Kéno Beauregard: peindre à dessein

PEINTURE. Kéno Beauregard peint par besoin et pour ne pas avoir de regrets. Un artiste dédié et ambitieux dont le plan débute par un passage à la galerie Boréart.

Dans le comble qui lui sert de chambre et d’atelier, au milieu des bouquins, des toiles et des films, Kéno Beauregard assimile, digère puis met en image tout ce que ses sens enregistrent. «Je suis très présent quand je consomme quelque chose, que ce soit un livre, un film…», mentionne-t-il.

Après avoir mis de côté ses crayons et pinceaux durant environ huit ans par obligations familiales et autres aléas de la vie, il s’y est remis il y a un peu plus de deux ans. «Pour ne pas avoir de regrets», confie le jeune père de 38 ans.

Sa longue abstinence a permis de laisser mûrir ses idées et ses ambitions artistiques. En revenant à sa création, il a établi son plan pour amener son talent à un autre niveau puis faire connaître son travail du milieu de l’art.

Kéno s’est tourné vers des classes de maîtres auprès d’artistes dont il admire le travail comme Robert Liberace. Il a augmenté sa cadence de production et tente de multiplier les occasions d’exposer ses œuvres. L’objectif avoué de l’opération est de démontrer aux galeristes qu’il est sérieux dans sa démarche.

Fascination brute: du dégoût à l’appétit

Tel est le thème de l’exposition, «un clin d’œil à Bossuet et Gainsbourg», précise-t-il. (Une citation du premier, reprise dans une chanson du second.) On y retrouve des sujets qui attisent la fascination de Kéno, les vénus, la boxe et entre les deux une société grevée de violence.

Ses vénus, ces beautés, ils les tirent de son admiration pour La Vénus à la fourrure, roman de Leopold von Sacher-Masoch publié en 1870. «C’est de là que vient le terme "masochisme", mais il n’était pas d’accord avec l’idée», souligne celui qui dit avoir lu plusieurs fois le bouquin.

En parallèle, une série de combattants en sueur et en sang laisse transparaître sa passion pour la boxe. «Une parfaite métaphore de la vie, estime-t-il. C’est le rêve américain. Pas le beau, mais le vrai. Le pauvre peut avoir sa chance à travers quelque chose d’aussi dur.»

Cette série rend hommage à quelques combattants qu’il tient en haute estime. On ne peut toutefois s’empêcher de relever une violence qui transpire de l’ensemble de l’œuvre. «Il y a tellement de violence partout, peut-être que ça me prend une soupape. C’est un constat de la société, de la vie», répond l’artiste.

Un livre d’art

En plus de l’exposition, un livre d’art à tirage limité (200 exemplaires) sera mis en vente. Une idée qui a germé après avoir vu le catalogue accompagnant l’exposition de Jean Côté. Avec l’aide de son ami graphiste, Seb Dubé, il a plongé dans le projet avec l’idée de créer un véritable livre d’art.

Le résultat final est impressionnant de par la qualité du graphisme et de la texture du papier. Une valeur ajoutée qui lui servira de magnifique carte de visite auprès des galeristes et autres marchands d’art.

L’exposition Fascination brute: du dégoût à l’appétit, par Kéno Beauregard, à la galerie Boréart du Centre culturel France-Arbour, jusqu’au 30 octobre. Un vernissage aura lieu ce dimanche de 13h à 16h.

Ugo