FICG 2009: un grand cru qui se confirme

RÉTROSPECTIVE. Alors que s’ouvre aujourd’hui le 46e Festival international de la chanson de Granby, les paris sont ouverts pour dénicher les vedettes de demain. Il y a cinq ans, on se doutait bien que l’on assistait à une édition de rêve, mais à quel point? Qu’un ou deux participants d’une cuvée fassent carrière en chanson n’est pas rare, mais cinq? Du jamais vu selon des observateurs de longue date de l’événement. Regard sur le chemin parcouru par cinq leaders de la nouvelle génération en chanson dont les carrières ont toutes pris naissance en 2009.

Aucun des trois observateurs mis au défi de dénicher une meilleure édition n’y sont parvenus. Serges Ruel, Daniel Dupré et Pierre Fortier conviennent tous qu’il s’agissait d’une grande cohorte, voire de la meilleure en 45 ans.

Cliquez ici pour lire leur analyse de l’édition 2009.

 

 

Patrice Michaud – Lauréat 2009

Premier album, Le Triangle des Bermudes, lancé en 2011

4 nominations à l’ADISQ en 2012: Album folk, Révélation de l’année, Réalisateur de disque (David Brunet), Scripteur de l’année

Nominations au prix Félix-Leclerc en 2011, 2012 et 2014

Deuxième album, Le feu de chaque jour, lancé en 2014

Prix de la chanson SOCAN 2014 pour Mécaniques générales

Quels souvenirs gardes-tu du FICG 2009?

Je garde plein d’affaires, mais d’abord les rencontres avec des participants qui m’ont marqué. Il y a des relations qui se sont développées et il y a des carrières que je suis aujourd’hui. Salomé Leclerc, entre autres, avec qui j’ai enfin pu collaborer sur mon deuxième album (Le feu de chaque jour).

Qu’est-ce que tu venais chercher au festival?

Mes chansons étaient bonnes et dépareillées, puis je faisais des contes en parallèle. Je prenais conscience que je pouvais faire ça ensemble sur une scène.

À l’époque avais-tu conscience de la qualité de la cohorte?

J’avais pleinement conscience que ces gens-là allaient rester. J’avais plus de certitude dans leur avenir que dans le mien! Un gars comme Nevsky qui ne fait pas la finale, ça m’a sidéré. J’avais betté sur ce cheval-là!

Cinq ans plus tard, te voyais-tu où tu es en ce moment?

Non, pas vraiment. Je suis d’un naturel très peu ambitieux. Ce qui vient souvent avec l’ambition, c’est la peur de l’échec et je n’ai pas envie de ça dans ma vie. Karim (Ouellet) est passé assez vite au stade de nouvelle sensation à écouter, moi ç’a été plus un build up progressif. C’est tellement moi, je suis plutôt marathonien que sprinter. De toute façon, je suis asthmatique.

 

 

Karim Ouellet – Finaliste 2009

Premier album, Plume, lancé, en 2011

Prix Album pop au GAMIQ en 2011

Deuxième album, Fox, lancé en 2012

Prix Félix-Leclerc 2013

5 nominations à l’ADISQ en 2013: interprète masculin, album pop, chanson populaire (L’amour), choix de la critique et réalisation

Prix Juno Album francophone de l’année en 2014

Quels souvenirs gardes-tu du FICG 2009?

Mon meilleur souvenir vient surtout de mes rencontres avec les autres musiciens, chanteurs et chanteuses. Alex Nevsky et Patrice Michaud sont des gars qui sont restés mes bons amis encore aujourd’hui. C’est aussi parmi mes premiers concerts professionnels où je faisais mes propres chansons au Québec.

Le moins bon souvenir, c’est le fait qu’en final je n’ai rien gagné du tout! Je suis resté un peu amer par rapport à ça. Je n’étais pas triste, mais je ne comprenais pas. C’était une petite humiliation. Je me disais que j’avais peut-être volé la place de quelqu’un.

24e et dernier demi-finaliste à monter sur scène, as-tu trouvé cela difficile? Avais-tu en tête que tu devais «tasser» quelqu’un pour avoir une place en finale?

Ce n’était pas difficile, mais j’étais anxieux. C’est l’aspect concours de tout ça qui me rendait anxieux. Au moment de monter sur scène, je me concentrais sur mes trois chansons et faire de mon mieux. J’étais conscient de ça… oui et non.

Est-il plausible de croire que c’est Alex Nevsky qui a été laissé de côté par le jury?

J’ai pensé à ça aussi. On se ressemblait un peu à l’époque. On faisait des chansons guitare, clavier qui parlent d’amour. C’est possible.

À l’époque, avais-tu conscience de la grande qualité de votre cohorte?

J’avais mes coups de cœur, je m’attendais vraiment à ce que ce soit Salomé Leclerc qui gagne! C’était vraiment bon ce qu’elle faisait. Alex (Nevsky) m’a aussi beaucoup marqué. Je trouvais tout le monde bon, certains étaient plus professionnels que d’autres. Certains étaient plus rodés que d’autres.

Cinq ans plus tard, te voyais-tu là où tu es en ce moment?

Pas du tout! Je n’arrive jamais à m’imaginer bien des années à l’avance. Quand j’ai fini Granby, j’avais quatre ou cinq chansons et quelques mois plus tard j’ai fait mon premier album (Plume). C’est allé très rapidement à partir du moment où j’ai décidé de ne faire que de la musique. Je suis toujours un peu surpris du succès parce que je ne fais pas des chansons avec la mission qu’elle tourne à la radio ou de me booker des shows.

 

 

Salomé Leclerc – Finaliste 2009

Premier album, Sous les arbres, lancé en 2011

Nominations Révélation de l’année et meilleure pochette d’album à l’ADISQ en 2012

Nominations au prix Félix-Leclerc en 2012, 2013 et 2014

Lancement d’un deuxième album, 27 fois l’aurore, en septembre 2014

Quels souvenirs gardes-tu du FICG 2009?

J’ai rencontré énormément d’artistes avec qui j’ai continué de collaborer et qui sont devenus des amis. C’est deux semaines complètes où tu fais des rencontres. J’y allais dans l’esprit de fermer la porte des concours et d’évaluer où j’étais dans la relève. C’est aussi la première fois où je me retrouvais avec des musiciens d’expérience, David Brunet et un band de feu, et ils avaient l’air d’aimer mes tounes. C’est pas mal fort et très précieux comme sentiment.

À l’époque, avais-tu conscience de la qualité de votre cohorte?

J’étais au balcon, dans la salle, quand Patrice (Michaud) a fait son soundcheck. C’est la première fois que je l’entends et je me souviens de m’être retournée vers Stéphanie Boulay qui le connaissait pour lui dire: Ok, ça c’est vraiment fort! C’était le Cahier Canada je pense. J’aimais Karim (Ouellet) et Michèle (O.) aussi, mais je n’avais pas eu cette impression-là.

Cinq ans plus tard, te voyais-tu là où tu es en ce moment?

Pendant que j’étais à l’école de la chanson, je me disais que je voulais faire le festival et sortir un disque. Il s’est passé deux ans avant l’album (Sous les arbres). Je m’attendais à ce que ça débouche plus vite, mais c’est moi qui a mis le brake à un moment donné. En ce moment, je devrais déjà avoir lancé le deuxième, alors je suis un peu en retard, mais l’album (27 fois l’aurore) sort en septembre.

 

 

Alex Nevsky – Demi-finaliste 2009

Premier album, De lune à l’aube, lancé en 2010

Nomination Étoile montante au GAMIQ en 2010

Nominations Album pop rock et Révélation de l’année à l’ADISQ en 2011

Deuxième album, Himalaya mon amour, lancé en 2013

Nomination au prix Félix-Leclerc en 2014

Nomination au prix Juno Album francophone de l’année en 2014

Quels souvenirs gardes-tu du FICG 2009?

C’est un peu paralysant le Palace! Je suis peut-être celui qui a eu le moins de répercussions parce que je n’ai pas fait la finale, mais Yann (Perreau) était dans la salle et il a trippé sur ma façon d’interpréter. C’est là qu’il m’a invité à faire 20 premières parties.

J’ai aussi fait des rencontres uniques. J’ai tissé des liens avec ces artistes-là que j’ai vus à leurs débuts.

Avais-tu l’impression d’être le 5e finaliste, celui que Karim a réussi à sortir de la liste des juges au dernier moment?

Si c’est le cas, Karim je l’haïs! (rire) Sans blague, je ne pensais pas vraiment à ça, mais je me souviens que Pierre Fortier m’avait dit après la finale que j’étais vraiment proche, alors c’est possible.

À l’époque, avais-tu conscience de la grande qualité de votre cohorte?

Je voyais que les autres étaient vraiment pros. Pat Michaud avait tellement d’assurance, il racontait ses histoires, c’était drôle. Salomé était magnétique sur scène. J’ai rencontré Stéphanie (Boulay) là-bas et j’ai trippé sur sa poésie. Karim, je pense que l’offre était trop nouvelle pour les gens, mi-rap, mi-chanson. Moi, je savais que c’était tous des artistes que j’écouterais!

Cinq ans plus tard, te voyais-tu là où tu es en ce moment?

J’espérais ça, mais j’espérais plus du premier disque (De lune à l’aube) en fait. Ce que j’espérais du premier, ça se passe aujourd’hui. J’ai du plaisir à faire de la scène et j’espérais surtout du succès pour mes chansons et ma musique. À l’école de la chanson, on écrivait nos souhaits. J’avais écrit que je voulais signer avec Audiogram, que je voulais vendre environ 20 000 albums et avoir un certain succès dans le milieu… J’ai eu tout ce que je voulais!

 

 

Stéphanie Boulay – Demi-finaliste 2009

Lauréate des Francouvertes 2012 avec le duo les Sœurs Boulay

Prix GAMIQ Nouvel artiste au plus grand potentiel en 2012

Premier album, Le poids des confettis, lancé en 2013

Prix Félix Révélation de l’année en 2013

Prix Félix album folk en 2013

Nomination auteur ou compositeur de l’année à l’ADISQ en 2013

Nomination choix de la critique à l’ADISQ en 2013

Prix GAMIQ artiste de l’année et album folk en 2013

Album francophone ayant cumulé le plus de ventes numériques en 2013

Nominations au prix Félix-Leclerc en 2013 et 2014

Quels souvenirs gardes-tu du FICG 2009?

De tellement beaux souvenirs et d’autres tristes en même temps. J’étais vraiment insécure. Après un atelier, j’étais restée assise au piano et je pleurais. David Brunet était venu me réconforter. Je n’étais pas prête à vivre ça à 100%. Mais il y a aussi plein de gens avec qui je suis restée amie depuis.

Qu’est-ce que tu venais chercher au festival?

Je cherchais à vivre des trucs, autant humains qu’artistiques. J’avais besoin de jammer et de rencontrer des gens. Je venais aussi pour les deux semaines d’ateliers qui te permettent de te rapprocher de ce métier-là. De graviter autour d’un métier auquel normalement tu n’as pas accès.

À l’époque avais-tu conscience de la qualité de la cohorte?

J’avais conscience qu’il y avait du talent hors de l’ordinaire. C’était une édition de feu! Je ne comprenais pas que j’aie ma place là.

Cinq ans plus tard, te voyais-tu où tu es en ce moment?

Je n’espérais rien! Je ne pense pas que j’aurais pu voir si loin. J’ai déjà dépassé mes attentes. Depuis ce temps-là, ma vision du métier, de l’ambition et du succès a vraiment changé. Je suis à un stade où je me dis que je suis bien là où je suis présentement.