Susie Arioli «wants to kick ass»!

MUSIQUE. Le jazz a servi de mouvement d’émancipation à la communauté afro-américaine, mais au fil du temps son militantisme social a pâli. Susie Arioli semble déterminée à reprendre le flambeau et à botter quelques derrières en chemin.

La fusillade de Québec, les manifestations anti-Trump, le terrorisme international… Pas évident de jouer de la musique et de devoir répandre le bonheur dans une époque aussi sombre.

«Y a un temps pour danser et il y a un temps pour se réconforter. Le showbiz paraît un peu dégueulasse dans des moments comme ça, mais on a besoin de musique, croit la jazzwoman. Je ne sais pas si c’est pire qu’avant ou si je suis écoeurée ou si c’est que je ne suis pas politisée… Pour tous ceux qui sont conscients et qui jonglent avec le fantasme d’être heureux et le trauma collectif qu’on vit, c’est difficile».

Sur l’album Spring, lancé en 2015, la chanteuse s’est commise pour la toute première fois à titre d’auteure-compositrice-interprète. Quatre pièces personnelles forment la colonne vertébrale du disque qui compte une douzaine de morceaux.

«J’ai fait des essais dans le passé – même en français! – mais je n’avais pas les bons amis pour m’encourager. Ils me disaient "arrêtes"! Là, j’ai commencé à capter mes mélodies et à croire en elles», confie-t-elle avec fierté.

Une première tentative couronnée d’un Félix du meilleur album jazz… on peut parler d’une réussite.

«J’ai été vraiment flattée parce que ce sont mes tounes. J’ai beaucoup de gratitude pour ça», mentionne celle qui collectionne les statuettes de l’Adisq.

Susie Arioli… engagée?

Son nouveau «muscle d’écriture», comme elle le décrit, lui permet désormais de faire entendre une nouvelle voix. Il lui sert en quelque sorte de soupape pour dénoncer les travers de la société. Des chansons engagées qu’on pourrait entendre bientôt.

«J’ai écrit trois tounes: une antiraciste, une contre la violence et une autre sur l’histoire des toilettes (une loi en Caroline du Nord oblige les transgenres à utiliser les toilettes de leur sexe de naissance)», révèle Susie Arioli.

Cette histoire d’intolérance envers les personnes «trans» l’a d’ailleurs piquée au vif. «Il y avait tellement de sacres dans la chanson que, pour ne pas blesser vos oreilles, j’ai été obligée de la toner down», précise-t-elle.

Un ton enflammé qui contraste fortement avec l’ambiance guilleret de sa tournée actuelle. D’ailleurs, c’est la principale raison pour laquelle elle garde en réserve son nouveau répertoire.

«Là, je tourne Spring et je ne veux pas freak out everybody, mais peut-être quelque part dans l’année, je vais ajouter quelques nouvelles chansons. Cet été, c’est certain.»

Le jazz d’ambiance et de romance pourrait bien en prendre pour son rhume! Susie Arioli semble bien déterminée à brasser la cage «quitte à être une pionnière» dans le milieu.

«La plus grande partie de moi est «kick ass»! Je suis capable aussi de faire de la tendresse, mais ça fait du bien de kicker un peu de bons ass

Susie Arioli présente Spring à la Maison de la culture de Waterloo, ce vendredi 3 février, à 20h.

Ugo