La manière Bélanger

Z’il y a la manière de quitter le monde, chante-t-il. Z’il y a aussi la manière de le retrouver le monde. Daniel Bélanger, énigmatique rock star dont le génie musical rivalise avec celui des mots, est rompu à l’art des retrouvailles. D’un album à l’autre, les genres passent, mais le feu demeure et la tournée Paloma n’y fait pas exception.

Quand on a la stature d’un Daniel Bélanger, il suffit de mettre le pied sur scène pour allumer un public déjà conquis. Le défi reste d’entretenir l’enthousiasme: la manière Bélanger s’en charge avec une efficacité redoutable.

En toute cohérence, il faut bien ouvrir la tournée Paloma par une pièce dudit opus. Les notes de Tout viendra s’effacer donnent le ton avec cette promesse de lendemain tout neuf. Message d’espoir qui agit comme antidote avant de plonger dans le registre ténébreux du catalogue.

Paloma, la colombe, vient symboliser une paix intérieure qui apaise les tourments… Mais on ne peut s’empêcher d’y voir aussi une paix retrouvée avec le passé.

S’ensuivent donc huit pièces de l’anthologie Bélanger, des Insomniaques à Rêver mieux en passant par les Quatre saisons. Un enchaînement tout simplement parfait pour flatter le fan de longue date qui savoure ses succès favoris. Le tout culmine avec la puissante Intouchable et immortel qui enflamme un Palace debout, dansant et chantant juste avant l’entracte.

Après avoir mis la table avec le passé, on est prêt au retour pour la pièce de résistance. Les musiciens, Bélanger en tête, se lancent avec un plaisir évident dans l’interprétation de la collection Paloma. Il y a tant à faire, Métamorphose, Ère de glace et, plus tard, Le fil animent la deuxième moitié du spectacle.

Encore une fois, la manière Bélanger opère afin de maintenir le niveau de bonheur des vieux admirateurs encore vierges du plus récent matériel. L’enchaînement Rêver mieux, Te quitter, Parapluie a de quoi combler les plus rétifs d’entre tous (vous savez ceux-là qui n’ont pas compris les parenthèses Déflaboxe et Chic de ville).

Derrière le chanteur, le quatuor Alain Quirion, Alex McMahon, Jean-François Lemieux et Guillaume Doiron semble littéralement se gaver du répertoire Bélanger. On voit rarement un tel entrain de se taper des relectures chez des pros de la sorte. Il faut admettre qu’ils se paient la traite à injecter de la puissance rock à certains classiques.

Mention spéciale à Alain Quirion pour la démonstration de thérémine. Faire chanter les ondes, les mains flottant dans le vide, a quelque chose d’ésotérique et de spectaculaire à la fois.

La tournée Paloma se poursuit partout au Québec jusqu’en juin avant de reprendre à l’automne. S’il y a un incontournable dans la liste des spectacles en tournée c’est bien celui-là. Attrapez-le quelque part, Daniel Bélanger ne demande que de vous en mettre plein les oreilles.

Ugo