Normand Cazelais: biographie d’une génération

LIVRE. Normand Cazelais fait partie de ces gens qui semblent avoir vécu plusieurs vies en une seule. Géographe, aménagiste du territoire chez Hydro-Québec, enseignant, journaliste, animateur radio, chroniqueur télé, auteur et père de famille, il a de quoi remplir une autobiographie!

L’intérêt de Chronique d’une vie sur deux millénaires, comme l’indique le titre, réside dans le portrait des baby boomers que dresse l’auteur. «L’objectif n’est pas tant de raconter ma vie que celle d’un témoin participant d’une génération charnière», explique celui qui publie son 25e ouvrage.

Par le récit de son parcours, de l’enfance à la retraite, il se fait le reflet de ce qu’ont vécu ses contemporains. «On a été une génération choyée, on pouvait changer le monde», note-t-il en citant l’affranchissement de la religion et les luttes étudiantes et sociales.

Après avoir publié des documents de géographie, des outils de voyage, des romans, l’exercice se voulait «un devoir de mémoire» pour Normand Cazelais. Lui-même regrette de ne pas avoir été «plus curieux de connaître l’histoire de (ses) parents». Il souhaite que ce livre aide ses enfants ou d’autres générations «à avoir une meilleure idée de la vie qu’on menait».

Récit et réflexions

Les chapitres du bouquin de 290 pages sont divisés par thèmes qui permettent à la fois à l’auteur de cheminer dans la chronologie du récit et d’y semer ses réflexions. Ses observations sur les «déclencheurs» des grandes transformations sociales et culturelles donnent notamment une bonne idée du sentiment d’émerveillement des Québécois.

On peut facilement se mettre dans la peau d’un jeune homme qui découvre le monde à Expo 67 ou qui expérimente une toute nouvelle conception de la musique avec l’Osstidcho.

Les sections sur sa carrière à Hydro-Québec et ses collaborations à Radio-Canada révèlent aussi un intéressant point de vue de l’intérieur des sociétés d’État.

Critiques

Lorsqu’il regarde le Québec d’aujourd’hui, Normand Cazelais est fier de ce qui a été accompli. Il ne peut toutefois réprimer quelques critiques. «On ne prend pas soin collectivement de notre espace habité. Ailleurs, on subventionne l’agriculture pour garder les champs en vie. Ici, des terres retournent en fardoches et on ferme des villages. Un peuple a le devoir de prendre soin de son territoire», se désole-t-il en dénonçant le «discours utilitariste».

À son avis, il manque une pensée géographique dans la gestion de l’occupation du territoire.

Indépendantiste convaincu, il regrette que les Québécois se soient dit «non» à deux reprises. «On n’a toujours pas la maîtrise de notre destin et du développement de nos ressources», soutient le géographe.

Chronique d’une vie sur deux millénaires, Normand Cazelais, Éditions Fides, 2015. Disponible en librairie.