Patrice Michaud musicien littéraire

SPECTACLE. Il ne passe pas une journée sans que Patrice Michaud ne tourne quelques pages d’un bouquin. Une passion des mots et des livres qui s’entend dans ses chansons où il cite notamment Réjean Ducharme et Paul Éluard.

Depuis quelques semaines, la pièce Kamikaze tourne en boucle sur les radios du Québec. Le premier extrait de son troisième album Almanach est construit autour du vers «Car l’amour, ce n’est pas quelque chose… c’est quelque part.» Une phrase tirée du roman Le Nez qui voque de Réjean Ducharme.

«Savoir qu’une phrase de Réjean Ducharme circule à la planche sur les radios commerciales, c’est comme si le petit gros de la classe venait de gagner», partage avec fierté Patrice Michaud.

Pour l’auteur-compositeur-interprète, la lecture prend autant de place que la musique dans sa vie.

«C’est une passion qui est arrivée en premier, avant même de développer un goût et une potentielle mélomanie. Depuis le milieu de l’adolescence, je lis tous les jours. Il y avait beaucoup plus de livres que de disques à la maison quand j’étais plus jeune. Essentiellement grâce à ma mère», raconte celui qui a mené des études en littérature.

Il se décrit plutôt «marathonien» de la lecture. Dans le sens de… «Je suis d’une lenteur terrible quand je lis et j’écris comme je lis»!

Réjean Ducharme a donc occupé une place importante dans la vie de lecteur de Patrice Michaud. Tout comme bien d’autres écrivains et surtout des poètes. «La poésie est arrivée sur le tard, mais définitivement, ça a servi de nourriture pour la suite», souligne-t-il.

Parmi ses influences marquantes, il cite les Patrice Desbiens, Gilbert Langevin, Simon Boulerice, Paul Éluard… «et je reviens toujours à mon René Char».

Il incarne par l’exemple que lire aide à mieux écrire. «On travaille à partir des autres. On est de grands recycleurs. On crée de l’inusité, on n’invente rien, on essaie de faire du nouveau avec du recyclage», observe le chanteur et conteur qui n’écarte pas la possibilité de publier un jour ses propres récits.

S’il en vient un jour à coller son nom sur un bouquin, il ne faut toutefois pas s’attendre à un roman-fleuve. «Je suis un gars de forme brève! Je ne suis pas assez structuré, ce qui m’intéresse c’est la petite cellule», précise celui qui s’est récemment établi à Orford.

À son régime d’encre et de papier, il faut ajouter un buffet d’observations familiales pour compléter le personnage Michaud. «Parmi les meilleurs conteurs que j’ai entendus, il y a des gens de ma famille, des oncles, des amis. Des gens qui ont l’art de la parole», confie-t-il.

Patrice le danseur?

Sur scène pour la nouvelle tournée qui suit l’album Almanach, le public aura droit à une nouvelle forme de bête de scène. Après avoir passé sa première tournée, assis sur sa chaise, puis s’être levé avec sa guitare pour la deuxième tournée, il se risque à quelques pas de danse pour son troisième pèlerinage.

«C’est la suite logique, là je permets à mon corps de faire ce qu’il veut. Ce n’est pas les Grands ballets canadiens, mais il faut l’accepter comme tel», prévient le chanteur qui a confié sa mise en scène au maître du déhanchement Yann Perreau.

On aura l’occasion de voir le résultat ce vendredi soir à Waterloo.

Patrice Michaud, Almanach, vendredi 3 mars à 20h, à la Maison de la culture de Waterloo.

Ugo