Catherine Trudeau vue par… Carl Gobeil

«La Machinerie de l’Imaginaire», c’est la photographe Catherine Trudeau qui joue à Willy Wonka dans les parcs industriels de la région. Culture G a invité le technologue en architecture Carl Gobeil (alias Gob lorsqu’il sort son chevalet de peintre), à visiter l’exposition au Centre culturel France-Arbour.

Au premier coup d’œil, c’est l’éclat des couleurs qui frappe. On s’y attendait un peu compte tenu du parcours de l’artiste dont le studio se nomme Le Point Rose. Ce projet marque toutefois une rupture importante avec son travail passé. Alors qu’elle a souvent travaillé le portrait et même mis en scène des tableaux avec de nombreux modèles, Catherine a cette fois évacué toute forme de vie de sa nouvelle série.

La première image donne le ton à l’expo. Les imposants silos de la Coopérative des Montérégiennes se dressent dans un décor pastel. «C’est la première qui est vraiment sortie à mon goût», révèle la photographe qui a eu recours au financement populaire pour réaliser son projet.

Devant la photographie, Carl Gobeil exprime sa fascination. «La perspective est forte, j’adore les points de fuite. La Coop à Granby, c’est un peu comme les grandes cathédrales des capitales, on la voit de partout», relève celui qui habite la région depuis une dizaine d’années.

Pour un architecte, dessiner une usine ne représente pas un grand défi de créativité. La forme, la superficie et l’efficacité pratique du bâtiment supplantent largement l’apparence dans la liste de priorités. 

«Il reste tout de même une petite partie où l’on peut se laisser-aller, souvent dans la section qui sert à accueillir les bureaux», ajoute notre invité qui a particulièrement apprécié les photos des usines Ultima, Topring, Super Décapant et la Laiterie Chagnon.

L’immeuble Oxygène Granby possède une touche d’originalité avec son mur rideau noir en façade. Une caractéristique intéressante, mais peu répandue parce qu’elle coûte cher, explique Carl Gobeil. La photographe s’est amusée à remplacer les cases noires par un jeu de couleurs qui rappelle le Rubik Cube.

«La couleur, ça fait du bien!», lance Catherine Trudeau qui se désole des tons ternes des bâtiments industriels. Elle partage même son rêve de construire un jour sa propre usine à la Willy Wonka! «Elle va être rose, avec des points de couleur!»

Ce même rose qui habille l’usine Pyrospray aux fenêtres garnies de fleurs. Une inspiration puisée à même les lunettes de la propriétaire, raconte l’artiste. Une touche féminine bienvenue dans la réalité industrielle souvent machiste.

Catherine Trudeau a utilisé des filtres devant la lentille pour donner sa touche de fantaisie colorée aux décors. Des ajouts ont aussi été apportés en graphisme.

Waterloo est à l’honneur sur le troisième mur. On adore particulièrement le clin d’œil du ciel en peau de vache derrière la Laiterie Chagnon. Notre expert en architecture lui s’amuse de la marquise en forme de «papier coincé dans l’imprimante».

«Elle réussit à rendre esthétique et à trouver de l’intérêt dans ce qui est inesthétique», résume Gob. Le meilleur exemple de cette théorie s’observe dans le tableau de la Fonderie Waterloo. Une imposante boîte bleue, défraîchie, d’où sort une excroissance de tuyaux et réservoirs et autour de laquelle traînent toutes sortes d’objets.

«Quand j’ai bâti le projet, c’est ça qui me parlait. C’est exactement ça la Machinerie de l’imaginaire», confirme la photographe.

L’exposition La Machinerie de l’Imaginaire, de Catherine Trudeau, se poursuit jusqu’au 7 décembre, au Centre culturel France-Arbour. L’horaire des visites est le samedi et dimanche, de 13h à 16h; lundi, mardi et mercredi de 14h à 17h.

Ugo