Transformer les jours gris en de plus beaux avec Lily

HISTOIRE. Lily fait partie du quotidien de Vicky Audet depuis au moins 15 ans déjà. Bientôt, le petit personnage s’immiscera aussi dans la vie de plusieurs enfants puisque l’auteure lancera officiellement son premier livre, le 23 novembre, à la librairie Le Repère. C’est après avoir traversé une période sombre que la Granbyenne a choisi de faire une différence chez les «petits loups».

Hospitalisée de jour à Granby à l’automne 2017, Vicky Audet a été pendant une longue période en arrêt de travail en raison d’une dépression et d’un trouble d’anxiété généralisé. Grâce au soutien des infirmières, la cuisinière à domicile a réussi à reprendre le contrôle de sa vie, et aujourd’hui, elle a retrouvé la joie de vivre. «Si elles n’avaient pas été là, je ne sais pas où je serais dans la vie», lance Mme Audet.

Si la santé mentale est de plus en plus discutée, elle n’est pas pour autant plus acceptée, selon la créatrice de Lily. «Malheureusement, tout ce qui est santé mentale, c’est encore assez tabou, explique-t-elle. Les gens disent que c’est accepté, mais non. »

Durant son séjour au Centre hospitalier de Granby, Vicky Audet a appris plusieurs choses, qui estime-t-elle, aurait dues lui être enseignées dès le plus jeune âge. «Quand j’étais là, souvent, je me disais que ce n’était pas aux adultes qu’on devait apprendre ça, c’était aux petits loups. Je ne pouvais pas croire que j’apprenne ça à mon âge.»

La Granbyenne a retrouvé le plaisir de dessiner et d’écrire après avoir pris notamment conscience de la source de son anxiété. «[À l’hôpital], on nous ramène à ce qu’on aimait faire quand on était plus jeune. Je me suis trouvé à redessiner Lily. C’est resté dans ma tête et un moment donné […] je me suis mise à écrire des histoires pour enfants en me disant que je vais essayer d’expliquer ce que, moi, j’aurais aimé savoir.»

C’est donc par plaisir que l’auteure et illustratrice a joint ses histoires à ses illustrations.

«J’ai décidé que je transformais les jours gris de ma vie en beaux et en bons avec Lily, souligne la principale intéressée. Il y a moyen de faire ça aussi. Je ne dis pas que c’est facile […] mais il y a moyen de faire quelque chose avec ça. Si je vais voir directement les enfants, j’ai une chance que Lily rentre dans leur cœur et fasse une différence.»

Le chemin «le plus rocailleux»

L’amie de Lily n’a pas de formation le domaine de la création d’un livre. Elle a toutefois toujours aimé bricoler et dessiner quand elle était plus jeune. Dans son processus de publication, qui a débuté il y a environ un an, elle a reçu l’aide de mentors et de connaissances pour mener à terme son projet.

«Le projet, au début, je ne savais pas trop où ça me mènerait et je me suis mise à m’informer, commente la Granbyenne. Se faire publier dans la vie, c’est compliqué. Dans la littérature jeunesse, c’est encore pire.  À 99,5 % [les éditeurs] ont leurs propres illustrateurs; ils prennent l’histoire et la redessinent.  Moi, ce n’était pas discutable; ça fait trop longtemps que Lily  fait partie de ma vie et que le bonhomme existe. Je ne voulais pas ça.»

Vicky Audet a finalement décidé de se publier elle-même et d’aller à la rencontre des différents libraires pour vendre sa première histoire Lily et les muffins parfaits, qui s’adresse, selon elle, aux quatre à huit ans.

«Ça va peut-être être le chemin le plus compliqué, le plus rocailleux à prendre, mais je vais le faire par moi-même, a-t-elle insisté. Je ne serai pas distribuée par un des quatre grands distributeurs, mais au moins, ma Lily va rester […] avec mon histoire.»

Consciente que son histoire ne sera pas distribuée partout, Vicky Audet souhaite simplement rejoindre les tout-petits pour que Lily puisse faire une différence positive dans leur vie.

«C’est le genre d’histoire qu’on va lire avant le dodo avec son parent, explique Mme Audet. J’espère que les parents vont comprendre le double sens de l’histoire. Tous ceux que je vais toucher, ils ont plus de chance que ça reste et que ça fasse une différence. Et c’est sans prétention. Mon objectif, avec Lily, n’est clairement pas de payer mon loyer à la fin du mois. Il y a peu de chance que ça arrive.»

Précisons qu’une page gofundme a été créée dans le but de permettre à Vicky Audet de couvrir les frais de publication, et de faire l’acquisition d’une tablette graphique et d’un logiciel de dessins.

«Redonner ce que j’ai reçu»

Vicky Audet ne cache pas son enthousiasme de voir son projet prendre finalement forme. Sa première histoire sera imprimée à 500 copies et des livres seront en consignation à la librairie Le Repère.

«Je vais tenter aussi d’aller dans d’autres endroits dans la région pour porter mon livre, note-t-elle. J’ai quand même des portes d’entrée à d’autres endroits à Granby et je vais tenter de faire [la même chose] dans la région de Magog ou de Sherbrooke parce que j’ai des amis là-bas.»

Outre les librairies, les gens pourront aussi se procurer la première histoire de Lily en écrivant directement à Mme Audet via la page Facebook des aventures de Lily.

Au moins une douzaine d’autres histoires sont écrites et cinq sont dessinées à différentes étapes. C’est donc dire que si le succès est grand, Mme Audet aura quelque chose d’autre à offrir à ses lecteurs. Les sujets qu’elle souhaite aborder sont ceux, entre autres, de la persévérance, de l’anxiété et de l’entraide.

Pour chacune de ses histoires vendues, elle remettra 10 % des profits à un organisme ou un groupe de personnes qui œuvrent dans le milieu de la santé mentale.

«C’est comme ma façon de redonner un peu de ce que j’ai reçu à des groupes, fait valoir Mme Audet. J’ai appris que l’anxiété fait partie de ma vie; on apprend à vivre avec elle. Je souhaite que Lily entre chez le plus de petits loups possible. C’est la première fois dans ma vie qu’au lieu d’écouter la petite voix dans ma tête, j’écoute la petite voix dans mon cœur.»