La meilleure des 45 éditions du FICG?

RÉTROSPECTIVE. Qu’un, deux ou même trois participants d’une édition du FICG fassent carrière en chanson n’est pas rare, mais cinq? Du jamais vu selon des observateurs de longue date de l’événement.

Serges Ruel est en quelque sorte «l’historien non officiel» du festival. La mémoire de celui qui a vu pratiquement toutes les éditions est souvent mise à contribution. Mis au défi de dénicher une cohorte à l’impact aussi majeur sur l’industrie musicale québécoise, il n’y arrive pas.

«C’est une grosse année. On a eu Lynda Lemay et Nelson Minville, Joe Bocan et Marie-Denise Pelletier, mais cinq artistes de la même cohorte qui font carrière non», conclut-il.

Le directeur général Pierre Fortier, qui sortait de deux cohortes plus faibles en 2007 et 2008, se souvient d’«une finale exceptionnelle». «Là, c’est mon cœur qui parle et pas le DG. On rêve chaque année d’avoir des éditions où les artistes de la finale font un chemin aussi grand, mais on ne sait jamais si les participants vont avoir la ténacité et la volonté de continuer», souligne-t-il.

Sur le coup, est-ce que le flair de Pierre Fortier pouvait prédire le succès individuel de chacun? «Nous le souhaitions. On voyait le talent de mélodiste exceptionnel de Karim. Même chose pour Patrice Michaud, qui était déjà un homme mature, mais on se demandait est-ce qu’il veut vraiment faire de la musique dans la vie? On ne le sait pas! Salomé, ce n’est quand même pas de la pop qu’elle fait. Et Nevsky, il y a cinq ans, ce n’était pas autant abouti», résume l’organisateur ravi de ce qu’ils ont accompli.

Chauds débats dans le jury

Daniel Dupré coordonnait le jury qui avait la tâche de sélectionner les quatre finalistes du concours. «Je trouve qu’on n’a pas échappé grand monde», commente-t-il d’abord en révisant la liste des noms de l’édition 2009.

Avec des artistes comme Alex Nevsky et Stéphanie Boulay laissés de côté, on se doute que les discussions ont dû être serrées. Ce que confirme M. Dupré. «Ils ont eu de bons commentaires. Alex (Nevsky) n’était pas prêt, sa voix n’était pas bien travaillée, ses influences étaient trop présentes et la qualité des textes n’était pas toujours bonne. Malgré tout, le jury trouvait qu’il avait un très grand potentiel», raconte-t-il en relisant les rapports de l’époque.

«Dans le cas de Stéphanie, les juges la trouvaient très nerveuse. Ils ont quand même remarqué des qualités d’écriture très intéressantes», poursuit celui qui enseigne au Cégep de Granby.

Anecdote intéressante, c’est Karim Ouellet qui a passé la coupure de justesse. «Karim s’en est sorti avec la voix et la musique, surtout avec ses arrangements et son jeu de guitare. Il y avait aussi une fraîcheur chez lui. Mais il y a eu des discussions très serrées parce que Karim est passé en finale avec plus de commentaires négatifs qu’Alex ou Stéphanie», révèle l’ex-président du jury.

«L’avenir nous le dira»

Bien qu’il ne soit pas en mesure de trouver une cuvée équivalente à celle de 2009, Pierre Fortier croit que l’avenir pourrait changer la donne. «Les éditions suivantes ont été bonnes aussi. En 2010, Lisa Leblanc, Hôtel Morphée, King Melrose, Beaulac, Mordicus, c’est une bonne année. Dans deux ans, on va peut-être parler de 2010 et dans trois ans de 2011 avec Mathieu Lippé et Klô Pelgag», espère-t-il.