Guylaine Tremblay nouvelle «Nana» des Québécois

THÉÂTRE. Dans l’univers de Michel Tremblay, Nana est la mère de famille, «la grosse femme», sa maman. Pour les Québécois, Nana, c’était Rita Lafontaine… Le public orphelin a dû se réfugier dans d’autres bras et ce sont ceux de Guylaine Tremblay qui se sont ouverts dans la nouvelle version d’Encore une fois, si vous permettez.

La mère de Michel Tremblay n’a jamais rien su, rien lu, rien vu de la carrière de son illustre fils. Au moment de la présentation de ses premières pièces de théâtre, elle avait déjà quitté ce monde. Rhéauna Rathier vit toutefois à travers l’œuvre de l’auteur qui a choisi de la partager avec les Québécois.

Dans Encore une fois, si vous permettez, le narrateur ne demande qu’une dernière chance de revoir sa mère et de lui faire ses adieux. Probablement le plus bel hommage que l’on puisse trouver dans la littérature québécoise.

«C’est une immense déclaration d’amour. Michel Tremblay a écrit la pièce 20 ans après son décès parce qu’elle lui manquait trop. Ce qu’il dit c’est Encore une fois, si vous permettez, j’aimerais ça lui parler, l’entendre, la coller…», raconte la comédienne Guylaine Tremblay.

Elle se souvient d’ailleurs avoir assisté à la création originale, en 1998. «Je m’étais dit: Mon Dieu, quelle pièce extraordinaire», se rappelle-t-elle.

«Nana vient chercher la mère en moi. Elle a beaucoup d’inquiétudes face à ses enfants. Elle veut qu’ils réussissent, qu’ils soient heureux. Le drame, c’est qu’elle sait qu’elle va partir», décrit celle qui a aussi fait partie de l’aventure Belles-Sœurs dans le rôle de Rose Ouimet.

L’héritière de Rita Lafontaine

Il y a bientôt un an, le décès de Rita Lafontaine ébranlait le Québec qui pleurait une idole. Une grande actrice et une fidèle complice de Michel Tremblay. «La mort de Rita est arrivée la veille de notre première. On était vraiment sous le choc», confie Guylaine Tremblay qui croit avoir pu compter sur sa présence «quelque part».

Rita Lafontaine était une actrice au talent immense, dotée d’une sensibilité communicative et d’une personnalité toute simple, qui permettaient au public de se projeter en elle. Tout le monde voulait une sœur, une tante, une mère comme Rita Lafontaine…

Exactement comme avec Guylaine Tremblay. «C’est sûr qu’avec l’âge, on devient des mères à l’écran. Peut-être que les gens s’identifient à l’image maternelle», suggère-t-elle. Ses amis lui répètent aussi souvent qu’elle a un don pour l’écoute.

Et Guylaine Tremblay n’a pas l’intention de renier ce nouveau rôle de figure maternelle emblématique même s’il implique les confessions du public sur la rue.

«Les gens sont super respectueux! Ils me saluent, ils me disent on vous aime beaucoup madame Tremblay et toujours dans un grand respect, alors c’est apprécié», assure-t-elle.

Encore une fois, si vous permettez, un texte de Michel Tremblay, mis en scène par Michel Poirier, avec Guylaine Tremblay et Henri Chassé, au Théâtre Palace de Granby, ce mercredi 22 mars à 20h.

Ugo