«Bienvenue Welcome» à l’Hôtel de l’Ancien presbytère
THÉÂTRE. Imaginez si l’on pouvait voir passer en rafale toutes les histoires vécues dans une même chambre d’hôtel à travers les décennies… Le Théâtre de l’Ancien presbytère a cogité autour de cette idée et le résultat a produit la pièce Bienvenue Welcome présentée du 29 juin au 26 août.
Par Ugo Giguère
Distribution bien connue pour les fidèles du théâtre granbyen, on verra Martin Gougeon (coauteur et metteur en scène), Laurie Gagné (coauteure) et Benjamin Déziel. Une nouvelle tête s’ajoute à la bande, soit Andrée-Anne Lacasse.
En plus des deux comédiens qui signent quelques scènes, les autres auteurs qui ont contribué à l’assemblage sont Martin Barry, Amélie Bergeron (assistante à la mise en scène), Patrick Golau et Louis-François Grenier.
«J’ai lancé l’invitation aux auteurs: il faut que ça se passe dans une chambre d’hôtel, avec quatre acteurs. Est-ce qu’il y a une époque qui vous parle? Ce n’est pas évident, car en 20 secondes, il faut savoir c’est qui, c’est quand, c’est quoi et on est où», explique Martin Gougeon.
Au final, après des semaines d’édition et de réécriture, on obtient un spectacle de dix saynètes entrecoupées de numéros de cabaret pour éviter les temps morts. «On rebondit sur les commentaires des gens, note Laurie Gagné. On se faisait dire que les transitions sont longues, alors on resserrait. On se questionnait beaucoup sur comment faire en sorte que les transitions soient inexistantes?»
Les scènes évoluent sur 10 ans, de 1900 à 2000. Un siècle vu à travers une chambre d’hôtel. En fait, on alterne entre la chambre et le bar où se produisent les numéros de cabaret! Et là encore, les styles de numéros demeurent inspirés de chaque époque.
«C’est sans prétention de raconter l’Histoire du Québec. On rencontre des personnages typés qui représentent leur époque et qui vivent un moment qui aurait pu se produire dans une chambre d’hôtel», précise Martin Gougeon. Par exemple, Laurie Gagné a imaginé une scène de bûcherons dans les années 1920 qui se préparent à partir dans le bois. Scène que son collègue Benjamin Déziel aime particulièrement… «C’est grivois!», prévient tout de même son auteure.
Les comédiens tenaient aussi à mentionner le travail de Marie-France Chouinard aux costumes et aux accessoires. «Elle avait tout un mandat! Habiller 40 personnages avec 1 500$, elle a fait des miracles. Avec un seul accessoire ou un détail de vêtement, on situe tout de suite l’époque où on est», affirme un Martin Gougeon admiratif.
Travailler ses rires
Laurie Gagné a tâté du stand-up dans la dernière année et elle s’intéresse beaucoup à la mécanique de l’humour. «Ce qu’on fait ici, ça reste du théâtre, mais on a un pied dans l’humour. Et en humour, il y a un travail constant d’amélioration», mentionne-t-elle.
Pour Martin Gougeon, c’est une facette que le public oublie souvent. «C’est comme un musicien qui fait ses gammes et moi, j’ai un fun noir à comprendre le pourquoi derrière le rire. Quand tu réussis à étirer l’élastique juste assez et que tu le relâches avec des éclats de rire, c’est jouissif!»
Ce plaisir d’explorer l’humour explique aussi en partie pourquoi la formule des saynètes. «Le concept permet d’être plus proche du comique, sinon ça prend une courbe dramatique pour bâtir une histoire», reconnaît Martin Gougeon.