Florent Vollant musicien nomade

Quand il n’est pas en mouvement, il perd l’équilibre. Pour lui, le mouvement, c’est la musique. Depuis 40 ans, il est la voix innue qui chante la présence autochtone d’un océan à l’autre et même au-delà. Vendredi, Waterloo a un grand rendez-vous avec le musicien nomade Florent Vollant.

L’album Puamuna a mis quelques années à germer dans sa tête et ses doigts. Dans son studio de Maliotenam, il a pris son temps pour travailler la matière. Il y rapporte ses bouts de voyages, ses souvenirs, ses réflexions. Une à une.

«Je m’inspire beaucoup de mes déplacements. J’ai la chance de voyager dans les communautés du Nord et dans les grandes villes. Je raconte ce que j’entends, je parle des rencontres que je fais», partage l’artiste qui a entre autres visité Winnipeg, les Îles-de-la-Madeleine, la Baie James et Havre-St-Pierre au cours de l’été.

De retour à la maison, il témoigne en chanson. «Je parle des communautés cris et innus, de ma famille, de ma gang…», précise-t-il. Cette fois-ci, Florent Vollant fait un pas de plus toutefois. Il s’ouvre. Un peu.

«Je parle de ma mère. C’est une chose que je ne fais pas souvent… J’ai perdu mes parents quand j’étais très jeune. C’est la première fois que j’en parle en chanson. Pas nécessairement parce que c’est douloureux, mais je ne parle pas de moi-même dans mes chansons.»

La pièce Nikaui (mère) lui est dédiée. Une balade berçante et douce à la guitare acoustique.

Où sont les jeunes autochtones?

Lors de plus récent Festival international de la chanson, Granby a eu l’occasion de faire connaissance avec Matiu. Jeune auteur-compositeur-interprète au folk-rock festif et à l’énergie contagieuse, il est la relève en provenance de Maliotenam. Et il peut compter sur un coup de main de son aîné…

«Matiu! je l’ai vu hier justement, s’exclame Florent Vollant à l’évocation du jeune homme. Je veux l’aider. Si je peux, je veux lui éviter des détours inutiles. Je voudrais lui ouvrir le chemin, que ce soit plus facile pour lui.»

En le voyant sur la scène du Palace en août dernier, on s’est demandé où étaient les autres. Comment ça se fait qu’on ne voit pas d’artistes autochtones? Pourtant, les communautés sont partout!

«La moitié de la population autochtone a moins de 25 ans et beaucoup de jeunes ont besoin de s’exprimer. On ne les entend pas, mais dans toutes les communautés y en a des musiciens. Y en a assez pour qu’on ait un festival de musique depuis 33 ans», répond le doyen.

Pourtant, il n’y a aucun support pour la culture autochtone. Radio, télé, à l’exception de la chaîne des Premières nations APTN, c’est le néant. Le «peuple invisible» comme le dénonce le documentaire réalisé par Richard Desjardins. 

«Quand vois-tu un visage, une voix autochtone à la télévision? Le CRTC exige un pourcentage de chansons francophones sur les radios. Pourquoi pas un pourcentage de chansons autochtones? Même si c’était seulement 1%». Effectivement. Pourquoi pas?

Continuer

Qu’on parle de lui ou pas. Qu’on fasse tourner ses chanson ou pas. Qu’on l’invite à la télévision ou pas. Florent Vollant continue.

«J’ai un studio depuis 20 ans et ça fait 40 ans que je suis sur la route. Moi, je continue. Je fais ma musique pour moi, pour ma communauté. Je me permets des tounes de 7 minutes! Je m’amuse!»

Il émane de ce vieux routier de la chanson une candeur et un réel bonheur à jouer de la musique et à parler de musique. Un plaisir qu’il partage avec «sa gang» et son public.

«Ce que je souhaite, c’est d’entrer en contact avec les gens. Je reçois une très belle écoute.

J’aime ça débarquer en gang. J’ai besoin de ces moments-là, j’ai besoin d’être avec mes amis. Les gens qui viennent me voir, c’est du monde ouvert d’esprit, du monde de qualité.»

Florent Vollant sera en spectacle à la Maison de la culture de Waterloo, dans le cadre des Grands rendez-vous, ce vendredi 21 octobre à 20h.

Vous pouvez aussi le voir à l’émission Clé du studio sur la chaîne APTN et au aptn.ca.

Ugo