Une enseignante au Cégep de Granby s’illustre encore au concours littéraire de Radio-Canada

CULTURE. CULTURE. La nuit est un lent poème d’Annie Rousseau, enseignante au Cégep de Granby, a été sélectionnée parmi les 600 textes reçus par le jury de Radio-Canada pour figurer parmi les 20 finalistes du Prix de poésie Radio-Canada 2022.

Même si Annie Rousseau n’est pas arrivée dans le top 5 cette année, il s’agit tout de même d’une belle vitrine pour l’enseignante qui n’en est pas à sa première participation au concours de Radio-Canada. En effet, celle-ci avait déjà terminé parmi les cinq finalistes en 2019 pour le Prix de la nouvelle Radio-Canada 2022. Cette année, c’est dans la catégorie de la poésie que l’autrice a décidé de tenter sa chance. Pour la native de Thetford Mines, la poésie a l’avantage de transmettre les émotions autrement que la nouvelle ou le récit.

«J’ai l’impression que la poésie devient forcément plus intime que la littérature, et comme il faut trouver des images, parfois on dirait qu’on se dévoile davantage, même si ça reste plus abstrait. On va moins s’autocensurer parce que la forme fait qu’on parvient à trafiquer la réalité, si on peut dire ça. Il y’a aussi toute la recherche de forme et la densité des figures de style pour dire les choses autrement sans tomber dans le cliché», a souligné la principale intéressée.

L’enseignante et autrice n’est pas étrangère à cette forme d’art. En effet, alors qu’elle écrit depuis ses -8-9 ans, Annie Rousseau a gagné plusieurs concours de poésie au Cégep et au secondaire, avant d’écrire des chansons pour un groupe de métal originaire de Saint-Césaire, Fléau Noir. Pour l’autrice, il s’agit avant tout d’un moyen de laisser une trace indélébile avec le partage des émotions. «Je trouve ça magnifique qu’avec l’écriture, on arrive à toucher les émotions des gens. Moi, c’est ce qui m’avait marqué comme lectrice de poésie. Même lorsque les auteurs sont décédés depuis des centaines d’années pour certains, leurs émotions trouvent écho plus tard. Il y a cet aspect-là de la poésie, l’idée de partager les émotions au-delà du temps », -a-t-elle expliqué.

Les inspirations d’Annie Rousseau sont nombreuses. Il y a tout d’abord tout l’aspect de l’autrice exploratrice qui ressort des textes de Mme Rousseau, à l’image d’Ella Maillart, Annemarie Schwarzenbach ou encore Alexandra David Néel. Le côté féministe est également bien représenté avec des inspirations provenant ni plus ni moins que de -Marguerite Durand et Annie Ernaux, deux figures féministes historiques et intemporelles. Mais lorsque vient le temps d’écrire concrètement, Annie Rousseau pratique davantage la déambulation, un procédé qui lui permet de mettre en relief les époques et les classes sociales qui témoignent de la vie foisonnante dans la ville.

«L’idée de marcher, décrire la rue et observer les gens a souvent été là. Quand il fallait écrire pour le concours de poésie, je venais de faire une déambulation de plusieurs heures à Montréal avec des connaissances, et on dirait qu’il y a eu tellement de moments marquants qui m’ont interpellé spontanément, c’est ce sujet-là qui eut besoin d’être condensé» a indiqué celle qui enseigne au Cégep de Granby depuis 2008.

Pour la nuit est un lent poème, Annie Rousseau a voulu tout d’abord transmettre cette idée de déambulation, pour donner l’impression de voyage aux lecteurs. «J’ai essayé de faire plusieurs choses en simultanée. J’ai voulu générer un état, une impression, l’idée d’être dans la rue à Montréal avec les odeurs, le visuel et toutes les oppositions qui cohabitent dans la rue. C’est aussi l’idée de solitude, de deuil amoureux et de rupture qui cohabitent dans tout cet amalgame. J’espère qu’il y a des gens qui vont être touchés, selon ce que les gens peuvent vivre, il y a peut-être des mots qui vont resonner davantage pour eux», a-t-elle conclu.