Une 3e demi-finale hétéroclite à Granby (version commentée)

CHRONIQUE. Difficile de faire plus hétéroclite comme soirée. La 3e demi-finale du Festival international de la chanson de Granby a vu défiler un groupe qui se cherche, un chansonnier, une bibitte du mile-end et une bande de gypsies…

La version originale de la critique est disponible dans la section culture du portrail GranbyExpress.com. Culture G vous offre ici la version commentée par Éli-Ève Larivière.

Au final, ce drôle de mélange nous a tout de même fait passer une agréable soirée où il y en avait sans doute pour tous les goûts, mais sans grandes effusions. Difficile de dire si l’un des six participants fera le saut en finale, mais on en doute…

« L’an dernier, on a eu une soirée presqu’exclusivement masculine. Ce soir, c’était la soirée des filles. Le danger quand on a que des filles ou que des garçons, c’est qu’on doit être exceptionnel pour se démarquer du lot sinon l’effet de groupe tend à tous les effacer. Plusieurs candidates avaient des chansons intéressantes, mais jamais trois excellentes pièces. » – Eli

Peu importe, on a tout de même passé un bon moment en ouverture avec Premier Toit. Le quintette montréalais semble fuir les étiquettes comme la peste ou se chercher une identité. Une touche folk candide, une pièce pop rock, une pièce aux accents jazz. On a adoré la simplicité, la naïveté, de Par le drain.

« Parfois, rien n’est plus compliqué que de faire simple. À travers cette complexité peut parfois émerger du drain de toutes petites phrases magnifiques telles que: «Je t’aime, mais pas trop». Clin d’œil: trouves-tu que le guitariste ressemble à Philippe B? 🙂  » – Éli

Le sympathique chansonnier Rain Normand a suivi. Impossible de cacher sa filiation avec Bernard Adamus. On avait même parfois l’impression de retrouver Émile Bilodeau (finaliste 2014). On aime le son country-bluegrass, les chansons efficaces, mais ça demeure trop près de l’original. On le prendrait quand même en road trip où pour animer le feu de camp.

« C’était bien dans l’ensemble. La troisième chanson était nettement meilleure que les précédentes et le son de sa guitare rappelle par moment celui de Jordan Officer. Reste qu’il chante comme il parle, mais ce n’est pas assez assumé. À mi-chemin entre le trash et le langage soutenu, ça devient impertinent. Si tu veux faire de la chanson trash, vas jusqu’au bout de la démarche. » – Eli

Avant l’entracte, la bibitte du Mile-End Lydia Képinski nous a offert un beau moment de divertissement. Elle a mis le public dans la poche de son short avec son humour déjanté et sa folie absurde. L’univers est singulier et délicieux, mais ce ne sera pas évident de faire avaler un répertoire aussi champ gauche au jury.

« Avec son ensemble d’éducation physique, ses bas blancs et ses exercices sur scène qui ne suivent pas le beat des années ’80… on est constamment distrait. Il n’y a aucun fil conducteur entre les trois pièces, mais ça cadre avec le personnage. Un univers tordu, vraiment pas accessible à tout le monde, mais on adore sa folie et son audace. » – Éli

Au retour, Liliane Pellerin (et ses pèlerins) a fait la démonstration que les branches de son arbre généalogique doivent croiser celles de notre Fred national quelque part… Habile conteuse, elle nous a fait voyager jusqu’à la forêt de Baba Yaga. Son avenir dans le conte ne fait aucun doute.

Musicalement, on s’est surpris à entendre la reine du sadcore québécois Émilie Proulx. Les chansons et le timbre sont sombres, mais on se laisse entraîner avec elle jusqu’au fond. Une belle découverte pour la théâtralité. On se croyait invité autour du feu dans un camp de nomades.

"Dès les premières secondes, les lumières s’allument, de vieilles lampes (déterrées de sous-sol en préfini?). Une ambiance s’est installée sur scène. Dans l’éclairage tamisé, elle nous raconte. Plus poète que chanteuse, elle impose l’écoute. On ne peut surtout pas lui reprocher sa marginalité, car, au moins, on la remarque." – Éli

L’Acadienne Émilie Landry sort du moule qui a taillé les Caroline Savoie et Chloé Breault, mais une coche en dessous. Elle souffre inévitablement de la comparaison. Le potentiel est là, mais il reste bien du chemin à faire.

Catherine Dagenais a clos le volet concours de la soirée avec une excellente prestation de jazz académique. Elle fait tout très bien et sait fabriquer des chansons passe-partout, mais Granby veut un peu plus de singularité.

"Bon jazz, voix très juste, une bouille sympathique. Un sans-faute, mais est-ce suffisant? On lui cherche une signature, une originalité pour se démarquer de l’offre de talent au Québec." – Éli

Programme de la 4e demi-finale:

– Raphaël Dénommé (Varennes)

– Matt Boudreau (Petit-Rocher)

– Alexandre Larouche (Alma)

– Georgian Bay (Baie Georgienne) 

– Kyra Shaughnessy (Audet)

– Simon Daniel (Moncton)

Artiste invitée: Caroline Savoie