Granby sur la route de Richard Séguin
Richard Séguin approche le demi-siècle de carrière. Il est déjà demi-dieu de la chanson depuis longtemps. Un monument vivant qui continue de nourrir le répertoire québécois chaque fois qu’il reprend la route. Et pourtant, il a toujours les yeux rivés sur les Horizons nouveaux.
Au sens propre, les «horizons nouveaux» réfèrent à l’avenir qui s’offre aux millions de réfugiés qui trouvent la quiétude dans leur nouvelle terre d’accueil. «Malgré leur détresse, ils peuvent encore rêver à des horizons nouveaux», observe-t-il dans la pièce Au bord du temps.
L’artiste ajoute cependant que chacun peut remplir lui-même l’espace de ses propres horizons. Si l’on peut avoir souvent l’impression que rien ne change ou que le monde va de mal en pis, Richard Séguin demeure optimiste. «Je pense qu’on fait du progrès», note l’auteur de Journée d’Amérique.
«J’ai la lucidité du rêveur. Mon rêve est devenu plus pragmatique. Avant, je pensais qu’on changeait le monde de façon globale. Maintenant, c’est par de très petits gestes qu’on change le monde. Même avec de petits gestes, on voit qu’il y a quelque chose qui se transforme», souligne le célèbre citoyen de St-Venant-de-Paquette.
«J’ai toujours à cœur le bien commun… je ne rêve pas de gagner à la loto!», rigole-t-il.
Respecter le cycle
Chaque créateur développe sa façon bien personnelle de mener ses projets à terme. Pour Richard Séguin, il s’agit d’abord de respecter le cycle. «Quand je décroche, je disparais. Il faut prendre un temps pour s’oxygéner. Il faut aussi prendre le temps que les chansons arrivent.»
«L’écriture c’est une présence dans l’absence. C’est un travail d’une grande solitude, mais où je pense à tous ceux que j’ai vus en tournée. Je suis beaucoup à l’écoute des gens», révèle celui qui compte 14 albums originaux.
Encore aujourd’hui, il admet trouver conseil dans Le calepin d’un flâneur de Félix Leclerc. Des réflexions comme «Si l’eau est brouillée, ne va pas jouer dedans» ou encore «Quand il y a trop de bruit, aie le réflexe du chevreuil et enfonce-toi dans le bois».
«C’est un métier qu’on apprend seul. Avec les hommes rapaillés, l’un des sujets qui revenait le plus souvent c’était comment chacun travaillait sa chanson», raconte-t-il.
Sur la route…
S’il y a un thème qui colle aux accords de Richard Séguin depuis le début, c’est la route. Ces kilomètres dans l’harmonica et dans le texte lui viennent de Kérouac. L’auteur qui lui a «ouvert tous les possibles».
Mais ces images d’asphalte ou de gravier sont plus qu’«une des belles métaphores de la vie». «Marthe et moi, on voyage ensemble et la route devient comme une deuxième maison pour nous. On part à la rencontre des gens. On va vers le monde», confie-t-il.
Richard Séguin, Les Horizons nouveaux, au Théâtre Palace de Granby, samedi 21 janvier à 20h.
Ugo