Manon Lussier à l’école des Saints-Anges

THÉÂTRE. L’abus de pouvoir, la hiérarchie, les dynamiques de «gang» sont des thèmes éternels. On ne réinvente pas les relations humaines. C’est ce qui rend toujours aussi pertinent le théâtre de Michel Tremblay et la pièce Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges présentée ce jeudi à 20h au Théâtre Palace.

La comédienne native de Granby, Manon Lussier, tient le rôle de sœur Sainte-Thérèse de l’Enfant-Jésus (et accessoirement celui de la mère de Pierrette). Si elle n’a pas vécu les classes religieuses, elle se souvient qu’«il y avait toujours une sœur qui enseignait quand j’étais à l’école primaire St-Joseph».

Elle se rappelle aussi qu’elle devait porter «un uniforme bleu» à son entrée à l’école. «Mais l’année suivante on portait ce qu’on voulait. Ça changeait à cette époque-là», mentionne-t-elle.

L’histoire se déroule en 1942 dans une école dirigée par une congrégation religieuse. «Ce n’est pas demain la veille qu’on sort de la Grande noirceur», note Manon Lussier. Tout de même, un personnage sort du lot et laisse entrevoir une première lueur d’émancipation féministe.

«Ste-Catherine, le personnage joué par Lynda Johnson, avec qui je forme un duo, elle va faire quelque chose de révolutionnaire. Elle vit des choses qui bousculent sa foi, c’est une figure très avant-gardiste», mentionne la comédienne.

Reste que c’est d’abord à un fin jeu de pouvoir auquel on assiste. Une fascinante partie d’échecs à plusieurs mains où toutes les stratégies sont permises.

«Le pouvoir reste le pouvoir. Qu’on ait un bonnet sur la tête ou pas, le pouvoir hiérarchique existe encore. Le rapport à l’autorité et à l’abus de pouvoir demeure le même», expose celle qui fait partie de la distribution originale depuis la création en 2010.

«L’autre aspect qui est intéressant, c’est le passage à l’adolescence des jeunes filles. Elles découvrent leur sensualité et les pulsions de la puberté. Ça non plus ça n’a pas changé!», fait remarquer Manon Lussier.

Et si sur scène les écolières et les religieuses vivent leur «trip de gang», c’est aussi le cas des comédiennes qui se côtoient depuis belle lurette.

«Ça faisait quatre ans qu’on ne l’avait pas jouée. C’est une reprise surprise, mais c’est très agréable. Pour nous, c’est un show de gang!», lance-t-elle.

Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges, un texte de Michel Tremblay adapté par Serge Denoncourt, mise en scène de Jacques Rossi, avec Josée Beaulieu, Isabelle Drainville, Danielle  Lépine, Manon Lussier, Muriel Dutil, Lynda Johnson, Marie-Ève Milot, Sylvianne Rivest-Beauséjour, Marianne Dansereau, Jade Bruneau et Maxime René de Cotret.

Ugo