Emmanuel Parent: quand le pseudonyme prend congé

MUSIQUE. Le rappeur granbyen Emmanuel Parent range pour la toute première fois son pseudonyme, «Dirty» et l’entièreté du personnage l’entourant au placard, le temps d’un nouvel et douzième album intitulé Présentable.

L’artiste de 30 ans portait un veston, mardi soir, lors de son lancement officiel tenu dans l’un des locaux de l’Académie Musikarts de Granby. Il ne s’en cache pas ; à l’instar de ce look vestimentaire, son nouveau projet détonne lui aussi, moins provocateur et surtout «moins cru».

Il n’y a là aucun hasard: Emmanuel Parent souhaite se présenter sous un jour différent et du même coup gagner en crédibilité, espérant que ce choix réfléchi lui ouvre de nouveaux horizons. «Dirty, c’est mon univers, mon personnage depuis le début. J’avais besoin de faire autre chose, de montrer que je suis quelqu’un de créatif et de présentable, comme le titre de mon album», explique celui est qui aussi animateur, battle-rappeur et promoteur. Il performe depuis 2001 et enregistre depuis 2006.

L’opus, qui a été enregistré au studio Musicoman d’Yves Gariépy, contient six pièces ainsi qu’une septième «cachée». De nombreux collaborateurs y ont ajouté leur voix et leur son, dont le mentor d’Emmanuel Parent, Caly, KC Haile, Smike et DJ Horg. Sa professeure de chant Marianne Michaud y collabore sur deux pièces, notamment sur celle «bonus». Le vidéoclip officiel de «Are U Ready?», le premier extrait du EP, est d’ailleurs déjà disponible que le web.

Un bon coup de pouce

C’est grâce au programme Jeunes Volontaires, subventionné par Emploi-Québec, qu’il a pu consacrer la dernière année à son projet. «Je m’en allais là-bas (au Centre local d’emploi) pour avoir une subvention pour être concierge dans une maison des jeunes. On peut voir que la vie, des fois, nous donne un coup de pouce. D’un matin à l’autre, ce n’est plus la même histoire», raconte celui qui a ensuite été accompagné par le Carrefour Jeunesse Emploi des Cantons de l’Est.

Cette opportunité lui a ainsi permis de donner une nouvelle dimension à cette passion qui l’anime depuis plus de 15 ans. «Le rap, c’est ma vie, c’est ma passion, c’est ma ligne directrice depuis le début, du point A au point B», explique-t-il.

Rejoindre les jeunes

Emmanuel Parent n’entend pas en rester-là. Il ira, dès le moins prochain, directement à la rencontre des adolescents par le biais d’une tournée des maisons des jeunes de la région. Cinq d’entre elles sont déjà prévues à l’horaire. Le chanteur veut les sensibiliser à différents enjeux qui se sont faits une place sur son dernier album: la maladie mentale, la parentalité à l’adolescence, l’intolérance ainsi que les amitiés toxiques.

La chanson Smiley, avec ses sonorités davantage reggae, aborde quant à elle la délicate question du suicide. Il s’agit là d’un enjeu qui touche personnellement le rappeur puisqu’il a perdu deux de ses proches de cette façon. «Il fallait vraiment que je fasse quelque chose. À mon propre étonnement, c’est une chanson qui est quand même joyeuse».

Emmanuel Parent souhaite, dès l’an prochain, tenter sa chance au Festival international de la chanson de Granby. «Dirty n’est pas mort», a tenu par ailleurs à préciser le rappeur lors de son lancement. Il compte en effet poursuivre ses activités artistiques avec ce personnage et prépare déjà, en parallèle, un deuxième projet signé Emmanuel Parent, intitulé EMM.