L’intimidation: on peut s’en sortir

Même dans les pires histoires d’intimidation, les happy ends existent. Nicolas Vandal en est la preuve vivante et le Granbyen veut le faire savoir en publiant Le cauchemar de l’intimidation. Un récit biographique où il livre tout sur cet enfer qui a failli lui coûter la vie.

Un handicap à la jambe qui le fait boiter, un problème de bégaiement, une famille moins nantie, ces trois aspects de la vie de Nicolas Vandal ont ouvert la voie aux pires mesquineries imaginables. De la maternelle jusqu’à la fin de son secondaire, il ne s’est pas passé une journée sans qu’il ne soit visé de façon gratuite par des injures, des coups ou des mauvais tours.

Ces gestes et paroles à répétition ont fini par user sa confiance et son estime personnelle. Ils ont peu à peu miné sa santé mentale et aussi physique. «Plus les semaines et les mois passaient, plus je m’enfonçais dans la déprime. Je n’avais plus la moindre pensée positive. Le soleil avait pris une retraite anticipée et l’obscurité régnait autour de moi», écrit-il dans le livre publié aux Éditions La Semaine.

La descente aux enfers l’a amené jusqu’à attenter à sa vie en avalant une douzaine de comprimés de Ritalin. Il s’en est heureusement tiré sans séquelles, mais l’issu aurait pu être beaucoup plus dramatique.

Nicolas Vandal a finalement retrouvé le goût à la vie et il s’est reconstruit petit à petit une estime de soi bien solide. Sur son chemin, il a fait la rencontre du chanteur Martin Deschamps par l’entremise d’une émission de Vrak-TV. Il a ensuite croisé la route de l’enseignante Claire Bergeron qui l’a écouté.

Aujourd’hui, le jeune homme de 24 ans qui étudie au Cégep de Granby – Haute-Yamaska lance un véritable guide de survie face à l’intimidation. Une étape de plus dans son cheminement personnel, mais surtout un geste altruiste. «Je le fais pour eux, les jeunes qui sont victimes d’intimidation, pour qu’ils puissent s’identifier à un modèle», dit-il.

N’allez cependant pas croire que l’auteur dont l’écriture coule comme de l’eau éprouve un besoin de popularité. «Je ne suis pas une vedette, je déteste la télé, mais je sais que les médias servent à passer le message à un plus grand nombre possible de gens», souligne Nicolas qui apparaît sur toutes les tribunes malgré une timidité à peine dissimulée.

Son combat se joue contre le fléau de l’intimidation. «On parle beaucoup de Marjorie Raymond et de David Fortin, on parle des victimes qui ne s’en sont pas sorties. Je pense qu’on envoie un mauvais message. Ça dit qu’on ne s’en sort pas. Moi, je veux montrer qu’on peut s’en sortir», affirme le natif de Sainte-Cécile-de-Milton.

«C’est quand même correct qu’on en parle, avant on n’en parlait pas, on banalisait», s’empresse-t-il d’ajouter en soulignant qu’il est «très content» de voir la place qu’occupe l’intimidation dans le débat public.

Pour le futur, Nicolas Vandal préfère prendre la vie un jour à la fois, mais il projette d’étudier en travail social, probablement à l’Université de Sherbrooke. À travers son processus personnel et les nombreux témoignages qu’il a livrés dans les écoles, il dit avoir découvert une vocation pour aider les autres.

«J’ai développé une capacité d’empathie qui fait que les gens viennent me voir et me racontent leurs problèmes. Je ne suis pas psychologue, mais je suis là pour les écouter», raconte-t-il.

Il insiste surtout sur deux points: les victimes doivent parler et leur entourage doit dépister les signes d’isolement. Un jeune qui s’isole, qui change de comportement ou dont les notes périclitent cache probablement un problème beaucoup plus lourd qu’il ne veut bien le laisser croire.