (prononcer avec l’accent cajun), on a eu beaucoup de plaisir», poursuit le comédien.

En santé le cinéma québécois

«Mon désir est toujours qu’il y ait un plus grand nombre de personnes qui consomment les films d’ici. Il y a un cynisme qui n’est pas nécessaire et je n’ai pas l’intention d’en rajouter. Quand on va commencer à faire des films pas bons, là je m’inquiéterai.

On fait des bons films, on a un cinéma de qualité. Tout le monde dans l’industrie se réveille le matin avec l’intention de faire le meilleur cinéma possible. Il y a pas mal plus d’effort dans la piastre que pour un bout de rue.

C’est notre identité culturelle aussi. Est-ce qu’on veut voir des films de Batman toute notre vie? Là, on ne s’ennuie pas de notre cinéma parce qu’il est là. Le jour qu’il n’y aura plus d’argent pour le financer, il va être trop tard.

Les héros obscurs du cinéma

Lors de ses émouvants remerciements à la cérémonie des prix Jutra, Antoine Bertrand a remercié tous les membres de l’équipe de Louis Cyr: du responsable de barrer les rues jusqu’au distributeur de café.

«Un film, c’est un travail d’équipe. Gagner des prix c’est le fun ne serait-ce que pour donner des tapes dans le dos de ces gens-là qui tiennent notre industrie à bout de bras. Ils font de longues journées, éreintantes. Ce ne sont pas des jobs faciles, mais tout le monde garde une bonne attitude. C’est nécessaire de les mettre en valeur et je sais que c’est apprécié.»

Boomerang et Intouchables

En mars et avril prochain, Antoine Bertrand joue au Théâtre du Rideau vert en compagnie de Luc Guérin dans Intouchables, une adaptation du film français du même nom.

On le retrouvera aussi au petit écran à compter de septembre sur les ondes de TVA dans la nouvelle série Boomerang. Projet développé par sa copine Catherine-Anne Toupin (Le prénom, Unité 9) qui lui donne la réplique.

«C’est l’histoire d’un couple qui fait faillite et qui retourne vivre chez les parents de la fille. Une comédie-vérité, toujours entre le rire et le drame. On a des chicanes de famille mémorables!», annonce Antoine Bertrand.