Christiane Perron et l’art de regarder

Nous sommes tous des artistes du crayon lorsque l’on est petit, mais pour plusieurs cet élan naturel pour le dessin se perd en grandissant. Si toutefois le plaisir de renouer avec vos crayons vous prend, c’est vers Christiane Perron qu’il faut se tourner.

Récemment installée à Granby, l’artiste peintre et muraliste a déjà laissé sa trace à quelques endroits dans la région. On lui doit notamment la murale à l’entrée de l’école St-Jean, ainsi que celle de la nouvelle salle Esperanza de St-Joachim-de-Shefford.

«Quand tu veux gagner ta vie avec la peinture, il faut que tu t’adaptes», soutient la dame native du quartier Limoilou à Québec. C’est donc par l’entremise de designers d’intérieur qu’elle a débuté sa carrière de muraliste dans les commerces et institutions.

Dans son porte-folio, elle compte des restaurants, des marchés d’alimentation, des hôpitaux et des centres de loisirs. On trouve ses œuvres aux quatre coins de la Montérégie, que ce soit à Sorel, Saint-Hyacinthe ou Granby.

Habituée aux formats géants, elle se permet un petit clin d’œil aux victimes du syndrome de la page blanche. «Quand ta feuille a 15 pieds de large et 10 pieds de hauteur, t’as des bibittes dans le ventre!», glisse-t-elle en riant.

Toutefois, les artistes amateurs la connaissent moins pour ses réalisations que pour sa qualité d’enseignante. Depuis quelques années, Christiane Perron s’efforce de transmettre ses connaissances au public en offrant des cours de dessin à l’Université du 3e âge, ainsi qu’à Vie culturelle et communautaire de Granby.

«J’ai beaucoup de plaisir à enseigner», assure-t-elle en exhibant des œuvres de ses étudiants au premier et au dernier cours. Dans certains cas, l’évolution paraît surréaliste.

Et pourtant, l’artiste dit mettre simplement l’emphase sur les qualités d’observation de ses élèves. «Je leur apprends à bien regarder», résume-t-elle.

Regarder et aussi ressentir. Des aptitudes qui se développent dans le silence. «Quand mes élèves viennent au cours, il n’y a pas de musique, c’est silence. Il faut entendre ce qui monte de vous. Parfois, c’est juste un frisson. Ça ne fait pas beaucoup de bruit. Il faut savoir l’entendre», décrit Mme Perron.

Du réel à l’abstrait

Christiane Perron enseigne le portrait et peint des paysages ou des scènes de la vie quotidienne, mais se laisse aussi parfois entraîner dans l’émotion de l’abstrait. Après avoir ouvert les portes de sa résidence à GranbyExpress.com, elle a accepté de nous dévoiler ses plus récentes séries de production.

Elle travaille sur des compositions de courbes aux couleurs vives qui rappellent les dessins de spirographes. Pour en arriver là toutefois, l’artiste insiste sur l’importance de maîtriser d’abord le figuratif. «Il faut savoir dessiner le réalisme pour pouvoir le déconstruire», dit-elle.

Pour Christiane Perron, la maîtrise du réalisme a commencé à 8 ans sur les bancs de l’école des Beaux-Arts de Québec, puis dans l’ancienne école du meuble et jusqu’aujourd’hui.