Marc Boucher et l’art de la résistance

«La culture, ça se cultive», philosophe le baryton Marc Boucher au bout du fil. Alors que son nom résonne dans les salles de concert partout en Europe, c’est en toute discrétion qu’il est attendu dans la région pour se joindre au Noël chez les troubadours de l’Harmonie des saisons.

Parmi les invités qui ont répondu à l’appel de Mélisande Corriveau et du chef Eric Milnes pour les trois concerts de Noël de l’Harmonie des saisons, le nom de Marc Boucher vous dit peut-être quelque chose. Peut-être que non.

Pourtant, comme plusieurs de ses collègues, le baryton jouit d’une réputation internationale forgée au fil de ses 18 ans de carrière. De grands interprètes lyriques tenus à contre-jour du regard médiatique par la surexposition des pop stars commercialisées.

«L’attention des médias est débalancée, croit Marc Boucher. On vit à l’ère de la consommation et du divertissement, mais l’art nécessite plus d’attention et de temps pour être apprécié.»

Devant ce constat, l’art lyrique apparaît clairement à contre-courant de la société occidentale actuelle. «Internet et la télévision sont en mode instantané, alors qu’une voix lyrique, ça prend 10 ans à former», renchérit l’interprète.

Face à l’industrie de la consommation rapide, une seule option s’impose: la résistance. «Oui! De la résistance, mais nous ne sommes pas les seuls à résister. Il faut résister à la machine commerciale du divertissement dont le seul but n’est pas la culture, mais de faire de l’argent», acquiesce l’artiste.

Pour lui, des initiatives comme le Festival Classica qu’il a fondé à St-Lambert ou l’Harmonie des saisons dans la région, sont des gestes de résistance. Des façons de ramener les gens à la musique.

«Au Québec, il y a toujours eu une base de gens qui apprécient la musique. Dans les années ’50, il y avait des orchestres partout et les gens allaient aux concerts», rappelle celui qui a réussi à attirer 36 000 festivaliers à Classica, l’été dernier.

De Poulenc à Petit papa Noël

Marc Boucher a passé beaucoup de temps en Europe au cours des huit dernières années. Il revient d’ailleurs tout juste de l’Hexagone où il a offert une série de récitals. Voyage lié à l’enregistrement de l’intégral de l’œuvre de Francis Poulenc, sur l’étiquette ATMA.

Habitué des récitals symphoniques et des opéras, le chanteur tend à se spécialiser dans les mélodies françaises. Pourtant, lorsque le directeur musical Eric Milnes lui a demandé ce qu’il avait envie de chanter, il a répondu God rest ye merry, gentlemen, l’Ave Maria de Schubert et… Petit papa Noël!